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ARISTE. Ce que vous dites du fcu, je l'étens à toutes les caufes & à tous les effets naturels. Continuez.

:

XIV. THEODORE. Vous comprenez donc bien, que la Providence ordinaire fe reduit principalement à deux chofes aux loix des communications des mouvemens, puis que tout fe fait dans les corps par le mouvement; & à la fage combinaifon que Dieu a mife dans l'ordre de fes créatures au temps de leur création, afin que fon ouvrage puft fe conferver par les loix naturelles qu'il avoit refolu de suivre.

A l'égard des loix naturelles du mouvement, Dieu a choifi les plus fimples. Il a voulu, & veut encore maintenant que tout corps mû fe meuve, ou tende à fe mouvoir en ligne droite ; & qu'à la rencontre des autres corps, il ne s'éloigne de la ligne droite que le moins qu'il eft poffible. Que tout corps fe tranfporte du côté vers lequel il eft pouffé: & s'il eft pouffe en même temps par deux mouvemens contraires, que le plus grand mouvement l'emporte fur le plus foible: mais fi ces deux mouvemens ne font pas directement contraires, qu'il fe meuve felon une ligne qui foit la diaTome II.

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En un

gonale d'un parallelogramme, dont les
côtez ayent reciproquement même pro-
portion que ces mouvemens.
mot Dieu a choifi les loix les plus fim-
ples dépendemment de cet unique prin
cipe, que le plus fort doit vaincre le
plus foible; & avec cette condition,
qu'il y auroit toûjours dans le monde
une égale quantité de mouvement. J'a-
joûte cette condition, parce que l'expe-
rience nous apprend que le mouvement
qui anime la matiere, ne fe diffipe point.
avec le temps par la rencontre des corps
qui viennent de côtez oppofez: outre
Dieu étant immuable dans fa natu-
que
re, plus on donne d'uniformité à fon
action, plus on fait porter à fa conduite
le caractere de fes attributs.

Il n'eft pas neceflaire, Arifte, d'en-
trer davantage dans le détail de ces loix
naturelles que Dieu fuit dans le cours
ordinaire de fa Providence. Qu'elles
foient telles qu'il vous plaira, cela im-
porte fort peu.
Vous fçavez certaine-
Dieu feul meut les corps;
qu'il fait tout en eux par le mouvement;
qu'il ne leur communique le mouve-
ment de l'un à l'autre que felon certaines
loix telles qu'elles puiffent être : que

VII.Ex- ment que

tretien.

l'application de ces loix vient de la rencontre des corps. Vous fçavez que le choc des corps eft, à caufe de leur impénetrabilité, la caufe occafionnelle ou naturelle qui détermine l'efficace des loix generales. Vous fçavez que Dieu agit toûjours d'une maniere fimple & uniforme: qu'un corps mû va toûjours tout droit, mais que l'impénetrabilité oblige le moteur au changement: que cependant il ne change que le moins qu'il eft poffible, foit parce qu'il fuit toûjours les mêmes loix, foit parce que les loix qu'il fuit font les plus fimples qu'il y ait. Cela fuffit pour ce qui regarde les loix generales des communications des mouvemens. Venons à la formation de l'Univers, & à la fage combinaison que Dieu a mife entre toutes les parties au temps de la création pour tous les fiecles, & par rapport à ces loix generales, car c'eft en cela que confifte le merveilleux de la Pro-vidence divine. Suivez-moi, je vous -pric.

XV. Je penfe, Ariste, à une masse de matiere fans mouvement. Ne voilà qu'un bloc. J'en veux faire une statuë, de mouvement me la formera

- Un

peu

bien-tôt. Car qu'on remuë le furperflu qui par le repos faifoit corps avec elle, la voilà faire. Je veux que cette ftatuë n'ait pas feulement la figure d'un homme, mais qu'elle en ait auffi les orga& toutes les parties que nous ne

nes,

voyons pas.

Encore un peu de mouvement me les formera. Car que la matiere qui environne celle dont je veux, par exemple, faire le cœur, fe meuve, le refte demeurant comme immobile, elle ne fera plus corps avec le cœur. Voilà donc le cœur formé. Je puis de même achever en idée les autres organes, tels que je les conçois. Cela eft évident. Enfin je veux que ma ftatuë n'ait pas feulement les organes du corps humain, mais de plus que la maffe dont elle cft faite fe change en chair & en 09, en efprit & en fang, en cerveau, & le refte. Encore un peu de mouvement me donnera fatisfaction. Car fuppofé que la chair foit compofée de fibres de telle ou telle configuration, & entrelaffées entr'elles de telle ou telle maniere, fi la matiere qui remplit les entrelaffemens des fibres que je conçois, vient à fe mouvoir, ou à n'avoir plus le même rapport de distance à celle dont ces

fibres doivent être compofees, voilà de la chair: & je conçois de même qu'avec un peu de mouvement, le fang, les efprits, les vaiffeaux & tout le refte du corps humain fe peut former. Mais ce qui paffe infiniment la capacité de nôtre efprit, c'eft de fçavoir quelles font les parties qu'il faut remuer, quelles font celles qu'il faut ôter, & celles qu'il faut laifler.

Suppofons maintenant que je veuille prendre dans cette machine femblable à la nôtre une fort petite portion de matiere, & lui donner telle figure, tels organes, telle configuration dans fes parties qu'il me plaira; tout cela s'executera toûjours par le moyen du mouvement, & ne pourra jamais s'executer que par lui. Car il eft évident qu'une partie de matiere qui fait corps avec une autre, n'en peut être feparée que par le mouvement. Ainfi je conçois fans peine, que dans un corps humain Dieu en peut former un autre de même efpece mille ou dix mille fois plus petit, & dans celui-ci un autre, & ainfi de fuite dans la même proportion de mille, ou dix mille à un ; & cela tout-d'un-coup en donnant une infinité de divers mou

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