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Matth.

28.

PJ. 2.

:

point à la verité par une interceffion mo
rale, femblable à celle d'un homme qui
intercede pour un autre ; mais
par une
interceffion puillante & toujours im-
manquable, en vertu de la loi generale
que Dieu s'eft faite de ne rien refufer à
fon Fils, par une interceffion femblable
à celle des defirs pratiques que nous
formons de remuer le bras, de mar-
cher, de parler. Car tous les defirs des
créatures font impuiffans en eux-mêmes:
ils ne font efficaces que par la puiffance
divine ils n'agiffent point indépen
demment : ce ne font au fonds que
des
pricres. Mais comme Dieu eft immua-
ble dans fa conduite, & qu'il fuit exa-
&tement les loix qu'il a établies, nous
avons la puiffance de remuer le bras, &
le Chef de l'Eglife celle de la fanctifier,
parce que Dieu a établi en nôtre faveur
les loix de l'union de l'ame & du corps;
& qu'il a promis à fon Fils d'exaucer
tous fes defirs, felon ces paroles de Je-
fus-Chrift lui-même, Data eft mihi'
omnis poteftas in cælo & in terra : &
celle que lui dit fon Pere aprés fa refur-
rection: Poftula à me, & dabo tibi gen-

tes hæreditatem tuam.

XVII. ARISTE. Je fuis per

fuadé, Theodore, que les créatures n'ont point d'efficace propre, & que Dieu ne leur communique fa puiffance que par l'établiffement de quelques loix generales. J'ai la puiffance de remuer le bras; mais c'eft en conféquence des loix generales de l'union de l'ame & du corps; & que Dieu étant immuable, il eft conftant dans fes decrets. Dieu a donné à l'Ange conducteur du peuple Juif la puiffance de le punir & de le récompenfer, parce qu'il a voulu que les volontez de cet Ange fuffent fuivies de leurs effets. J'en demeure d'accord. Mais c'eft Dieu lui-même qui ordonnoit à ce Miniftre tout ce qu'il devoit faire. Dieu a donné à Jesus-Chrift une fouveraine puiffance. Mais il lui prefcrit tout ce qu'il doit faire. Ce n'eft pas Dieu qui obéit aux Anges: ce font les Anges qui obéiffent à Dieu. Et Jefus Chrift nous apprend qu'il ne nous a rien dit de lui-même, & que fon Pere lui a marqué tout ce qu'il avoit à nous dire. Jefus-Chrift intercede, mais c'eft pour ceux que fon Pere a prédeftinez. Il difpofe de tout dans la maifon de fon Pere, mais il ne difpofe de rien de fon chef. Ainfi Dieu quitte la generalité de

fa Providence. Car quoi qu'il execute les volontez de Jefus-Chrift & des Anges en conféquence des loix generales, il forme en eux toutes leurs volontez par des infpirations particulieres. Il n'y a point pour cela de loi generale.

THEODOR E. En êtes vous bien *Tout certain, Arifte? Affurément, fi* Dicu cela eft explique ordonne en particulier à l'ame fainte fort au du Sauveur, & aux Anges, de former long das mes Ri- tous les defirs qu'ils ont par rapport à nous, Dieu quitte en cela la generalité principa de fa Providence. Mais, je vous prie, Lement penfez-vous que l'Ange conducteur du Renfe peuple Juif avoit befoin de beaucoup de a ja Dil lumiere pour le gouverner, & que

ponses à

M. A.

fertation

miere

le

dans vrai Salomon ait dû être uni d'une mama tre- niere particuliere à la Sageffe éternelle Lettre pour réüffir dans la conftruction de fon fon 111. grand ouvrage ?

Touchant

Vo'. des

Reflexions.

ARISTE. Oüi certainement. THEODORE. Pourquoi cela ? L'efprit le plus ftupide & le moins éclairé peut réüffir auffi-bien que le plus fage des hommes, lors qu'on lui marque tout ce qu'il doit faire, & la maniere dont il le doit faire, principalement fi tout ce qu'il y a à faire ne confifte qu'à former certains defirs dans

telles & telles circonftances. Or, felon vous, ni l'Ange conducteur du peuple, ni Jesus-Chrift mêmes n'a rien defiré que fon Pere ne lui ait ordonné en détail. Je ne voi donc pas qu'il ait eu befoin pour fon ouvrage d'une fageffe extraordinaire. Mais de plus, dites-moi, je vous prie, en quoi confifte cette fouveraine puiflance que Jefus - Chrift a reçuë.

ARISTE. C'est que tous les defirs

font exaucez.

THEODOR E. Mais, Arifte, fi Jefus-Chrift ne peut rien defirer que par un ordre exprés de fon Pere: fi fes defirs ne font point en fon pouvoir, comment fera-t-il capable de recevoir quelque veritable pouvoir. Vous avez le pouvoir de remuer vôtre bras: mais c'eft qu'il dépend de vous de le remuer, ou de ne pas le remuer. Ceffez d'être le maître de vos volontez, par cela feul vous perdrez tous vos pouvoirs. Eft-ce que cela n'eft pas évident? Prenez donc garde, je vous prie, de ne point offenfer la fageffe du Sauveur, & de ne le point priver de fa puiffance. Ne lui ôtez pas la gloire qu'il doit retirer de la part qu'il a dans la conftruction du Temple

éternel. S'il n'y a point d'autre part que de former des defirs impuiffans commandez par des ordres particuliers, fon ouvrage ne doit pas, ce me femble, lui faire beaucoup d'honneur.

XVIII. ARISTE. Non, Theodore. Mais auffi Dieu en retire davantage.

THEODOR E. Si cela eft, vous avez raifon. Car Dicu doit retirer bien plus de gloire de la magnificence du Temple éternel, que le fage Salomon qui le conftruit. Mais voyons un peu. Comparons enfemble les deux principales manieres de la Providence divine, pour reconnoître celle qui cft la plus digne des attibuts divins. Selon la premiere, Dieu forme d'abord un tel deffein indépendemment des voyes de l'exccuter. Il en choifit l'Architecte. Il le remplit de fageffe & d'intelligence. Outre cela il lui marque en détail tous les defirs qu'il doit former, & toutes les circonftances de ces defirs. Et enfin il execute lui-même fort exactement tous les defirs qu'il a ordonnez que l'on formâ. Voilà l'idée que vous avez de la conduite de Dieu, puis que vous voulez qu'il forme des volontez particulie

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