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jourd'hui n'ofe les compter. Dieu même nous avoit dit autrefois que nul homme n'en fçauroit jamais le nombre mais l'invention des Telescopes nous force bien maintenant à reconnoître que les Catalogues que nous en avons font fort imparfaits. Ils ne contiennent que celles qu'on découvre fans lunettes & c'eft affurément le plus petit nombre. Je croi mêmes qu'il y en a beaucoup plus qu'on ne découvrira jamais, qu'il n'y en a de vifibles par les meilleurs Telescopes : & cependant il y a bien de l'apparence qu'une fort grande partie de ces étoiles ne le cede point ni en grandeur, ni en majefté à ce vafte corps qui nous paroît icibas le plus lumineux & le plus beau, Que Dieu eft donc grand dans les Cieux qu'il eft élevé dans leur profondeur! qu'il eft magnifique dans leur éclat! qu'il eft fage, qu'il eft puiffant dans leurs mouvemens reglez !

II. Mais, Arifte, quittons le grand. Nôtre imagination fe perd dans ces efpaces immenfes, que nous n'oferions limiter, & & que nous craignons de laiffer fans bornes. Combien d'ouvrages admirables fur la terre que nous habitons,

fur ce point imperceptible à ceux qui ne mefurent que les corps celeftes ! Mais cette terre que Meffieurs les Aftronomes comptent pour rien, eft encore trop vafte pour moi. Je me renferme dans votre Parc. Que d'animaux, que d'oifeaux, que d'infectes, que de plantes, que de fleurs & que de fruits!

L'autre jour que j'étois couché à l'ombre, je m'avifai de remarquer la varieté des herbes & des petits animaux que je trouvai fous mes yeux. Je comptai, fans changer de place, plus de vingt fortes d'infectes dans un fort petit efpace, & pour le moins autant de diverfes plantes. Je pris un de ces infectes,

dont je ne fçai point le nom & peut

,

être n'en a-t'il point: car les hommes, qui donnent divers noms, & fouvent de trop magnifiques, à tout ce qui fort de leurs mains, ne croyent pas feulement devoir nommer les ouvrages du Créateur qu'ils ne fçavent point admirer. Je pris, dis-je, un de ces infectes. Je le confiderai attentivement; & je ne crains point de vous dire de lui ce que Jefus-Chrift affure des lys champêtres, que Salomon dans toute fa gloire n'avoit point de fi magnifiques ornemens,

Aprés que j'eus admiré quelque temps cette petite créature fi injustement mẻprifée, & mêmes fi indignement & fi cruellement traitée par les autres animaux, à qui apparemment elle fert de pâture; je me mis à lire un Livre que j'avois fur moi, & j'y trouvai une cho fe fort étonnante: c'eft qu'il y a dans le monde un nombre infini d'infectes pour le moins un million de fois plus petits de Mr. que celui que je venois de confiderer, Leeuvo dix mille fois plus petits qu'un grain de Mr. fable.

Lettre

enhoech

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VVren.

Sçavez-vous bien, Arifte, quelle eft la toife ou la mesure dont fe fervent ceux qui veulent exprimer la petiteffe de ćes atomes vivans, ou fi vous voulez, leur grandeur: car quoi qu'ils foient petits par rapport à nous, ils ne laiffent pas d'être fort grands par rapport à d'autres? C'eft le diametre de l'œil de ces petits animaux domestiques, qui ont tant mordu les hommes, qu'ils les ont forcez de les honorer d'un nom. C'eft par cette toife, mais reduite en pieds & en pouces, car entiere elle eft trop grande: c'eft, dis-je, par les parties de cette nouvelle toife que ces obfervateurs des curiofitez de la nature mefurent les infe

tes qui fe trouvent dans les liqueurs, & qu'ils prouvent par les principes de la Geometrie, que l'on en découvre une infinité qui font mille fois pour le moins plus petits que l'oeil d'un poux ordinaire. Que cette mefure ne vous choque point: c'eft une des plus exactes & des plus communes. Ce petit animal s'eft affez fait connoître, & l'on en peut trouver en toute faifon. Ces Philofophes font bien-aifes qu'on puiffe verifier en tout temps les faits qu'ils avancent, & qu'on juge feurement de la multitude & de la delicateffe des ouvrages admitables de l'Auteur de l'Univers.

&

ARISTE. Cela me furprend un peu. Mais, je vous prie, Theodore; ces animaux imperceptibles à nos yeux, qui paroiffent à peu prés comme des atomes avec de bons microfcopes, fontce là les plus petits? N'y en auroit-il point encore beaucoup d'autres qui échaperont éternellement à l'industrie des hommes ? Peut-être que les plus petits qu'on ait encore jamais vûs, font aux autres qu'on ne verra jamais, ce que l'élephant eft au moucheron. Qu'en penfez-vous ?

THEODORE. Nous nous per

dons, Arifte, dans le petit auffi-bien que dans le grand. Il n'y a perfonne qui puiffe dire qu'il a découvert enfin le plus petit des animaux. Autrefois c'étoit le ciron mais aujourd'hui ce petit ciron eft devenu monftrueux pour fa grandeur. Plus on perfectionne les microfcopes, plus on fe perfuade que la petirefle de la matiere ne borne point la fageffe du Createur ; & qu'il forme du neant même, pour ainfi dire, d'un atôme qui ne tombe poin: fous nos fens, des ouvrages qui paffen: l'imagination, & mêmes qui vont bien au delà des plus vaftes intelligences. Je vas vous le faire comprendre.

III. Quand on eft bien convaincut, Arifte, que cette varieté & cette fucceffion de beautez qui orne l'Univers, n'eft qu'une fuite des loix generales des communications des mouvemens, qui peu vent toutes fe réduire à cette loi fi fim

ple & fi naturelle, que les corps mûs ou preffez fe meuvent toûjours du côté qu'ils font moins pouffez; & qu'ils feroient mûs avec des viteffes reciproquement proportionnelles à leurs maffes, fi le reffort n'y changeoit rien. Quand, dis-je, on eft bien perfuadé que toutes

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