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les figures ou modalitez de la matiere n'ont point d'autre cause que le mouvement, & que le mouvement se communique felon quelques loix fi naturelles & fi fimples, qu'il femble que la nature n'agifle que par une aveugle impetuofité; on comprend clairement que ce n'eft point la terre qui produit les plantes, & qu'il n'eft pas poffible que l'union des deux fexes forme un ouvrage auffi admirable qu'est le corps d'un animal. On peut bien croire que les loix generales des communications des mouvemens fuffifent pour déveloper & pour faire croître les parties des corps organifez. Mais on ne peut fe perfuader qu'elles puiffent jamais former une machine fi compofée. On voit bien, fi on ne veut avoir recours à une Providence extraordinaire, que c'eft une neceffité de croire que le germe d'une plante contient en petit celle qu'elle engendre, & que l'animal renferme dans Les entrailles celui qui en doit fortir. On comprend mêmes qu'il eft neceffaire que chaque femence contienne toute l'efpece qu'elle peut conferver : que chaque grain de bled, par exemple, contient en petit l'épi qu'il pouffe de

hors, dont chaque grain renferme de nouveau fon épi, dont tous les grains peuvent toûjours être feconds auffi-bien que ceux du premier épi. Affûrément il n'eft pas poffible que les feules loix des mouvemens puiffent ajufter enfemble, & par rapport à certaines fins, un nombre prefque infini de parties organifées, qui font ce qu'on appelle un animal, ou une plante. C'eft beaucoup que ces loix fimples & generales foient fuffifantes pour faire croître infenfiblement, & faire paroître dans leur temps tous ces ouvrages admirables que Dieu a tous formez dans les premiers jours de la creation du monde. Ce n'eft pas neanmoins que le petit animal, ou le germe de la plante ait entre toutes les parties précisément la même proportion de grandeur, de folidité, de figure, que les animaux & les plantes. Mais c'eft que toutes les parties effentielles à la machine des animaux & des plantes font fi fagement difpofées dans leurs germes, qu'elles doivent avec le temps, & en confequence des loix generales du mouvement, prendre la figure & la forme que nous y remarquons. Cela fuppofé: VI, Concevez, Arifte, qu'une mous

che a autant, & peut-être plus de parties organifées, qu'un cheval ou qu'un bœuf. Un cheval n'a que quatre pieds, & une mouche en a fix: mais de plus elle a des aifles dont la structure eft admirable. Vous fçavez comment eft faite la tefte d'un boeuf. Regardez donc quelque jour celle d'une mouche dans le microscope, & comparez l'une avec l'autre : vous verrez bien que je ne vous impofe point. Concevez de plus qu'une vache ne fait qu'un ou deux veaux tous les ans, & qu'une mouche fait un effain qui contient plus de mille mouches; car plus les animaux font petits, plus ils font feconds. Et vous fçavez peutêtre qu'aujourd'hui les abeilles n'ont plus de Roi qu'ils honorent, mais feulement une Reine qu'ils careffent, & qui feule produit tout un peuple. Tâ- Selon Ma chez donc maintenant de vous imaginer Svram la petiteffe effroyable, la délicateffe ad- une amirable de toutes les abeilles, de mille beille en produis corps organifez que la mere abeille porte environ dans fes entrailles. Et quoi que vôtre 4°°°, imagination s'en effraye, ne penfez pas que la mouche fe forme du ver, fans y être contenue, ni le ver de l'œuf, car cela ne fe conçoit pas,

merdam

4000

Hiftoire

&cs.

ARISTE. Comme la matiere eft divisible à l'infini, je comprens fort bien que Dieu a pû faire en petit tout ce que Svvam. nous voyons en grand. J'ai oui dire merdam. qu'un fçavant Hollandois avoit trouvé des Infe- le fecret de faire voir dans les coques des chenilles les papillons qui en fortent. J'ai vû fouvent, au milieu même de l'hyver, dans les oignons des tulippes, les tulippes entieres avec toutes les parties qu'elles ont au printemps. Ainfi je veux bien fuppofer que toutes les graines contiennent une plante, & tous les œufs un aniinal femblable à celui dont ils font fortis.

V. THEODORE. Vous n'y êtes pas encore. Il y a environ six mille ans que le monde eft monde, & que les abeilles jettent des effains. Suppofons donc que ces effains foient de mille mouches: la premiere abeille devoit être du moins mille fois plus grande que la feconde, & la feconde mille fois plus grande que la troifiéme, & la troifié me que la quatrième, toûjours en diminuant jufqu'à la fix-milliéme, felon la progreffion de mille à un. Cela est clair felon la fuppofition, par cette raifon que ce qui contient eft plus grand

que

que ce qui eft contenu. Comprenez donc, fi vous le pouvez, la delicateffe admirable qu'avoient dans la premiere mouche toutes celles de l'année 1696,

ARISTE. Cela eft bien facile. If n'y a qu'à chercher la jufte valeur du dernier terme d'une progreffion fousmillecuple qui auroit fix mille termes, & dont le premier exprimeroit la grandeur naturelle de la mouche à miel ............ Les abeilles de cette année étoient au commencement du monde plus petites qu 'elles ne font aujourd'hui, mille fois, mille fois, mille fois, dites encore, Theodore, cinq mille neuf cens qua tre-vingt dix-fept fois mille fois. Voila leur jufte grandeur felon vos fuppofi

tions.

THEODORE. Je vous entens, Arifte. Pour exprimer le rapport de la grandeur naturelle de l'abeille à celle qu'avoient au commencement du monde les abeilles de cette année 1696. fuppofé qu'il y ait fix mille ans qu'elles foient creées, il n'y a qu'à écrire une fractionqui ait pour numerateur auffi l'unité, & pour dénominateur l'unité, mais ac-compagnée feulement de dix-huit mille zero. Voila une jolie fraction! Mais Tome II,

B

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