Obrázky na stránke
PDF
ePub

7.

veut en A, & dans le fecond en B, fans le vouloir dans l'efpace qui eft entre A & B, le corps fera en A, & enfuite en B, fans fe trouver dans l'efpace où Dieu ne le voudra pas. Où eft je vous prie Entret. la difficulté ? Ne demeurez-vous pas d'acco:d que c'eft uniquement la volonté de Dieu qui donne l'être à toutes chofes, & que de la part de Dieu la confervation n'eft qu'une creation continuée ?

ARISTE. OuÏï. Mais il me paroît que cela fe contredit.

THEODORE. J'avoue qu'il y a contradiction qu'un corps aille d'un lieu en un autre fans paffer par le milieu, cela fe fait par le

dit

[ocr errors]

fi

mouvement : car qui

mouvement dit tranfport fucceffif. Tout mouvement se mesure par l'efpace parcouru comparé au temps employé à le parcourir. Mais tel corps qui eft dans le ciel, peut en un inftant être fur la terre, fans paffer par le milieu, fi Dieu le veut fur la terre, fans le vouloir dans les efpaces qui la joignent avec le ciel. Car puifque la volonté de Dicu donne à toutes chofes & l'être & la maniere d'être, affurément ce corps ne traverfera pas réellement des efpaces où

Dieu ne le veut ou ne le conferve

point.

ARISTE. Je croirois donc volontiers que les corps glorieux vont d'un lieu en un autre fans paffer par le milicu, & qu'ils font tranfportez en un inftant par tout où l'ame defire. Mais qu'en penfez-vous, je vous prie ?

THEODORE. Pour moi, je n'ai point fur cela, ni fur beaucoup de femblables queftions, de fentiment arrêté. Mais il me paroît beaucoup plus vraifemblable, que les corps feront tranfportez avec d'autant plus de rapidité, que l'ame aura plus d'empreffement. D'où il fuit qu'ils traverferont réellement les espaces, & que leur tranfport ne fe fera po'nt en un inftant, puis qu'il fe fera dans un temps d'autant plus court que la volonté pratique, qui fera la caufe occafionnelle de leur vîteffe, fera plus vive & plus efficace. Prenez garde, Arifte, que toutes nos volontez ne font pas pratiques, & qu'il n'y a que les pratiques qui foient accompagnées d'un certain fentiment d'effort, qui nous apprend que nous faifons actuellement ufage de la puiffance qui nous eft donnéc. En nous prefentement cet effort cft fou

vent pénible, à caufe que nôtre corps cft paffible & corruptible; que les efprits animaux fe diffipent, & que les fibres de nos muscles fe peuvent rompre. Mais il n'en fera pas de même dans les bienheureux. Ils ne fe lafferont & ne fe fatigueront point. Leur tranfport ne fe fera pas comme en nous. Cependant l'ufage de leur puiffance leur fera apparemment connu par la quantité de leur effort, dont ils auront fentiment intérieur. Or dés-lors que vous admettez du plus ou du moins dans l'effort de la volonté qui veut tranfporter fon corps, il faut que vous mettiez auffi du plus & du moins dans la vîteffe felon laquelle il eft tranfporté. Car, toutes chofes égales, les effets répondent aux efforts des mêmes causes. Ainfi il y a bien de l'apparence que le tranfport des corps glorieux ne fe fera point en un inftant. Mais je vous prie, laiffons toutes ces fpeculations inutiles, & dans lesquelles nous nous tromperions affurément.

ARISTE. Qu'il eft doux neanmoins de s'entretenir de ce que nous ferons un jour!

THE ODORE. Ouï. Il eft bon de penfer fouvent a ce que nous ferons

,

Eternellement, & de nous confoler les uns les autres comme dit faint Paul, fur les promeffes de nôtre transformation glorieufe. Mais il eft inutile de faire fur cela mille queftions de Phyfique & de Metaphyfique. Contentons-nous je vous prie, d'en fçavoir ce que l'Ecriture nous en apprend. La refurrection des corps n'eft pas l'effentiel de la felicité future, ni mêmes de la focieté que nous aurons avec l'humanité fainte de JESUS, quoi que cette focieté foit infiniment plus douce que toutes celles d'ici-bas. L'effence de nôtre beatitude fera la jouiffance de la divinité même, cette focieté éternelle,

*

I.

Epi

de S.Ie

1.3.

* que nous aurons avec la Trinité fainte, avec le Pere & le Fils dans l'unité du Saint Efprit. On ne fçauroit fe former une trop grande idée d'une telle felicité. Que l'efprit s'éleve, que le cœur s'ouvre, que l'imagination groffiffe fes efperances, on n'atteindra jamais au bien que Dieu veut nous faire en fon Fils. L'œil n'a † 1. Cor. point on, l'oreille n'a point entendu, Pefprit même n'a point conçu ce que Dieu a preparé pour ceux qui l'aiment. Bien convaincus de cette verité, laiffons nôtre bonheur entre les mains de Dieu,

2.9.

15.49.50

8. 17.

& travaillons ferieusement à nôtre fan 1. Cor. ctification. * Portons l'image de l'hom me celefte, comme nous avons porté celle de l'homme terreftre. Vivons en Chretiens. Car la chair & le fang ne possederont jamais le Royaume de Dieu. Il Ro. faut fouffrir † avec JESUS-CHRIST pour reffufciter avec lui. Mais le temps des afflictions n'eft qu'un inftant par rapport à l'éternité, & cet instant produit en nous le poids éternel d'une fou*2. Cor. veraine gloire.* Id enim quod in pra4. 17. fenti eft momentaneum & leve tribulationis noftra, fupra modum in fublimitate aternum gloria pondus operatur in

nobis.

ARISTE. A quoi penfez-vous, Theotime? Vous me paroiffez bien 1ćveur. Nous parlons de la felicité future, & vous ne prenez point de part à la joye que produit en nous l'efperance d'un fi grand bien. Je fuis de vôtre avis: je méprife, ou plutôt je defire mainte nant la mort.

THEO TIME. Et moi je la crains, ou ce qui la fuit. La fermeté de vôtre efperance vous remplit de joye; & je fuis faifi de frayeur, à la vue des fupplices que Dieu fera fouffrir éternelle

« PredošláPokračovať »