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mort nous furprend maintenant en con fequence des loix naturelles, & qu'il n'y ait rien de miraculeux qu'un homme fe trouve écrafé lors qu'une maifon s'écroule fur lui. Car vous fçavez que c'eft de l'heureux ou du malheureux mo ment de la mort dont dépend nôtre éternité.

Theodore.

ARISTE. Doucement C'eft Dieu qui regle ce moment. Nôtre mort dépend de lui. Dieu feul peut nous donner le don de la perfeverance.

V. THEODORE. Qui en doute? Nôtre mort dépend de Dieu en plufieurs manieres. Elle dépend de Dieu, parce qu'elle dépend de nous. Car il eft en nôtre pouvoir de fortir d'une maison qui menace ruïne, & c'eft Dieu qui nous a donné ce pouvoir. Elle dépend de Dieu, parce qu'elle dépend des Anges. Car Dieu a donné aux Anges le pouvoir & la commiffion de gouverner le monde, ou le dehors, pour ainfi dire, de fon Eglife. Nôtre mort heureuse dépend de Dieu, parce qu'elle dépend de Jefus-Chrift. Car Dieu nous a donné en Jefus-Chrift un Chef qui veille fur nous, & qui ne fouffrira pas que la mort nous furprenne malheureusement,

finous lui demandons comme il faut le don de la perfeverance. Mais peníez+ vous que nôtre mort ne dépende pas auffi de Dieu, en ce fens qu'il a reglé & produit cette premiere impreffion de mouvement, dont une des fuites eft, que telle maifon doit s'écrouler dans tel temps & dans telles circonftances? Tout dépend de Dieu, parce que c'eft lui qui a établi toutes les caufes tant libres que neceffaires, & que fa prefcience eft fi grande, qu'il fe fert auffi heureufement des unes que des autres. Car Dieu n'a pas communiqué au hazard fa puiffance aux efprits: il ne l'a fait qu'aprés avoir prévû toutes les fuites de leurs mouvemens, auffi-bien que ceux de la matiere. De plus tout dépend de Dicu, parce que toutes les caufes ne peuvent agir que par l'efficace de la puiffance divine. Enfin tout dépend de Dieu, parcè qu'il peut par des miracles interrompre le cours ordinaire de fa Providence, & qu'il ne manque mêmes jamais de le faire, lors que l'Ordre immuable de fes perfections l'exige, je veux dire, lors que ce qu'il doit à fon immutabilité eft de moindre confideration que ce qu'il doit à fes autres attributs. Mais nous

vous expliquerons tout cela plus exacte ment dans la fuite. Comprenez donc, Arifte, que nôtre falut eft déja afluré dans l'enchaînement des caufes tant libres que neceflaires; & que tous les effets de la Providence generale font tellement liez enfemble, que le moindre mouvement de la matiere peut concourir en confequence des loix generales à une infinité d'évenemens confiderables, & que chaque évenement dépend d'une infinité de caufes fubordonnées. Admirez encore un coup la profondeur de la fagefle de Dieu, qui certainement, avant que de faire fon premier pas, a comparé les premiers mouvemens de la matiere, non feulement avec toutes fes fuites naturelles ou neceffaires, mais encore à bien plus forte raifon avec toutes les fuites morales & furnaturelles dans toutes les fuppofitions poffibles.

ARISTE. Affurément, Theodore, du point de vue où vous m'avez placé, je découvre une fageffe qui n'a point de bornes. Je comprens clairement & diftinctement, que la Providence generale porte le caractere d'une intelligence infinie, & qu'elle eft tout autrement in

comprehenfible que ne s'imaginent ceux qui ne l'ont jamais examinée. O profondeur des trefors de la fageffe, & de la fcience de Dieu! Que fes jugemens font impenetrables, & fes voyes incomprehenfibles! Une Providence fondée fur une volonté abfoluë, eft bien moins digne de l'Etre infiniment parfait; elle porte bien moins le caractère des attributs divins, que celle qui eft reglée par des trefors inépuifables de fageffe & de prescience.

VI. THE ODORE. C'est ce que je voulois vous faire voir. Defcendons maintenant à quelque détail qui vous délaffe l'efprit, & qui vous rende fenfible une partie des chofes que vous venez de concevoir. Ne vous êtes-vous jamais diverti à nourrir dans une boëte quelque chenille ou quelqu'autre infecte qu'on croit communément fe transformer en papillon ou en mouche ?

ARISTE. Oh oh, Theodore ! vous allez tout d'un coup du grand au petit. Vous revenez toûjours aux infeЄtes.

THEODORE. C'eft que je fuis bien-aife que nous admirions ce que tout le monde méprise.

ARISTE. Quand j'étois enfarr, je me fouviens d'avoir nourri des vers à foye. Je prenois plaifir à leur voir faire leur coque, & s'y enterrer tous vivans pour reffufciter quelque temps aprés.

THE OTIME. Et moi, Theodore, j'ai actuellement dans une boëte avec du fable un infecte qui me divertit, & dont je fçai un peu l'hiftoire. On l'appelle en Latin Formica-leo. Il fe transforme en une de ces efpeces de mouches qui ont le ventre fort long, & qu'on appelle, ce me femble, Demoifelles.

THEODORE. Je fçai ce que c'eft, Theotime. Mais vous vous trompez de croire qu'il fe transforme en Demoifelle.

THEOTIME. Je l'ai vû, Theodore: ce fait eft conftant.

THEODORE. Et moi, Theotime, je vis l'autre jour une taupe qui fe transforma en merle. Comment voulez-vous qu'un animal fe transforme en un autré? Il eft auffi difficile que cela fe faffe, que d'un peu de chair pourrie il se forme

des infectes.

THEOTIME. Je vous entens, Theodore. Le Formica-leo ne fe transforme

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