Obrázky na stránke
PDF
ePub

diffiper tout-à-fait la crainte que nours. en avons ; car c'eft un mouvement na→ turel que je ne croi pas qu'on puiffe détruire, le moment de la mort deviendra peu peu le fujet de votre joye, l'objet du plus violent de vos defirs.

[ocr errors]
[ocr errors]

III. ENTRETIEN.

RISTE. Que je fuis content AR mes chers amis, de nos entretiens précedens ! Les frayeurs de la mort ne m'ébranlent plus fi fort, du moins ne me troublent-elles plus. J'ai regardé de fi prés & fi attentivement l'objet chimérique de ma terreur, que maintenant je n'en fuis plus effrayé. Mais je ne fçai fi je conferverai long-temps cette fermeté d'efprit que je dois à vôtre Philofophie, & fur tout à la Religion que nous profeffons. J'ai été fi fouvent la duppe de mon imagination que je crains fort qu'elle ne me furprenne, & qu'elle ne m'épouvante par les terribles phantômes. Je fens mêmes qu'actuellement elle fe réveille, & qu'elle me reprefente la mort comme l'entrée d'une folitude affreuse,où l'on ne peut avoir de focieté avec perfonne. Pure illufion! La focieté, que nous aurons tous dans la fainte Cité, fera infiniment plus douce & plus par

pas

:

faite que celle que nous avons ici-bas Non je ne crains point la mort : ma Raifon & ma Religion me le deffendent. Les biens que nous pofféderons dans nôtre patrie vallent infiniment mieux que les vains amusemens de nôtre éxil. Mais quoi! nous ne voyons les chofes que nous efperons : & quelque fermes que nous foyions dans nôtre foi, il nous refte toûjours quelque fujet de défiance. L'homme eft fair pour vivre en focicté, & j'y vis main-tenant, content de ma fortune & de mes amis; plein de fanté & de vie, honoré, aimé, recherché des honêtes gens. La mort me féparera de Theodore & de Theotime. Ah la dure feparation!

THE OTIME. La dure feparation! Parlez-vous férieufement ?

ARISTE. Fort férieufement : mais je l'avoue, je confulte un peu plus mon cœur que ma raison.

THEOTIME. Ah! confultez vötre raifon & laiffez-là vôtre cœur. Ne f'ouvrez qu'à celui qui le peut remplir. Il n'eft permis de fuivre les mouvemens du cœur que lors qu'ils font raifonnables.

ARISTE. Il eft vrai. Mais n'eft-il

pas raifonnable d'aimer Theodore, d'aimer un veritable ami: un ami qui m'a fait mille biens, & à qui je dois ce que j'ai de plus précieux ; des connoiffances qui font toute ma confolation & toute ma joye? La dure féparation!

THE OTIME. Aimez Theodore, cela vous eft permis. Aimez-le d'un amour de bien-veillance, mais ne vous attachez point à lui. Tout attachement à la créature, à une nature impuiflante eft une folie. Maudit eft celui qui met en l'homme fa confolation & fa joyc.

THEODORE. Vous me faites, 'Arifte , trop d'honneur, & je ne dois pas le fouffrir. Je

*

t

le fouffrir. Je ne vous fis jamais aucun bien : & je fuis incapable d'en faire à perfonne. Il n'y a que Dieu qui foit bon, ou capable de vous faire du bien : Nemo bonus nifi folus Deus. Lui Lu: 18. feul eft nôtre lumiere & nôtre Docteur: 19. Magifter vefter unus eft Chriftus. † Math. L'efficace, la puiffance ne réfide qu'en 23. 10. lui : * Solus potens. Il n'y a donc quer. Tim, lai qui mérite d'être aimé d'un amour d'union, d'un amour qui eft dû à la puiffince: il n'y a que lui dont la fepa ration foit dure. Pefez bien ces paroles de S. Jacques † Nolite errare fratres † 1. 151

6.

mei dilectiffimi: Omne datum opti& omne donum perfectum, de furfum eft, defcendens à Patre luminum. Tout le bien que paroiffent nous faire les créatures vient de plus haut: De furfum eft. Celui qui nous parle n'est pas celui qui nous éclaire : l'intelligence vient d'enhaut, de la clarté des idées qui ne fe trouvent que dans la fouveraine Raifon à Patre luminum, apud quem non eft tranfmutatio nec viciffitudinis obumbratio. Raifon toûjours lumineufe: car le foleil des efprits n'est pas fujet au changement, & à des révolutions qui l'éclipfent.

ARISTE. Je fçai Theodore, que ceux que nous appellons nos maîtres ne font que des moniteurs; & que les paroles, dont ils nous frappent l'oreille, font bien différentes de ces réponses interieures, que rend à nôtre attention, celui qui prefide à tous les efprits. Mais nous avons befoin de ces moniteurs fidéles, éxacts, éclairez ; & fans vous & Theotime, affurément je ne fçaurois point ce que je vous dis maintenant, & tant d'autres veritez qui me rempliffent de joye.

THEODORE. Hé bien ! Que per

« PredošláPokračovať »