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avancé ce paradoxe. L'imagination eft contente auffi-bien que la raifon, lors que l'on compare la magnificence du Roi Salomon à la gloire de Jefus-Chrift reffufcité. Mais elle n'eft pas trop fatisfaite, lors qu'on cherche dans la beauté des lys une figure du Sauveur. Cependant la magnificence de Salomon n'étoit que l'ouvrage de la main des hommes: mais c'eft Dieu qui a donné aux fleurs tous leurs ornemens.

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ARISTE. Vous croyez donc, Theodore , que Dieu a figuré Jefus-Chrift dans les plantes auffi-bien que dans les infectes ?

THEODORE. Je croi, Arifte, que Dieu a tout rapporté à Jesus-Christ en mille manieres differentes ; & que non feulement les créatures expriment les perfections divines, mais qu'elles font auffi autant que cela fe peut des emblêmes de fon Fils bien-aimé. Le grain qu'on feme doit, pour ainfi dire, mourir pour reffufciter & donner fon fruit. Je trouve que c'eft une figure naturelle de Jefus-Chrift, qui eft mort pour reffufciter glorieux: Nifi granum frumenti Ioan. 12. cadens in terram mortuum fuerit, ipfum manet tem mortuum fuerit,

I ij

24.

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“.6.

Entre

multum fructum affert.
THEOTIME. On peut fe fervir de
tout ce qu'on veut pour
faire des com-
paraifons. Mais il ne s'enfuit pas de là,
que Dieu ait voulu figurer Jefus-Chrift
par toutes les chofes qui ont avec lui
certains rapports arbitraires.

THEODORE. Si je ne fçavois, ien IX. Theotime, que le principal des deffeins de Dieu c'eft Jefus-Christ & fon Eglife; que rien ne plaît à Dieu que par JefusChrift; que c'eft en Jefus-Chrift & par Jefus-Chrift que l'Univers fubfifte, parce qu'il n'y a que lui qui le fanctifie, qui le tire de fon état prophane, qui le rende divin: je regarderois comme des comparaifons arbitraires & tout-à-fait baffes; ce que je prens pour des figures naturelles. Oiii, Theotime, je croi que Dieu a eu tellement en vue JefusChrift dans la formation de l'Univers, que ce qu'il y a peut-être de plus admirable dans la Providence, c'eft le rapport qu'elle met fans ceffe entre le naturel & le furnaturel, entre ce qui fe paffe dans le monde & ce qui arrive à P'Eglife de Jefus-Christ.

XIV. ARISTE. Affurément, Theotime, que Dieu ait voulu figurer Jefus.

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Chrift par les changemens des infectes, cela faute aux yeux. Un ver eft méprifable & impuiflant: voilà Jefus-Chrift méprife: Ego autem fum vermis, & Pf. 21. non homo, opprobrium hominum & abjectio plebis: le voilà chargé de nos infirmitez & de nos langueurs : Verè Ifai. 53x languores noftros ipfe tulit. Un ver s'enferme dans fon tombeau, & reffufcite quelque temps aprés fans fe corrompre. Jefus-Chrift meurt & reffufcite fans que fon corps ait été fujet à la corruption. Neque caro ejus vidit corruptionem. Aɛt. Le ver reffufcité a un corps, pour ainfi 21. dire, tout fpirituel. Il ne rampe point: il vole. Il ne fe nourrit plus de pourriture: il ne fait que fucer des fleurs. Il n'a plus rien de méprisable: on ne peut pas être plus magnifiquement paré. De même Jefus-Chrift reffufcité eft comble de gloire. Il s'éleve dans les Cieux. Il ne rampe point, pour ainfi dire, dans la Judée de bourgade en bourgade. Il n'eft plus fujet à la laffitude & aux autres infirmitez de fa vie laborieuse. Il gouverne toutes les nations, & il les peut brifer comme un pot I'Ecriture. La fouveraine puiffance lui a été donnée dans le Ciel & fur la Ter

de terre,

dit

Pf. 110

re. Peut-on dire que ce parallele foit arbitraire? Affurément il eft naturel.

THEODORE. Vous oubliez, Arifte, des rapports trop juftes pour être negligez.

ARISTE. Qui font-ils ?

THEODOR E. Ces vers avant leur transformation croiffent toûjours. Mais les mouches, les papillons, & generalement tout ce qui vole aprés avoir été ver, tout ce qui a été transformé demeure toûjours dans le même état.

ARISTE. C'est que fur la terre on peut meriter fans ceffe, & que dans le Ciel on demeure tel qu'on eft. THEODORE. J'ai remarqué que les infectes n'engendrent point qu'ils ne foient reffufcitez, & pour ainfi dire, glorificz.

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&

ARISTE. Vous avez raifon. C'est que Jefus-Chrift n'a envoyé le Saint Efprit à fon Eglife, il ne la renduë feconde, qu'aprés fa Resurrection qu'il eft entré en poffeffion de fa gloire. Nondum erat fpiritus datus, dit Saint * Jean, quia Fefus nondum erat glorificatus & Jefus-Chrift lui-même: Ioan. 16. Expedit vobis ut ego vadam. Si enim non abiero, paraclitus non veniet ad.

* Ch. 7.

39.

7.

vos. Si autem abiero, mittam eum ad vos. Je ne m'étonne plus que Dieu ait fait un fi grand nombre d'infectes. THEODORE. Si Dieu fe plaît, Theotime, dans fon ouvrage, c'eft qu'il y voit par tout fon Fils bien-aimé. Car nous-mêmes, nous ne fommes agreables à Dieu, qu'autant que nous fommes des expreffions de Jefus-Chrift. La matiere, par les modalitez dont elle eft capable, ne peut pas exprimer exactement les difpofitions interieures de l'ame fainte de Jefus, fa charité, fon humilité, fa patience. Mais elle peut fort bien imiter les divers états où fon corps adorable s'eft trouvé. Et je penfe que l'arrangement de la matiere, qui figure JefusChrift & fon Eglife, honore davantage l'amour du Pere pour le Fils, que tout autre arrangement n'honore fa fageffe & fes autres attributs.

ARISTE. Peut-être mêmes que c'est dans les difpofitions de la matiere propres à figurer Jefus-Chrift, qu'il y a le plus d'art & d'intelligence. Car qu'un animal vivant fe faffe un tombeau & s'y renferme pour en reffufciter glorieux, peut-on concevoir une mécanique plus admirable que celle par laquelle ces

I iiij.

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