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DE L'ARSENI C.

DAN'S ANS l'ordre des minéraux, c'est ici que finiffent les fubftances métalliques, & que commencent les matières falines; la Nature nous présente d'abord deux métaux, l'or & l'argent, qu'on a nommés parfaits, parce que leurs fubftances font pures, ou toutes deux alliées l'une avec l'autre, & que toutes deux font également fixes, également inaltérables, indestructibles par l'action des élémens; enfuite elle nous offre quatre autres métaux, le cuivre, le fer, l'étain & le plomb, qu'on a eu raison de regarder comme métaux imparfaits, parce que leur substance ne résiste pas à l'action des élémens, qu'elle se brûle par le feu, & qu'elle s'altère & même se décompose par l'impression des acides & de l'eau; après ces six métaux, tous plus ou moins durs & folides, on trouve tout-à-coup une matière fluide, le mercure qui, par fa denfité & par quelques autres qualités, paroît s'approcher de la nature des métaux parfaits, tandis que par fa volatilité & par fa liquidité il se rapproche encore plus de la nature de l'eau: enfuite se préfentent trois matières métalliques, auxquelles on a donné le nom de demi-métaux, parce qu'à l'exception de la ductilité ils reffemblent aux métaux imparfaits; ces demi-métaux font l'antimoine, le bismuth & le zinc, auxquels on a voulu joindre le cobalt, le nickel & la manganèse; & de même Minéraux, Tome III. Ddd

que dans les métaux, il y a des différences très-marquées entre les parfaits & les imparfaits, il se trouve auffi des différences très-fenfibles entre les demi-métaux; ce nom, ou plutôt cette dénomination, convient affez à ceux qui, comme l'antimoine, le bismuth & le zinc, ne font point mixtes ou peuvent être rendus purs par notre art; mais il me femble que ceux qui, comme le cobalt, le nickel & la manganèfe, ne font jamais purs, & font toujours mêlés de fer ou d'autres fubftances différentes de la leur propre, ne doivent pas être mis au nombre des demi-métaux, fi l'on veut que l'ordre des dénominations fuive celui des qualités réelles; car en appelant demi-métaux les matières qui ne font que d'une seule substance, on doit impofer un autre nom à celles qui font mêlées de plusieurs substances.

Dans cette fuite de métaux, demi-métaux & autres matières métalliques, on ne voit que les degrés fucceffifs que la Nature met dans toutes les claffes de fes productions; mais l'arfenic qui paroît être la dernière nuance de cette claffe des matières métalliques, forme en même temps un degré, une ligne de féparation qui remplit le grand intervalle entre les fubftances métalliques & les matières falines. Et de même qu'après les métaux, on trouve la platine qui n'eft point un métal pur, & qui par son magnétisme conftant paroît être un alliage de fer, & d'une matière auffi pefante que l'or, on trouve auffi après les demi-métaux, le cobalt, le nickel & la manganèse

qui, étant toujours attirables à l'aimant, font par conféquent alliés de fer uni à leur propre substance; l'on doit donc en rigueur les féparer tous trois des demimétaux, comme on doit de même séparer la platine des métaux, puisque ce ne font pas des fubftances pures, mais mixtes & toutes alliées de fer, quoiqu'elles donnent leur régule fans aucun mélange que celui des parties métalliques qu'elles recèlent ; & quoique l'arfenic donne de même fon régule, on doit encore le féparer de ces trois dernières matières, parce que son essence est autant faline que métallique.

En effet, l'arfenic qui, dans le fein de la terre, fe présente en maffes pefantes & dures comme les autres fubftances métalliques, offre en même temps toutes les propriétés des matières falines; comme les fels, il fe diffout dans l'eau; mêlé comme les falins avec les matières terreufes, il en facilite la vitrification; il s'unit par le moyen du feu avec les autres fels qui ne s'uniffent pas plus que lui avec les métaux; comme les fels, il décrépite & fe volatilise au feu, & jette de même des étincelles dans l'obfcurité; il fufe auffi comme les fels, & coule en liquide épais fans brillant métallique; il a donc toutes les propriétés des fels; mais d'autre part fon régule a les propriétés des matières métalliques.

L'arfenic, dans fon état naturel, peut donc être considéré comme un fel métallique; & comme ce fel, par fes qualités, diffère des acides & des alkalis, il D d d ij

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me femble qu'on doit compter trois fels fimples dans la Nature, l'acide, l'alkali & l'arfenic, qui répondent aux trois idées que nous nous fommes formées de leurs effets, & qu'on peut défigner par les dénominations de fel acide, fel cauftique & fel corrofif; & il me paroît encore que ce dernier fel, l'arsenic, a tout autant & peut-être plus d'influence que les deux autres fur les matières que la Nature travaille. L'examen que nous allons faire des autres propriétés de ce minéral métallique & falin, loin de faire tomber cette idée, la juftifiera pleinement, & même la confirmera dans toute fon étendue.

On ne doit donc pas regarder l'arfenic naturel, comme un métal ou demi-métal, quoiqu'on le trouve communément dans les mines métalliques, puifqu'il n'y existe qu'accidentellement & indépendamment des métaux ou demi-métaux avec lefquels il eft mêlé: on ne doit pas regarder de même, comme une chaux purement métallique, l'arfenic blanc qui fe fublime dans la fonte de différens minéraux, puifqu'il n'a pas les propriétés de ces chaux, & qu'il en offre de contraires; car cet arfenic qui s'eft volatilifé, refte conftamment volatil, au lieu que les chaux des métaux & des demi-métaux, font toutes conftamment fixes; de plus cette chaux, ou plutôt cette fleur d'arfenic, eft foluble dans tous les acides, & même dans l'eau pure comme les fels, tandis qu'aucune chaux métallique ne fe diffout dans l'eau, & n'eft

même guère attaquée par les acides. Get arfenic, comme les fels, se diffout & fe cristallife au moyen de l'ébullition en criftaux jaunes & transparens; il répand lorfqu'on le chauffe, une très-forte odeur d'ail; mis fur la langue fa faveur eft très-âcre, il y fait une corrofion, & pris intérieurement, il donne la mort en corrodant l'estomac & les inteftins. Toutes les chaux métalliques, au contraire, font prefque fans odeur & fans faveur; cet arsenic blanc n'eft donc pas une vraie chaux métallique, mais plutôt un fel particulier plus actif, plus âcre & plus corrofif que l'acide & l'alkali: enfin cet arfenic eft toujours très-fufible, au lieu que les chaux métalliques font toutes plus difficiles à fondre que le métal même ; elles ne contractent aucune union avec les matières terreuses, & l'arsenic, au contraire, s'y réunit au point de foutenir avec elles le feu de la vitrification, il entre, comme les autres fels, dans la compofition des verres ; il leur donne une blancheur qui fe ternit bientôt à l'air, parce que l'humidité agit fur lui comme fur les autres fels. Toutes les chaux métalliques donnent au verre de la couleur ; l'arfenic ne leur en donne aucune, & reffemble encore par cet effet aux falins qu'on mêle avec le verre. Ces feuls faits font, ce me femble, plus que fuffifans pour démontrer que cet arfenic blanc n'est point une chaux métallique ni demi-métallique, mais un vrai fel, dont la substance active eft d'une nature particulière & différente de celle de l'acide & de l'alkali.

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