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il pas que les Rois meurent auffi bien

que nous ?

THEODOR E. Ces Hiftoriens ont tort: mais vous n'avez pas raifon. Il ne faut pas juger que Dieu a deffein de faire du mal à un Prince ennemi que nous haïffons. Cela eft vrai. Mais on

peut, & on doit croire qu'il a deffein de punir les méchans, & de récompenfer les bons. Ceux qui jugent de Dieu fur l'idée qu'ils ont de la juftice exacte de l'Etre infiniment parfait, en jugent bien ; & ceux qui lui attribuënt des deffeins qui favorisent leurs inclinations déreglees, en jugent tres-mal.

III. ARISTE. Il eft vrai; mais c'est une des fuites des loix naturelles, que tel foit accablé fous les ruïnes de fa maifon; & le plus homme de bien n'en auroit pas échappé.

THEODORE.

Qui en doute?

Mais avez-vous déja oublié que c'est Dieu qui a établi ces loix naturelles. La fauffe idée d'une nature imaginaire vous occupe encore quelque peu l'efprit, & vous empêche de bien prendre le principe que je vous ai expliqué. Prencz donc garde. Puis que c'eft Dieu qui a abli les loix naturelles, il a dû com

que

biner le Phyfic avec le Moral de maniere que les fuites de ces loix foient les meilleures qui puiffent être, je veux dire les plus dignes de fa juftice & de fa bonté, auffi bien que de fes autres attributs. Ainfi on a raifon de dire, que la mort terrible d'un brutal & d'un impic eft un effet de la vengeance divine. Car quoi que cette mort ne foit communément qu'une fuite des loix naturelles Dieu à établies, il ne les a établies que a pour de femblables effets. Mais s'il arrive quelque malheur à un homme de bien dans le temps qu'il va faire une bonne-œuvre, on ne doit pas dire que Dieu l'a voulu punir, parce que Dieu n'a pas établi des loix generales en vûë de femblables effets. On doit dire, ou que Dieu l'a permis ce malheur, à cause c'eft une fuite naturelle de ces loix qu'il a établies pour de meilleurs effers; ou qu'il a eu deffein par là d'éprouver cet homme de bien, & de lui faire meriter fa récompenfe. Car entre les motifs que Dieu a cus de combiner de telle & telle maniere le Phyfic avec le Moral, il faut affurément mettre en compte les grands biens que Dieu a prévû que nous tirerions de nos miferes prefentes

que

il pas que les Rois meurent auffi bien

que nous ?

THEODOR E. Ces Hiftoriens ont tort: mais vous n'avez pas raifon. Il ne faut pas juger que Dieu a deffein de faire du mal à un Prince ennemi que nous haïffons. Cela eft vrai, Mais on

peut, & on doit croire qu'il a deffein de punir les méchans, & de récompenfer les bons. Ceux qui jugent de Dieu fur l'idée qu'ils ont de la juftice exacte de l'Etre infiniment parfait, en jugent bien ; & ceux qui lui attribuënt des deffeins qui favorisent leurs inclinations déreglees, en jugent tres-mal.

III. ARISTE. Il eft vrai: mais c'est une des fuites des loix naturelles, que tel foit accablé fous les ruïnes de fa maifon; & le plus homme de bien n'en auroit pas échappé.

THEODORE,

Qui en doute? Mais avez-vous déja oublié que c'eft Dieu qui a établi ces loix naturelles. La fauffe idée d'une nature imaginaire vous occupe encore quelque peu l'efprit, & vous empêche de bien prendre le principe que je vous ai expliqué. Prencz donc garde. Puis que c'eft Dieu qui ą abli les loix naturelles, il a dû com

a

biner le Phyfic avec le Moral de maniere que les fuites de ces loix foient les meilleures qui puiffent être, je veux dire les plus dignes de fa juftice & de sa bonté, auffi bien que de fes autres attributs. Ainfi on a raifon de dire, que la mort terrible d'un brutal & d'un impic eft un effet de la vengeance divine. Car quoi que cette mort ne foit communé– ment qu'une fuite des loix naturelles que Dieu à établies, il ne les a établies pour de femblables effets. Mais s'il arrive quelque malheur à un homme de bien dans le temps qu'il va faire une bonne-œuvre, on ne doit pas dire que Dieu l'a voulu punir, parce que Dieu n'a pas établi des loix generales en vûë de femblables effets. On doit dire, ou que Dieu l'a permis ce malheur, à caufe c'eft une fuite naturelle de ces loix

que

a

que

qu'il a établies pour de meilleurs effets; ou qu'il a eu deffein par là d'éprouver cet homme de bien, & de lui faire meriter fa récompenfe. Car entre les mo

tifs

que Dieu a eus de combiner de telle & telle maniere le Phyfic avec le Moral, il faut aflurément mettre en compte les grands biens que Dieu a prévû que nous tirerions de nos miferes prefentes

Ainfi les hommes ont raifon d'attri→ buer à la justice de Dieu les maux qui arrivent aux méchans. Mais je croi qu'ils fe trompent en deux manieres. La premiere, c'eft qu'ils ne font de ces jugemens que dans les punitions extraordinaires & qui leur frappent l'efprit. Car fi un fcelerat meurt de la fièvre, ils

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ne jugent pas ordinairement que c'eft une punition de Dieu. Il faut pour cela qu'il meure d'un coup de foudre, ou par la main du bourreau. La feconde, c'est qu'ils s'imaginent que les punitions remarquables font des effets d'une volonté particuliere de Dieu. Autre faux jugement, qui ôtant à la Providence divine fa fimplicité & fa generalité, en efface le caractere de la prefcience infinie & de l'immutabilité. Car affurément il faut infiniment plus de fageffe pour combiner le Phyfic avec le Moral, de maniere que tel fe trouve juftement puni de fes violences en confequence de l'enchaînement des caufes, que de le punir par une Providence particuliere & miraculeufe.

ARISTE. C'est ainfi, Theodore, que je le comprens. Mais ce que vous dires là ne juftifie pas la temerité de

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