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nés d'entendre que l'usage des faux chevex remonte à un temps aussi reculé, et que chez les peuples civilisés de l'Europe et de l'Asie on ait depuis plus de 2,000 ans connu les perruques et les tours de cheveux. Ils seront peut-être plus étonnés encore d'apprendre que du temps d'Auguste, dans le siècle qui a vu fleurir Virgile et Horace, les Romains ont eu l'opinion que par, la constellation qui avoit présidé à leur naissance, certaines personnes étoient destinées à porter perruque. Le poëte MANILIUS, qui a vécu à cette époque, dit expressément dans son As tronomicon (2), que ceux que le destin fait naître dans le signe du Taureau, et sous l'influence des Pléiades, sont condamnés par cette constellation à mener une vie peu régulière, à faire friser leurs cheveux, et même à en emprunter de faux (3), Selon ce poëte, ces élégans bien frisés ont même dès le moment de leur naissance un penchant irrésistible de faire connoître leur amour et de divulguer les faveurs qu'ils ont obtenues des femmes (4); ce qui doit engager celles-ci à se tenir en garde contre les amans nés sous l'influence des Pléiades. Cette opinion pourroit même être bien plus ancienne que le siècle d'Auguste, dans lequel Manilius a vécu, car il est constant que ce poëte a inséré dans son poëme astrologique beaucoup de morceaux de poëtes grecs qui ont écrit long-temps avant lui (5). Cette opinion s'est du moins conservée pendant plusieurs siècles; car le mathématicien, ou plutôt l'astrologue JuLIUS FIRMICUS (6), qui a vécu au 4. siècle, la

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répète presqu'avec les mêmes paroles employées par Manilius.

On est étonné de ne trouver aucune dissertation sur les perruques, les cheveux postiches et la coiffure, dans les volumineuses collections connues sous le nom de Trésor d'antiquités, publiées par GRAEVIUS, GRONOVIUS, SALLENGRE et POLENUS; c'est en vain qu'on y cherche le Commentarius de Coma par Hadr. JUNIUS (7), et l'Epistola ad A. Colvium de capillo virorum, et mulierum coma, par Salmasius (8) ou SAUMAISE; ce dernier ouvrage contient beaucoup de bonnes observations et de passages des anciens sur la manière dont les Grecs et les Romains se coiffoient, arrangeoient et coupoient leurs cheveux; il donne aussi des détails intéressans sur l'origine de la tonsure des prêtres de l'église catholique, mais il ne parle presque point des cheveux postiches en usage chez les Grecs, les Romains et d'autres peuples de l'antiquité; il en parle davantage dans ses notes sur le traité de TERTULLIEN, de Pallio (9). Junius n'avoit aussi dit que quelques mots des cheveux postiches. Cela tient sans doute à ce qu'alors' on en faisoit peu usage. On ne vit paroître des traités sur les perruques, qu'à l'époque où leur usage commença à être très commun, et où elles devinrent même l'objet de beaucoup de disputes, et un sujet de scrupule pour les consciences timorées.

Conrad Tiburtius RANGO, recteur d'un des gymn nases de Berlin, fut le premier qui, en 1663, pu

blia sur les perruques un petit traité devenu aujourd'hui assez rare (10). Il est le premier qui a recueilli plusieurs passages des anciens et de leurs commentateurs sur cette matière. Son ouvrage a souvent été copié par ceux qui, après lui, ont traité le même sujet. Selon l'usage des écrivains de son siècle, Rango divague et parle d'une infinité d'objets accessoires; cependant il ne condamne pas les perruques, qui alors, comme une innovation des usages reçus, trouvèrent beaucoup d'antagonistes, surtout parmi le clergé il fait, à ce sujet, des plaisanteries un peu fortes pour un recteur de gymnase, ainsi qu'on peut le voir à la note (11).

