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Eph. s.

précedé le péché, la figure de Jefus Chrift & de fon Eglife : Sacramentum hoc magnum eft : Ego autem dico in Rom. 5. Chrifto & in Ecclefia; le premier Adam étant la figure du fecond, forma futuri jufques dans fon péché. C'eft, Arifte que la prefcience de Dieu étant infinic, elle a reglé toutes chofes. Dieu a permis le péché. Pourquoi ? C'eft qu'il a prévû que fon ouvrage reparé de telle & telle maniere vaudroit mieux que le même ouvrage dans fa premiere conftruction. Il a établi des loix generales qui devoient faire geler & grêler les campagnes : il a crcé des bêtes cruelles, & une infinité d'animaux fort incommodes. Pourquoi cela ? C'eft qu'il a prévû le péché. Il a mis une infinité de rapports merveilleux entre tous ces ouvrages: il a figuré Jefus Chrift & fon Eglife en mille manieres. C'eft un effet & une marqué certaine de fa prescience & de fa fageffe. Ne trouvez donc point mauvais que Dieu ait fait ufage de fa prefcience, & qu'il ait d'abord combiné fagement le phyfic avec le moral, non pour le peu de temps que le premier

homme devoit conferver fon innocence, mais par rapport à lui & à tous fes

enfans tels qu'ils devoient être jufques à la fin des ficcles. Adam ne pouvoir pas fe plaindre que les animaux fe mangeaffent les uns les autres, lui rendant à lui, comme à leur Souverain, le refpect qui lui étoit dû. Il devoit plûtôt apprendre par là , , que ce n'étoit que des brutes incapables de raifon, Dieu l'avoit diftingué entre toutes les créatures.

& que

XII. ARISTE. Je comprens bien ce que vous me dires. Dieu a eu de bonnes raifons de créer de grands ani-' maux capables de nous punir. Mais pourquoi tant de petits infectes qui ne nous font ni bien ni mal, & dont la mécanique eft peut-êre plus merveilleufe que celle des grands animaux ? Mécanique cachée à nos yeux, & qui ne nous fait point connoître la fageffe du Créateur.

THE ODOR F. Sans m'arrêter à vous prouver qu'il n'y a point d'animal pour petit qu'il foit, qui ne puiffe de Fun à l'autre avoir quelque rapport à nous; je vous répons que le principal deffein de Dieu dans la formation de ces petits infectes n'a point éré de nous faire par eux quelque bien ou quelque

mal, mais d'orner l'Univers par des off vrages dignes de fa fagefle & de fes autres attributs. Le commun des hommes méprise les infectes: mais il fe trouve des gens qui les confiderent. Apparemment les Anges mêmes les admirent. Mais quand toutes les intelligences les négligeroient, il fuffit que ces petits ouvrages expriment les perfections divines, & rendent l'Univers plus parfait en lui-même, quoi que moins commode pour des pécheurs, afin que Dieu les créaft, fuppofé qu'il pût les conferver fans multiplier fes voyes. Car Dieu a fait affûrément l'ouvrage le plus parfait par les voyes les plus generales & les plus fimples. Il a prévu que les loix des mouvemens fuffifoient pour conferver dans le monde l'efpece de tel infecte qu'il vous plaira. Il a voulu tirer de fes loix tous les ufages poffibles pour rendre fon ouvrage plus achevé. Il a donc förmé d'abord toute l'efpece de cet infecte par la divifion admirable d'une certaine portion de matiere. Car il faut toûjours avoir bien dans l'efprit, que c'eft par le mouvement que tout fe fait dans les corps, & que dans la premiere détermination des mouvemens il étoit indiffe-.

rent

rent à Dieu de mouvoir les parties de la matiere en un fens ou en un autre, n'y Entreayant point de loix generales des com- tien X. munications de mouvement avant que corps fe fuffent choquez.

les

ARISTE. Je conçois cela, Theodore. Un monde rempli d'une infinité d'animaux petits & grands, eft plus beau & marque plus d'intelligence qu'un autre où il n'y auroit point d'infectes. Or un tel monde ne coûte pas plus à Dieu, pour parler ainfi, qu'un autre, ou ne demande pas une Providence plus compofée & plus particuliere, & porte par conféquent autant que tout autre le caractére de l'immutabilité divine. Il ne faut donc pas s'étonner que Dieu ait fair un fi grand nombre d'infectes.

XIII. THEODORE. Ce que nous disons-là, Arifte, eft general, & n'exclud pas une infinité de raifons que Dieu a eues de faire le monde tel qu'il eft.

ARISTE. Il faut que je vous dife, Theodore, une perfée qui m'eft venuë dans l'efprit, lors que vous me parliez de la transformation apparente des infectes. Les vers rampent fur la terre. I's y menent une vie trifte & humilianTome II,

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n. 17.

te. Mais ils fe font un tombeau d'où ils fortent glorieux. Je me fuis imaginé que par là Dieu vouloit figurer la vie, la mort & la réfurrection de fon Fils, & mêmes de tous les Chretiens.

THEODORE. Je fuis bien-aife, Arifte, que cette penfée vous foit venuë dans l'efprit. Car quoi qu'elle me paroiffe fort folide, je n'aurois pas ofe vous la propofer.

ARISTE. Pourquoi cela ? THEODORE. C'eft qu'elle a je ne fçai quoi de bas qui déplaît à l'imagination. Outre que ce mot feulement de ver ou d'infecte joint à la grande idée que nous devons avoir du Sauveur, peut exciter la raillerie. Car je penfe que vous fçavez que le ridicule confifte dans la jonction du petit au grand.

ARISTE. Oui mais ce qui paroît ridicule à l'imagination eft fouvent fort raifonnable & fort jufte. Car c'eft fouvent que nous méprifons ce que nous ne connoiffons pas.

THEODORE. Il eft vrai, Ariste. Le lys champêtre que nous négligeons eft plus magnifiquement paré que Salomon dans toute fa gloire. Jefus-Chrift n'a point craint la raillerie, lors qu'il a

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