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deux esprits supérieurs. Telle étoit la doctrine des anciens Perses: ils croyoient que le monde est gouverné par le ministère des anges, chacun desquels a ses fonctions propres, et c'est encore aujourd'hui la croyance des Guèbres (1).

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« Il paroît par les relations anciennes et mo» dernes de l'Inde, qu'il y a plusieurs tribus ou » nations indiennes qui reconnoissent et ado» rent un être suprême, cause première et productrice de toutes choses : ils pensent aussi » que ce Dieu, trop grand pour s'abaisser jusqu'à se mêler des affaires de ce monde, qu'ils jugent trop au-dessous de lui, a créé des dieux sub» alternes pour en prendre soin à sa place. Ces » dieux du second ordre en ont encore d'autres » au-dessous d'eux, ce qui forme une hiérarchie » divine très-nombreuse : chaque dieu mérite des honneurs et un culte particulier (2).

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(1) The ancient Persians firmly believed the ministry of angels, and their superintendance over the affairs of this world (as the Magians still do) and therefore assigned them distinct charges and provinces, giving their names to their months and the days of their months. Sale, the Koran translated, etc., vol. I, prélim. disc., sect. IV, p. 95. London, 1764.

(2) Relation des missionnaires danois, part. II, p. 7 et suiv. Phillip's account of religion, etc. of the people

of Malabar.

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» M. Knox, ayant passé vingt ans dans l'île de Ceylan, a eu occasion de connoître à fond >> les mœurs et la religion de ses habitans. Ils » adorent plusieurs dieux, et même les mauvais génies, craignant d'être détruits par ceuxci. Ils reconnoissent aussi un Dieu suprême, qu'ils appellent le créateur du ciel et de la > terre. Ce premier Être a, selon eux, des dieux » inférieurs sous lui, auxquels il a donné ses » ordres pour le gouvernement du monde, le

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» maintien de l'ordre et de l'harmonie dans >> toutes ses parties : ils ont des prêtres et des temples pour les divinités subalternes; mais >> le Dieu suprême n'a aucune sorte de culte (1). » Il en est de même au Malabar, où on recon» noît néanmoins une divinité souveraine qui a » créé le ciel et la terre, et qui jugera les hom» mes, les récompensera ou les punira, selon » les bonnes ou les mauvaises œuvres qu'ils au>> ront faites (2).

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» Les habitans de la Floride adorent aussi un Dieu, créateur de toutes choses, qu'ils nom»ment Okée : ils ont des prêtres qui lui offrent » des sacrifices; mais ils ne pensent pas qu'il se

(1) Leland, Nouv. demonst. évang., part. I, chap. II, tom. I, p. 123 et 124.

(2) Voyages de Schouten; tom. I, p. 536 et suiv.

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, mêle des affaires humaines; il en a remis le » soin à des dieux inférieurs qui règlent tout, » et auxquels, par conséquent, ils rendent un »culte religieux. Le soleil et la lune sont deux » des principaux dieux subalternes (1)

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Chaque nation, chaque ville, chaque famille, chaque individu même, se choisissoit, selon ses désirs ou ses craintes, un protecteur particulier parmi ces dieux multipliés à l'infini. Ces bizarres divinités qu'enfantoit incessamment la superstition, n'étoient, comme le remarque l'auteur de l'Histoire des causes premières, « que » des dieux tutélaires, des espèces de talismans, » de fétiches (2) ou de symboles, qu'on suppo» soit doués de quelque vertu secrète et magi

que', par l'attache de quelque démon ou gé»> nie, pour porter bonheur ou malheur à l'ami

ou à l'ennemi : ce ne pouvoit être autre chose. >> Croire que des boucs, des chiens, des chats, » des scarabées, de petits cailloux d'une cer» taine forme, des marmousets d'or ou de lai» ton, étoient ou pouvoient être, dans l'esprit » d'aucun peuple civilisé, le plus haut degré de la divinité, reine et maîtresse de l'univers, c'est

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(1) Leland, loc. cit., p. 127 et 129.

(2) Ce nom, suivant le président De Brosses, vient du mot portugais fetisso, qui signifie chose fée, enchantée, divine, rendant des cracles.

» une erreur impossible, une absurdité qui ne >> peut se trouver dans aucune tête, pensante où non. En un mot, ces dieux n'étoient que ce » que sont encore parmi nous les patrons révé» rés par les provinces, par les villes, par les bourgades (1); que ce que sont les reliques, » les images des personnes dont le nom a été

>>

(1) Il suffit d'ouvrir les ouvrages des anciens, pour reconnoître la vérité de ce que dit ici l'abbé Le Batteux. Dans une de ses tragédies, Eschyle fait ainsi parler le choeur: « Dieux puissans, saints et saintes de cette terre, » vous qui gardez nos tours, ne livrez pas cette ville belliqueuse à une armée d'hommes qui parlent une langue » étrangère ! Écoutez les vierges, écoutez, comme il est » juste, les prières suppliantes. Génies amis de cette ville, >> vous ses libérateurs, et ses protecteurs, montrez qu'elle » vous est chère. Vous aimez le culte qu'on vous rend; » défendez-le donc; souvenez-vous de nos pompes sacrées » et de nos sacrifices! >>

ἰὼ παναλκεῖς θεοί,

ἰὼ τέλειοι τέλειαί τε γᾶς
Τᾶς δὲ πυργοφύλακες,
Πόλιν δορίπονον μὴ προδώ
θ ̓ ἑτεροφώνῳ μοι στρατῷ.
Κλύετε παρθένων, κλύετε πανδίκως
Χειροτόνους λιτάς.

ἰὼ φίλοι δαίμονες,

Λυτήριοι ἀμφιβάντες πόλιν,

Δείξαθ ̓ ὡς φιλοπόλις,

» consacré par la piété, avec cette différence >> toutefois qu'aujourd'hui l'artisan distingue le » culte rendu au serviteur, de celui qu'il doit » au maître, et que les païens oublïoient totale»ment les droits du maître pour lui substituer » un rival imaginaire, dont souvent le culte >> étoit un crime encore plus qu'une erreur (1) ».

Μέλεσθε δ' ἱερῶν δημίων,

Μελόμενοι δ' ἀρήξατε·

Φιλοθύτων δὲ τοι πόλεως ὀργίων
Μνήστορές ἐστὲ μοι.

Septem ad Theb., scen. III. Eschyl. tragad., tom. I,
p. 93. Ed. Schütz; Hala, 1800. Οτι σέβονται... καὶ τοὺς
Eyxwpious daiμovaç. Strab., lib. XV, p. 494. Des Bourgui-
gnons à qui saint Columban annonçoit l'Evangile, le mal-
traitèrent, en disant : « Ce sont nos anciens dieux, les
» gardiens de ce pays, qui nous ont sécouru jusqu'à
» ce jour. » Aleman. rerum scriptores, tom. I, p. 236,
237. Les voyageurs adressoient des prières au dieu tu-
télaire du lieu d'où ils partoient. Ils en avoient d'autres
pour les dieux, sous la protection desquels étoient les
lieux par où ils passoient; d'autres enfin pour les divinités
du lieu où se terminoit leur voyage. La formule de ces
prières nous a été conservée dans les inscriptions, Pro
salute, itu, et reditu. Hist. de l'acad. des Inscriptions,
tom. II, p. 19 et 20. Le dieu tutélaire est appelé dans
Virgile, genium loci. Eneid. lib. VII, v. 136. Nul-
lus enim locus sine genio est, dit Servius, in Æneid., V.
(1) Hist. des causes premières, par l'abbé le Batteux,
p. 148 et 149.

و

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