La modération de Rango n'est pas un petit mérite aux yeux de ceux qui connoissent l'esprit de polémique qui régnoit alors. Comme l'usage des perruques devint de jour en jour plus commun dans toutes les classes de la société, cette inno. vation excita dans les pays protestans de l'Allemagne, non-seulement l'attention générale, mais fit naître beaucoup d'observations de la part des Ecclésiastiques, et des scrupules dans l'esprit des Laïcs. Vers 1673, et pendant les années suivantes, cette dispute devint assez vive, et comme c'étoit alors la mode de ne traiter aucune question sans citer un grand nombre de passages d'auteurs anciens, tous ceux qui ont publié à cette époque quelqu'écrit sur la chevelure naturelle ou postiche n'ont pas manqué de suivre cet usage, quoique la dissertation de Rango leur fournît presque toujours les principaux matériaux.

Valentin ERFURTH publia en 1673, à Léipsiek, une dissertation de Capillamentis, von Barücken, qui n'est qu'une mauvaise compilation. Samuel SCHELWIG donna en 1683 une dissertation sur ce sujet (12), et on lui a fait l'honneur de la réimprimer en 1701. Elle commence avec beaucoup d'emphase par ces mots : Semper aliquid novi dies! Pour ce qui regarde les temps anciens, il a surtout profité de l'ouvrage de Rango; mais il donne plus de détails sur les perruques dans les temps modernes.

L'année suivante, 1684, Samuel WERNER professeur de théologie à Koenigsberg et prédicateur de la Cour, publia un écrit (13) sur le même sujet. Il remonte bien loin, et traite avec beaucoup de détails des têtes chauves; il examine s'il est honteux ou mal-sain d'avoir la tête chauve, si c'est un signe de prudence ou de sagesse, etc. Cet ouvrage contient plus d'érudition que celui de SCHELWIG, et l'auteur y rapporte plusieurs passages des anciens et des Pères de l'église, qui avoient échappé à ses prédéces seurs. Schelwig, connu d'ailleurs par la rigidité de ses opinions, n'avoit pas condamné les per'ruques, quoiqu'il ne s'en servît point; mais Werner ne fut pas aussi tolérant; il regarde l'emploi des perruques comme un grand péché, et il s'efforce, cependant sans véhémence, d'établir son opinion sur toutes sortes de preuves. Il est assez plaisant aujourd'hui d'observer avec quelle scrupuleuse impartialité il cherche à ôter toute espèce d'excuse aux personnes qui portent per

ruque.

On ne trouve pas autant d'érudition classique, mais il y a plus de connoissance des auteurs ecclésiastiques et canoniques, plus de zèle à con- . damner tout ce qui, même de loin, ressemble à des perruques et à des cheveux frisés, dans l'ouvrage de J. B. THIERS, docteur en théologie et curé de Champrond (14), qui est intitulé: Histoire des perruques, où l'on fait voir leur origine, leur usage, leur forme, leur abus et l'irrégularité de celles des ecclésiastiques. Paris, 1690. Il en a paru plusieurs éditions; la dernière est celle d'Avignon, 1777, in-12. Thiers publia son livre dans l'intention de condamner l'usage des ecclésiastiques de porter des perruques. Il a profité de l'ouvrage de Rango pour ce qui regarde l'usage des cheveux postiches chez les Grecs et les Romains; mais il rapporte beaucoup de décrets de conciles et dé synodes, inconnus jusqu'alors, et des décisions contraires aux perruques données par des membres distingués du clergé catholique. L'ouvrage de Thiers est très - recherché par ceux qui, par dévotion, sont ennemis des Perruques.

Jean-Baptiste PACCICHELLI publia, trois années après Thiers, un ouvrage devenu fort rare, sur les larves, les perruques et les gants (15). Il n'a connu celui de Rango que par la citation de Thiers, et il se plaint de ne l'avoir point trouvé dans les meilleures bibliothéques de Naples (16). Il a également recueilli sans choix une grande quantité de passages, de sentences, etc., ansiennes et modernes sur les perruques. Cet au

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