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tanger de s'y foûmettre ; & que le Chrêtien qui refufe de le faire, dément par fon refus le jugement qu'il doit porter des qualitez de Jefus-Chrift.

Nôtre foi eft parfaitement raifonnable dans fon principe. Elle ne doit point fon établiffement aux préjugez, mais à la droite raifon. Car Jefus-Chrift a prouvé d'une maniere invincible fa miffion & fes qualitez. Sa refurrection glorieufe eft tellement atteftée, qu'il faut renoncer au fens commun pour la revoquer en doute. Maintenant la verité ne fe fait prefque plus refpecter par l'éclat & la majefté des miracles. C'est qu'elle cft foûtenue de l'autorité de Jefus-Chrift, qu'on reconnoît pour infaillible, & qui a promis fon affistance toute-puiffante, & fa vigilance pleine de tendreffe, à la divine focieté dont il eft le Chef. Que la foi de l'Eglife foit combattue par les diverfes herefies des Sectes particulieres, il faut que cela arrive pour manifefter la fidelité des gens de bien. Le vaiffeau où repofe JefusChrift peut-être battu de la tempefte, mais il ne court aucun danger. C'eft manquer de foi que d'apprehender l'orage. Il faut que les vents grondent, &

que

la mer enfle fes flots, avant que de rendre le calme. On ne peut fans cela faire fentir le pouvoir qu'on a de leur commander. Mais fi le Seigneur permet que les puiffances de l'enfer...

THEO TIME. Souffrez, Theodore, que je vous interrompe. Vous fçavez que nous n'avons plus à paffer avec vous que le refte de la journée. N'en voilà que trop fur l'infaillibilité de l'Eglife. Arifte en eft convaincu. Donnez-nous, je vous prie, quelques principes qui puiffent nous conduire à l'intelligence des veritez que nous croyons, qui puiffent augmenter en nous le profond refpect que nous devons avoir pour la Religion & pour la Morale Chrêtienne : ou bien donneznous quelque idée de la methode dont vous vous fervez dans une matiere fi fublime.

IV. THEODORE. Je n'ai point pour cela de methode particuliere. Je ne juge des chofes que fur les idées qui les reprefentent dépendamment des faits qui me font connus: Voila toute ma methode. Les principes de mes connoiffances fe trouvent tous dans mes idées, & les regles de ma conduite par

rapport à la Religion, dans les veritez de la foi. Toute ma methode fe réduit à une attention ferieufe à ce qui m'éclaire & à ce qui me conduit.

ARISTE. Je ne fçai fi Theotime conçoit ce que vous nous dites. Mais pour moi je n'y comprens rien. Cela eft trop general.

THEODORE. Je croi que Theotime m'entend bien. Mais il faut s'expliquer davantage. Je diftingue toûjours avec foin les dogmes de la foi, des preuves & des explications qu'on en peut donner. Pour les dogmes, je les cherche dans la tradition, & dans le confentement de l'Eglife univerfelle; &

je

les trouve mieux marquez dans les définitions des Conciles que par tout ailleurs. Je pense que vous en demeurez d'accord, puis que l'Eglife étant infaillible, il faut s'en tenir à ce qu'elle a décidé.

ARISTE. Mais ne les cherchezvous pas auffi dans les Saintes Ecri

tures?

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THEODORE. Je croi Arifte, que le plus feur & le plus court eft de les chercher dans les Saintes Ecritures, mais expliquées par la tradition, je veux

dire,

, par les Conciles generaux, ou reçûs generalement par tout, expliquées par le même efprit qui les a dictées. Je fçai bien que l'Ecriture eft un Livre divin, & la regle de nôtre foi. Mais je ne la fepare pas de la tradition, parce que je ne doute pas que les Conciles ne l'interpretent mieux que moi. Prenez équitablement ce que je vous dis. Les Conciles ne rejettent pas l'Ecriture. Ils la reçoivent avec refpect ; & par cela mêmes ils l'autorifent par rapport aux Fidéles, qui pourroient bien la confondre avec des Livres apocryphes. Mais outre cela ils nous apprennent plufieurs veritez que les Apôtres ont confiées à l'Eglife, & que l'on a combattuës ; lefquelles veritez ne se trouvent pas facilement dans les Ecritures Canoniques, car combien d'Heretiques y trouvent tout le contraire? En un mot, Arifte, je tâche de bien m'allurer des dogmes, fur lefquels je veux méditer pour en avoir quelque intelligence. Et alors je fais de mon efprit le même ufage que font ceux qui étudient la Phyfique. Je confulte, avec toute l'attention dont je fuis capable, l'idée que j'ai de mon fujet, telle que la foi me la propose. Je

femonte toûjours à ce qui me paroît de plus fimple & de plus general, afin de trouver quelque lumiere. Lors que j'en trouve, je la contemple. Mais je ne la fuis qu'autant qu'elle m'attire invinciblement par la force de fon évidence, La moindre obfcurité fait que je me ra◄ bats fur le dogme, qui dans la crainte que j'ai de l'erreur, eft & fera toûjours inviolablement ma regle, dans les queftions qui regardent la foi.

Ceux qui étudient la Phyfique ne raifonnent jamais contre l'experience. Mais auffi ne concluent-ils jamais par l'experience contre la Raifon. Ils hefitent, ne

voyant pas le moyen de pafler de l'une à l'autre. Ils hefitent, dis-je, non fur la certitude de l'experience, ni fur l'évidence de la Raifon, mais fur le moyen d'accorder l'une avec l'autre. Les faits de la Religion ou les dogmes décidez font mes experiences en matiere de Theologie. Jamais je ne les revoque en doute. C'eft ce qui me regle & qui me conduit à l'intelligence, Mais lors qu'en croyant les fuivre je me fens heurter contre la Raifon, je m'arrête tout court; fcachant bien que les dogmes de la foi & les principes de la Raifon doiven

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