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gence peuvent s'établir avec le temps. Je conçois mêmes que les fentimens les plus bizarres peuvent dominer parmi certains peuples d'un tour d'imagination tout fingulier. Mais qu'une verité aussi fublime, auffi éloignée des fens, auffi oppofée à la raifon humaine, auffi contraire en un mot à toute la nature qu'eft ce grand myftere de nôtre foi, qu'une verité, dis-je, de ce caractere fe puisse répandre univerfellement, & triompher dans toutes les nations où les Apôtres ont prêché l'Evangile, fur tout dans la fuppofition que ces premiers Prédicarcurs de nôtre foi n'euffent rien fçû & rien dit de ce myftere, c'eft affurément ce qui ne fe peut concevoir, , pour peu de connoiffance qu'on ait de l'ef prit humain.

Qu'il y ait eu des Heretiques qui fe foient oppofez à un dogme fi relevé, je n'en fuis nullement furpris. Je le ferois étrangement, fi jamais perfonne ne l'eût combattu. Peu s'en eft fallu que cette verité n'ait été opprimée. Cela peut être. On fe fera toûjours un merite. d'attaquer ce qui femble bleffer la Raifon. Mais qu'enfin le myftere de la Trinité ait prévalu, qu'il fe fois établi

par tout où la Religion de Jefus-Chrift eft reçûë, fans qu'il ait été connu & enfeigné par les Apôtres, fans une autorité & une force divine, il ne faut, ce me femble, qu'un peu de bon fens pour reconnoître que rien n'eft moins vraifemblable. Car il n'eft pas mêmes vraifemblable, qu'un dogme fi divin, fi au deffus de la raison, fi éloigné de tout ce qui peut frapper l'imagination & les fens, puiffe venir naturellement dans l'efprit de qui que ce foit.

II. THEODOR E. Affurément, Arifte, vous devez avoir l'efprit fort en repos, puis que vous fçavez maintenant tirer la lumiere des tenebres mêmes, & tourner en preuve évidente de nos myfteres l'obfcurité impenetrable qui les environne. Que les Sociniens blafphĉment contre nôtre fainte Religion; qu'ils la tournent en ridicule : leurs blafphêmes & ce ridicule, dont ils pretendent la couvrir, vous en inspirent du refpcct. Ce qui ébranle les autres ne peut que vous affermir: Comment ne joüiriezvous pas d'une paix profonde? Car enfin ce qui peut faire naître en nous quelque frayeur & quelque trouble, ca ne font pas ces veritez plaufibles que

tout le monde croit fans peine c'eft la profondeur & l'impenetrabilité de nos myfteres. Je comprens donc que vous voilà dans un grand calme. Joüiffez-en, mon cher Arifte. Mais, je vous prie, ne jugeons pas de l'Eglife ́de Jefus-Chrift comme des focietez purement humaines. Elle a un Chef qui ne permettra jamais qu'elle devienne la maîtreffe de l'erreur. Son infaillibilité eft appuyée fur la Divinité de celui qui la conduit. Il ne faut pas juger uniquement par les regles du bon fens, que tels & tels de nos myfteres ne peuvent être des inventions de l'efprit humain. Nous avons une autorité decifive, une voye encore & plus courte & plus feure que cette efpece d'examen. Suivons humblement cette voye, pour honorer par nôtre confiance & nôtre foûmiffion la puiffance, la vigilance, la bonté, & les autres qualitez du Souverain Pafteur de nos ames. Car c'eft en quelque maniere blafphemer contre la Divinité de Jefus-Chrift, ou du moins contre fa charité pour fon Epoufe, que de vouloir abfolument d'autres preuves des veritez neceffaires à nôtre falut, que celles qui fe tirent de l'autorité de l'Eglife.

Si vous croyez, Arifte, tel article de nôtre foi, parce que vous reconnoiffez clairement par l'examen que vous en faites, qu'il eft de tradition Apoftolique, vous honorez par vôtre foi la Miffion & l'Apoftolat de Jesus-Chrift. Car vôtre foi exprime ce jugement que vous faites, que Dieu a envoyé JefusChrift au monde pour l'inftruire de la verité. Mais fi vous ne croyez que par cette raison, fans égard à l'autorité infaillible de l'Eglife, vous n'honorez pas la fageffe & la generalité de la Providence, qui fournit aux fimples & aux ignorans un moyen fort feur & fort naturel de s'inftruire des veritez neceffaires au falut. Vous n'honorez pas la puiffance, ou du moins la vigilance de Jefus-Chrift fur fon Eglife. Il femble que vous le foupçonniez de vouloir l'abandonner à l'efprit d'erreur. De forte que la foi de ceux qui fe foûmettent humblement à l'autorité de l'Eglife, rend beaucoup plus d'honneur à Dieu & à Jefus-Chrift que la vôtre, puis qu'elle exprime plus exactement les attributs divins, & les qualitez de nôtre Mediateur. Ajoûtez à cela, qu'elle fe rapporte parfaitement avec le jugement

que

que nous devons former de la foibleffe & de la limitation de nôtre efprit; & fi d'un côté elle exprime nôtre confiance en Dieu & en la charité de JefusChrift, elle marque clairement de l'autre, que nous avons de nous-mêmes une jufte & falutaire défiance. Ainsi vous voyez bien que la foi de celui qui fe foûmet à l'autorité de l'Eglife eft fort agreable à Dieu puis que de quelque côté qu'on la confidere, elle exprime les jugemens que Dieu veut que nous portions de fes propres attributs, des qualitez de Jefus-Chrift, & de la limitation de l'efprit humain.

III. Souvenez-vous neanmoins, Arifte, que la foi humble & foûmise de ceux qui fe rendent à l'autorité n'est ni aveugle ni indifcrete: Elle eft fondée en raison. Affu ément l'infaillibilité cft renfermée dans l'idée d'une Religion divine, d'une focieté qui a pour Chef une nature fubfiftante dans la Sageffe éternelle, d'une focieté établie pour le falut des fimples & des ignorans. Le bon fens veut qu'on croye l'Eglife infaillible. Il faut donc fe rendre aveuglément à fon autorité. Mais c'est que la Raifon fait voir qu'il n'y a nul

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