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Ceux qui jugent hardiment des deffeins de Dieu dans tout ce qu'ils voyent arri

ver.

IV. THEODORE. Je nie pretens pas auffi qu'ils ayent toûjours raison. Je dis feulement qu'ils ont raifon, quand leurs jugemens font exempts de paffion & d'interêt, & qu'ils font appuyez fur l'idée que nous avons tous de l'Étre infiniment parfait. Encore ne pretens-je pas qu'ils faffent bien de dire trop affirmativement, que Dieu a eu tel ou tel deffein. Par exemple, il me paroît certain qu'un des motifs de l'établiffement des loix generales a été telle affliction de tel homme de bien, fi Dicu a prévû que ce lui feroit un grand fujet de merite. Ainfi Dieu a voulu cette affliction, qui nous paroît à nous autres, qui n'en prévoyons pas les fuites, ne pas s'accorder avec fa bonté. Ceux donc qui décident que Dieu a feulement permis que tel malheur arrivât à tel, font un faux jugement. Mais que voulez-vous, Arifte? Il vaut mieux laiffer aux hommes, prévenus comine ils font de leur nature imaginaire, la liberté de juger trop affirmativement des deffeins de Dieu, que de les critiquer fur la con

tradiction de leurs jugemens touchant des effets qui paroiffent contredire les attributs divins. Qu'importe que les efprits fe contredi fent & s'embaraffent felon leurs fauffes idées, pourvû qu'au fonds on ne fe trompe point dans les chofes effentielles ? Pourvû que les hommes ne donnent point à Dieu des deffeins contraires à fes attributs, & qu'ils ne le faffent point agir pour favorifer leurs paffions, je croi qu'il faut les écouter paisiblement. Au lieu de les embaraffer par des contradictions qui felon leurs principes font inexpliquables, la charité veut qu'on reçoive ce qu'ils difent, pour les affermir dans l'idée qu'ils ont de la Providence, puis qu'ils ne font point en état d'en avoir une meilleure. Car il vaut encore mieux attribuer à Dieu une Providence humaine, que de croire que tout le fait au hazard. Mais de plus ils ont raifon dans le fonds. Tel impie eft mort: on dire hardiment que Dieu a eu def fcin de le punir. On auroit encore plus de raifon de dire que Dieu a voulu empêcher qu'il ne corrompît les autres, parce qu'effectivement Dieu veut toûjours par les loix generales qu'il a éta

peut

blies faire tout le bien qui fe peut. Tel homme de bien eft mort avant l'âge, lors qu'il alloit fecourir un miferable: on ne doit point craindre de juger, quand mêmes il auroit été frappé de la foudre, que Dieu l'a voulu récompenfer. On peut dire de lui ce que l'Ecriture dit d'Hénoch: Raptus eft ne malitia mutaret intellectum ejus, aut ne fictio deciperet animam illius. La mort l'a enlevé, de peur que le fiècle ne lui corrompît l'efprit & le cœur. C'eft que tous ces jugemens font conformes à l'idée que nous avons de la juftice & de la bonté de Dieu, & qu'ils s'accordent affez bien avec les deffeins qu'il a eus, lors qu'il a établi les loix generales qui reglent le cours ordinaire de fa Providence. Ce n'eft pas qu'on ne fe trompe fouvent dans ces jugemens. Car apparemment tel ou tel homme de bien qui eft mort jeune, auroit encore acquis de plus grands merites, & converti bien des pecheurs, s'il eût vêcu plus longtemps dans les circonftances où il fe feroit trouvé en confequence des loix generales de la Nature & de la Grace. Mais ces fortes de jugemens, quoi qu'un peu temeraires ou hardis, n'ont point

tradiction de leurs jugemens touchant des effets qui paroiffent contredire les attributs divins. Qu'importe que les efprits fe contredifent & s'embaraffent felon leurs fauffes idées, pourvû qu'au fonds on ne fe trompe point dans les chofes effentielles ? Pourvû que les hommes ne donnent point à Dieu des deffeins contraires à fes attributs, & qu'ils ne le faffent point agir pour favorifer leurs paffions, je croi qu'il faut les écouter paifiblement. Au lieu de les embaraffer par des contradictions qui felon leurs principes font inexpliquables, la charité veut qu'on reçoive ce qu'ils difent , pour les affermir dans l'idée qu'ils ont de la Providence, puis qu'ils ne font point en état d'en avoir une meilleure. Car il vaut encore mieux attribuer à Dieu une Providence humaine, que de croire que tout fe fait au hazard. Mais de plus ils ont raison dans le fonds. Tel impie eft mort: on peut dire hardiment que Dieu a eu deffcin de le punir. On auroit encore plus de raifon de dire que Dieu a voulu empêcher qu'il ne corrompît les autres, parce qu'effectivement Dicu veut toûjours par les loix generales qu'il a éta

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que

blies faire tout le bien qui fe peut. Tel homme de bien eft mort avant l'âge, lors qu'il alloit fecourir un miferable: on ne doit point craindre de juger, quand mêmes il auroit été frappé de la foudre, que Dieu l'a voulu récompenfer. On peut dire de lui ce que l'Ecriture dit d'Hénoch: Raptus eft ne malitia mutaret intellectum ejus, aut ne fictio deciperet animam illius. La mort l'a enlevé, de peur que le fiécle ne lui corrompît l'efprit & le cœur. C'eft tous ces jugemens font conformes à l'idée que nous avons de la juftice & de la bonté de Dieu, & qu'ils s'accordent affez bien avec les deffeins qu'il a eus, lors qu'il a établi les loix generales qui reglent le cours ordinaire de fa Providence. Ce n'eft pas qu'on ne fe trompe fouvent dans ces jugemens. Car apparemment tel ou tel homme de bien qui eft mort jeune, auroit encore acquis de plus grands merites, & converti bien des pecheurs, s'il eût vêcu plus longtemps dans les circonftances où il fe feroit trouvé en confequence des loix generales de la Nature & de la Grace. Mais ces fortes de jugemens, quoi qu'un peu temeraires ou hardis, n'ont point

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