Obrázky na stránke
PDF
ePub

ne craignez-vous point qu'une unité fi brifee & fi rompuë ne fe diffipe, & que vôtre abeille & rien ne foient une

même chose?

ARISTE. Non affurément, Theodore. Car je fçai que la matiere eft divifible à l'infini, & que le petit n'est tel que par rapport au plus grand. Je conçois fans peine, quoi que mon imagination y refifte, que ce que nous appellons un atome, fe pouvant divifer fans ceffe, toute partie de l'étendue est en un fens infiniment grande, & que Dieu en peut faire en petit tout ce que nous voyons en grand dans le monde que nous admirons. Ouï la petiteffe des corps ne peut jamais arrêter la puiffance divine, je le conçois clairement. Car la Geometrie démontre qu'il n'y a point d'unité dans l'étendue, & que la matiere fe peut éternellement di

vifer.

THEODORE. Cela eft fort bien, Arifte. Vous concevez donc que quand le monde dureroit plufieurs milliers de fiecles, Dieu a pû former dans une feule mouche toutes celles qui en fortiroient, & ajufter fi fagement les loix fimples des communications des mou

vemens au deffein qu'il auroit de les faire croître infenfiblement, & de les faire paroître chaque année, que leur efpece ne finiroit point. Que voila d'ouvrages d'une delicatefle merveilleufe renfermez dans un auffi petit efpace qu'est le corps d'une feule mouche! Car fans prophetifer fur la durée incertaine de l'Univers, il y a environ fix mille ans que les mouches jettent des effains.

ya

Combien penfez-vous donc que la pre

miere mouche que Dieu a faire, fuppofé qu'il n'en ait fait qu'une, en portoit d'autres dans fes entrailles pour en fournir jufques à ce temps-ci ?

ARISTE. Cela fe peut aifément compter en faifant certaines fuppofitions. Combien voulez-vous que chaque mere abeille faffe de femelles dans chaque effain? Il n'y a que cela & le nombre des années à déterminer.

THEODORE. Ne vous arrêtez point à cette fupputation. Elle feroit ennuyeufe. Mais ce que vous venez de concevoir des abeilles, penfez-le à proportion d'un nombre prefque infini d'autres animaux. Jugez par là du nombre & de la delicateffe des plantes qui étoient en petit dans les premieres, &

qui fe développent tous les ans pour
faire voir aux hommes.

VI. THE OTIME.

[ocr errors]

વિ

Quittons,

gran

Theodore toutes ces fpeculations. Dieu nous fournit affez d'ouvrages à notre portée, fans que nous nous arrêtions à ceux que nous ne pouvons point voir. Il n'y a point d'animal ni de plante qui ne marque fuffifamment par la conftruction admirable que la fageffe du Createur nous paffe infiniment. Et il en fait tous les ans avec tant de profufion, que fa magnificence & fa deur doit étonner & frapper les hommes les plus ftupides. Sans fortir hors de nous-mêmes, nous trouvons dans nôtre corps une machine compofée de mille refforts, & tous fi fagement ajuftez à leur fin, fi bien liez entr'eux, & fubordonnez les uns aux autres, que cela fuffit pour nous abbatre & nous. profterner devant l'Auteur de nôtre Bar lli, être. J'ai lû depuis peu un Livre du animal. mouvement des animaux, qui merite qu'on l'examine. L'Auteur confidere avec foin le jeu de la machine neceflaire pour changer de place. Il explique exatement la force des mufcles, & les raifons de leur fituation, tout cela par

de motu

les principes de la Geometrie & des Mecaniques. Mais quoi qu'il ne s'arrête gueres qu'à ce qui eft le plus facile à découvrir dans la machine de l'animal, il fait connoître tant d'art & de fageffe dans celui qui l'a formé, qu'il remplit l'efprit du Lecteur d'admiration. & de furprise.

ARISTE. Il eft vrai, Theotime, que l'anatomie feule du corps humain ou du plus méprifé des animaux, répand tant de lumiere dans l'efprit, & le frappe fi vivement, qu'il faut être. infenfible pour n'en pas reconnoître l'Auteur.

VII. THE ODORE. Vous avez raifon l'un & l'autre. Mais pour moi, ce que je trouve de plus admirable, c'eft que Dieu forme tous ces ouvrages. excellens, ou du moins les fait croître & les développe à nos yeux, en fuivant exactement certaines loix generales tresfimples & tres-fecondes qu'il s'eft prefcrit. Je n'admire pas tant les arbres couverts de fruits & de fleurs, que leur accroiffement merveilleux en conféquence des loix naturelles. Un Jardi nier prend une vieille corde: il la graiffe avec une figue, & l'enterre dans un

qui fe développent tous les ans pour

faire voir aux hommes.
VI, THE OTIME.

[ocr errors]

Quittons,

Theodore toutes ces fpeculations. Dieu nous fournit affez d'ouvrages à nôtre portée, fans que nous nous arrêtions à ceux que nous ne pouvons point voir. Il n'y a point d'animal ni de plante qui ne marque fuffisamment par fa conftruction admirable que la fagefle du Createur nous paffe infiniment. Et il en fait tous les ans avec tant de profufion › que fa magnificence & fa grandeur doit étonner & frapper les hommes les plus ftupides. Sans fortir hors de nous-mêmes

nous trouvons dans nôtre corps une machine compofée de mille refforts, & tous fi fagement ajuftez à leur fin, fi bien liez entr'eux, & fubordonnez les uns aux autres, que cela fuffit pour nous abbatre & nous. profterner devant l'Auteur de nôtre Barili, être. J'ai lû depuis peu un Livre du animal. mouvement des animaux, qui merite qu'on l'examine. L'Auteur confidere avec foin le jeu de la machine neceflaire pour changer de place. Il explique exatement la force des muscles, & les raifons de leur fituation, tout cela par

de motu

« PredošláPokračovať »