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les principes de la Geometrie & des Mecaniques. Mais quoi qu'il ne s'arrête gueres qu'à ce qui eft le plus facile

à découvrir dans la machine de l'animal, il fait connoître tant d'art & de fageffe dans celui qui l'a formé, qu'il remplit l'efprit du Lecteur d'admiration & de furprise.

ARISTE. Il eft vrai, Theotime, que l'anatomie feule du corps humain ou du plus méprifé des animaux, répand tant de lumiere dans l'efprit, & le frappe fi vivement, qu'il faut être. infenfible pour n'en pas reconnoître l'Auteur.

VII. THE ODORE. Vous avez raifon l'un & l'autre. Mais pour moi, ce que je trouve de plus admirable, c'eft que Dieu forme tous ces ouvrages excellens, ou du moins les fait croître & les développe à nos yeux, en fuivant exactement certaines loix generales tresfimples & tres-fecondes qu'il s'eft prefcrit. Je n'admire pas tant les arbres couverts de fruits & de fleurs, que leur accroiffement merveilleux en conféquence des loix naturelles. Un Jardinier prend une vieille corde: il la graiffe avec une figue, & l'enterre dans un

fillon, & je voi quelque temps aprés, que tous ces petits grains qu'on fent fous la dent lorfqu'on mange des figues, ont percé la terre, & pouffe d'un côté des racines, & de l'autre une pepiniere de figuiers. Voilà ce que j'admire! Arrofer les champs en conféquence des loix naturelles, & avec un élement auffi fimple qu'eft l'eau, faire fortir de la terre une infinité de plantes & d'arbres de differente nature. Un animal se joindre brutalement & machinalement avec un autre, & perpetuer par là fon efpece. Un poiffon fuivre la femelle & répandre la fecondité fur les œufs qu'elle perd dans l'eau. Un pays ravagé par la grefle fe trouver quelque temps aprés tout renouvellé, tout couvert de plantes & de fes richeffes ordinaires. Ravir le par moyen du vent les graines des pays épargnez, & les répandre avec la pluye fur ceux qui ont été défolez. Tour cela & une infinité d'effets produits par cette loi fi fimple & fi naturelle, que tout corps doit fe mouvoir du côté qu'il eft moins preffé, c'est affurément ce qu'on ne fçauroit affez admirer. Rien n'eft plus beau, plus magnifique dans l'Univers, que cette profufion d'ani

maux & de plantes telle que nous venons de la reconnoître. Mais croyezmoi, rien n'eft plus divin que la maniere dont Dieu en remplit le monde, que l'ufage que Dieu fçait faire d'une loi fi fimple qu'il femble qu'elle n'eft bonne

à rien.

ARISTE. Je fuis de vôtre avis, Theodore. Laiffons aux Aftronomes à mefurer la grandeur & le mouvement des aftres pour en prédire les éclipfes. Laiffons aux Anatomistes à décompofer les corps des animaux & des plantes pour en reconnoître les refforts & la liaifon des parties. Laiffons en un mot aux Phyficiens à étudier le détail de la nature pour en admirer toutes les merveilles. Arrêtons nous principalement aux veritez generales de vôtre Metaphyfique. Nous avons, ce me femble, fuffifamment découvert la magnificence da Createur dans la multitude infinie de fes ouvrages admirables: fuivons-le un dans les démarches de fa conduite. VIII. THEODORE. Vous admirerez, Arifte, beaucoup plus que vous ne faites, toutes les parties de l'Univers, ou plûtôt la fageffe infinie de fon Auteur, lors que vous aurez confi

peu

VII.En

tretien.

deré les regles generales de la Providen ce. Car quand on examine l'ouvrage de Dieu fans rapport aux voyes qui le conftruisent & qui le confervent, combien y voit-on de defauts qui fautent aux yeux, & qui troublent quelquefois fi fort l'efprit mêmes des Philofophes, qu'ils le regardent cet ouvrage admirable, ou comme l'effet neceffaire d'une nature aveugle, ou comme un mêlange monftrueux de créatures bonnes & mau→ vaifes, qui tirent leur être d'un bon & d'un méchant Dieu. Mais quand on le compare avec les voyes par lefquelles Dieu doit le gouverner, pour faire porter à fa conduite le caractere de fes attributs, tous ces défauts qui defigurent les creatures ne retombent point fur le Créateur. Car s'il y a des défauts dans fon ouvrage, s'il y a des monftres & mille & mille defordres, rien n'eft plus certain qu'il ne s'en trouve point dans fa conduite. Vous l'avez déja compris, mais il faut tâcher de vous le faire mieux comprendre.

IX. Vous fouvenez-vous bien enco re, que je vous ai démontré qu'il y a contradiction qu'aucune créature puiffe remuer un fêtu par fon efficace propre? ARISTE

ARISTE. Oui, Theodore, je m'en fouviens, & j'en fuis convaincu. Il n'y a que le Créateur de la matiere qui en puiffè être le moteur.

THEODORE. Il n'y a donc que le Créateur qui puiffe produire quelque changement dans le monde materiel, puis que toutes les modalitez poffibles de la matiere ne confiftent que dans les figures fenfibles ou infenfibles de fes parties, & que toutes ces figures n'ont point d'autre caufe que le mouve

ment.

ARISTE. Je ne comprens pas trop bien ce que vous me dites. Je crains lat furprise.

que

tien n. 2. III.En

2.11.

THEODORE. Je vous ai prouvé, I. EntreArifte, que la matiere & l'étenduë n'étoient qu'une même chose: souvenez- tretien, vous en. C'est fur cette fuppofition, ou 12. plûtôt fur cette verité, que je raifonne. Car il ne faut de l'étendue pour faire un monde materiel, ou du moins tout-à-fait femblable à celui que nous habitons. Si vous n'avez pas maintenant les mêmes idées que moi, ce feroit en vain que nous parlerions enfemble. ARISTE. Je me fouviens bien que vous m'avez prouvé que l'étenduë Tome II.

C

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