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beau, ou que le foleil se leve, il répand la lumiere de tous côtez, ou ou plûtôt il preffe de tous côtez la matiere qui l'environne. Les furfaces des corps étant diverfement difpofées, elles refléchiffent diversement la lumiere, ou plûtôt elles modifient diversement la preffion que caufe le foleil. (Imaginez cela comme il vous plaira, il n'importe maintenant. Je croi pour moi que ces modifications de preffion ne confiftent que dans des vibrations, ou des fecouffes que reçoit la matiere fubtile par celle qui la frife en gliffant inceffamment fur la furface des corps entr'elle & ces mêmes corps.) Toutes ces vibrations ou modifications de preffion alternativement plus & moins promtes, s'étendent, ou fe communiquent en rond de tous côtez, & en un inftant, à caufe que tout eft plein. Ainfi dés qu'on a les yeux ouverts, tous les rayons de lumiere refléchis de la furface des corps, & qui entrent par la prunelle, fe rompent dans les humeurs de l'oeil pour fe réunir fur le nerf optique. C'eft une chofe admirable. que la mécanique de l'œil confiderée rapport à l'action de la lumiere: mais Ce n'eft pas à cela que nous devons nous arrêter,

par

arrêter. Ceux qui veulent étudier cette matiere, peuvent confulter la Dioperique de Mr. Defcartes. ) Le nerf optique fe trouve donc ébranlé en plufieurs differentes manieres par les diverfes vibrations de preffion de la matiere qui paffe librement jufques à lui; & l'ébranlement de ce nerf fe communique jufques à cette partie du cerveau à laquelle lame eft étroitement unie. D'où il arrive en confequence des loix de l'union de l'ame & du corps:

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II. I. Que nous fommes avertis de la prefence des objets. Car encore que les corps foient invifibles par eux-mêmes, le fentiment de couleur que nous avons en nous & mêmes malgré nous à leur occafion, nous perfuade que nous les voyons eux-mêmes, à caufe que l'operation de Dieu en nous n'a rien de fenfible. Et comme les couleurs nous touchent legerement, au lieu de les regarder comme des fentimens qui nous appartiennent, nous les attribuons aux objets. Ainfi nous jugeons que les objets exiftent, & qu'ils font blancs & noirs, rouges & bleus, tels en un mot: lcs nous voyons.

que

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2. Quoi que les differences de la lu Tome II..

J

K.

miere refléchie des objes ne confiftent que dans des vibrations de preffion plus ou moins promtes; cependant les fentimens de couleur qui répondent à ces vibrations ou modifications de la lumiere, ont des differences effentielles, afin que par ce moyen nous difcernions. plus facilement les objets les uns des.

autres.

3. Ainfi par les differences fenfibles: des couleurs, qui terminent exactement les parties intelligibles que nous trouvons dans l'idée de l'efpace ou de l'étenduë, nous découvrons d'un coup d'œil une infinité d'objets differens, leur grandeur, leur figure, leur fituation, leur mouvement, ou leur repos : tout cela fort exactement par rapport à la confervation de la vie; mais d'ailleurs fort confufément & fort imparfaitement. Car il faut toûjours fe fouvenir,.que les fens. ne nous font pas donnez pour nous découvrir la verité, ou les rapports exacts que les objets ont entr'eux, mais pour conferver nôtre corps, & tout ce qui peut lui être utile. Comme tout ce que nous voyons, par exemple, n'eft pas. toûjours ou bon ou mauvais pour la fanté; & que fouvent deux objets dif

ferens peuvent refléchir la lumiere de la même façon ( car combien y a-t'il de corps également blancs ou noirs) les fentimens de couleur ne nous touchent ou ne nous ébranlent gueres. Ils nous fervent plûtôt à diftinguer les objets, qu'à nous y unir, ou à nous en feparer. C'eft à ces objets qu'on les rapporte ces fentimens, & non aux yeux, qui reçoivent l'impreffion de la lumiere. Car on rapporte toûjours les fentimens à ce qu'il eft plus à propos pour le bien du corps de les rapporter. On rapporte la douleur de la piqûre, non à l'épine, mais au doigt piqué. On rapporte la chaleur, l'odeur, la faveur, & aux organes & aux objets. Pour la couleur, on ne la rapporte qu'aux objets. Il eft clair que tout cela doit être ainfi pour le bien du corps, & il n'eft pas neceffaire que je vous l'explique.

III. Voilà, Arifte, ce qui paroît de plus fimple & de plus general dans les fenfations des couleurs. Voyons un peu comment tout cela s'execute. Car il me femble qu'il faut une fageffe infinie pour regler ce détail des couleurs de telle maniere que les objets proches ou éloignez foient vûs à peu prés felon leur

grandeur. Quand je dis éloignez, je ne pretens pas qu'ils le foient exceffivement:" car lors que des corps font fi petits, ou fi éloignez, qu'ils ne peuvent plus nous faire ni bien ni mal, ils nous échappent.

ARISTE. Aflurémen, Theodore, il faut une fageffe infinie pour faire à chaque clin d'œil cette diftribution de couleurs fur l'idée que j'ai de l'efpace, de maniere qu'il s'en forme, pour ainfr dire, dans mon ame un monde nouveau, & un monde qui se rapporte affez jufte à celui dans lequel nous fommes. Mais je doute que Dieu foit fr exact dans les fentimens qu'il nous donner car je fçai bien que le foleil ne diminuë pas à proportion qu'il s'éloigne de l'horifon ; & cependant il me paroît plus petit..

THEODORE. Mais du moins vous êtes bien certain que Dieu eft toûjours exact à vous faire voir le foleil d'autant plus petit, qu'il s'éloigne davantage de l'horifon. Cette exactitude, Arifte, fignifie quelque chofe..

ARISTE. Je le croi: mais d'où

vient cela ?

THEODORE. C'eft que Dieu, en

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