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fes parties! Ne vous imaginez pas qu'il en ait moins que les élephans: apparemment il en a davantage. Comprenez donc, fi vous le pouvez, le nome bre & le jeu merveilleux de tous les reffors de cette petite machine. C'eft l'action foible de la lumiere qui les débande tous ces refforts. C'eft la prefence feule des objets qui en détermine & qui en regle tous les mouvemens. Jugez donc par l'ouvrage fi exactement formé, fi diligemment achevé de ces petits animaux, non de leur fageffe & de leur prévoyance, car ils n'en ont point; mais de la fagefle & de la prévoyance de celui qui a affemblé tant de refforts, & qui les a ordonnez fi fagement par rapport à tant de divers objets & de fins differentes. Affurément, Arifte, vous feriez plus fçavant que tout ce qu'il y a jamais cu de Philofophes, fi vous fçaviez exactement les raifons de la construction des parties de ce petit animal.

ARISTE. Je le croi, Theodore. Cela nous paffe déja. Mais s'il faut une fi grande adreffe & une fi profonde intelligence pour former une fimple mouche, comment en produire une infinité

toutes renfermées les unes dans les autres, & par confequent toutes plus petites toûjours dans la proportion fousmillecuple, puis qu'une feule en produit mille, & que ce qui contient eft plus grand que ce qui eft contenu? Ĉela effraye l'imagination: mais que l'efprit reconnoît de fageffe dans l'Auteur de tant de merveilles !

THEODORE. Pourquoi cela, Ariste? Si les petites abeilles font organifées comme les plus grandes, qui en conçoit une grande, en peut concevoir une infinité de petites renfermées les unes dans les autres. Ce n'eft donc point la multitude & la petiteffe de ces animaux tous femblables qui doir qui doit augmenter vôtre admiration pour la fageffe du Créateur. Mais vôtre imagination effrayée admire en petit ce qu'on a coûtume de ne voir qu'en grand.

ARISTE. Je croyois, Theodore, que je ne pouvois trop admirer. THEODORE. Oui: mais il ne faut admirer que par raifon. Ne craignez point: fi l'admiration vous plaît, Vous trouverez bien dequoi vous fatisfaire dans la multitude & la petiteffe de ces abeilles renfermées les unes dans les autres.

ARISTE. Comment cela donc ? THEODORE. C'eft qu'elles ne font pas toutes semblables.

ARISTE. Je me l'imaginois bien ainfi. Car quelle apparence que les vers de ces mouches, & les œufs de ces vers, ayent autant d'organes que les mouches mêmes, comme vous le pretendiez

hier?

II. THEODORE. Que vous imaginiez mal, Arifte! Car tout au contraire les vers ont toutes les parties organiques des mouches; mais ils ont de plus celles qui font effentielles aux vers, c'eftà-dire, celles qui font abfolument neceffaires, afin que les vers puiffent chercher, devorer & preparer le fuc nour→ ricier de la mouche qu'ils portent en eux & qu'ils confervent par le moyen des organes & fous la forme de ver.

ARISTE. Oh oh! à ce comptelà les vers font plus admirables que les mouches: ils ont bien plus de parties organiques.

THEODORE. Oui, Arifte. Et les œufs des vers font encore plus admirables que les vers mêmes ; & ainfi en remontant. De forte que les mouches de cette année avoient beaucoup plus

d'organes il y a mille ans, qu'elles n'en ont prefentement. Voilà un étrange paradoxe. Mais prenez garde. Il eft facile de comprendre que les loix generales des communications des mouvemens font trop fimples pour conftruire des corps organifez.

ARISTE. Il eft vrai, cela me paroît ainfi. C'eft beaucoup qu'elles fuffifent pour les faire croître. Il y a des gens qui pretendent que les infectes viennent de pourriture. Mais fi une mouche a autant de parties organifées qu'un bœuf, j'aimerois autant dire que ce gros animal fe pourroit former d'un tas de boue, que de foûtenir que les mouches s'engendrent d'un morceau de chair pourrie.

THEODOR E. Vous avez raison.

Mais puis que les loix du mouvement ne peuvent conftruire des corps compofez d'une infinité d'organes, c'est donc une neceffité que les mouches foient renfermées dans les vers dont elles éclofent. Ne penfez pas neanmoins, Arifte, que l'abeille, qui cft encore renfermée dans le ver dont elle doit fortir, ait entre fes parties organiques la même proportion de groffeur, de folidité, de

configuration › que lors qu'elle en eft fortie. Car on a remarqué fouvent que la tête, par exemple, du poulet, lors qu'il eft dans l'œuf, & qu'il paroît comme fous la forme d'un ver, eft beaucoup plus groffe que tour le refte du corps, & que les os ne prennent leur confiftance qu'aprés les autres parties. Je pretens feulement, que toutes les parties organiques des abeilles font formées dans leurs vers, & fi bien proportionnées aux loix des mouvemens, que par leur propre conftruction, & l'efficace de ces loix, elles peuvent crof tre & prendre la figure convenable à leur état, fans que Dieu, › pour ainfi dire , y touche de nouveau par une. Providence xtraordinaire. Car c'eft en cela que confifte la fage ffe incomprchenfible de la Providence divine. C'eft ce qui la peut juftifier, quoi qu'il s'engendre fouvent des animaux monft ueux; car Dieu ne doit pas faire un miracle pour les empêcher de fe former. Au temps de la Création, il a conftruit pour les fiécles futurs les animaux & les plantes. Il a établi les loix des mouvemens neceffaires pour les faire croître. Maintenant il fe repofe, parce qu'il ne

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