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CHAPITRE XXVII.

Suite du même sujet.

EN considérant ce qu'offrent d'universel les croyances du genre humain, nous avons montré que partout on a reconnu

1o. L'unité d'un Dieu éternel, tout-puissant, créateur et conservateur;

2o. L'existence d'esprits intermédiaires de différens ordres, qui sont les ministres du Dieu suprême dans le gouvernement du monde; les uns bons et qu'il est utile d'invoquer (1), ainsi que les âmes des hommes vertueux, élevés après la mort à un haut degré de gloire et de puissance; les autres mauvais et que nous devons craindre,

(1) Bacon met au nombre des paradoxes ou des contradictions apparentes du christianisme : Que nous ne demandions rien aux anges, et que nous ne leur rendions grâces de rien, tout en croyant que nous leur devons beaucoup. (Christ. paradoxes, etc. Works, tom. II, p. 494.) Cette contradiction, qui n'est point du tout apparente, ne se trouve point, comme l'observe M. le comte de Maistre, dans le christianisme total. Soirées de S.-Pétersb., t. II,

P. 447.

parce qu'ils cherchent sans cesse à nous nuire. 3o. La nécessité du culte (1);

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Toutes ces croyances sont vraies : elles forment encore une partie principale des dogmes chrétiens; nous honorons les anges et les saints, nous les invoquons. Mais les hommes ont fait plus ils les ont adorés, et les démons mêmes, violant ainsi le premier des devoirs envers le Souverain Etre; et, comme nous l'avons prouvé, l'idolâtrie, par son essence, n'est pas la négation d'une vé– rité, mais la transgression d'un commandement; elle n'est pas une erreur, mais un crime.

Les païens, en commettant ce crime, avoient d'autant moins d'excuse que nulle part on n'i

(1) Hi certè à pueritiâ ad deos affirmandos eo maximè inducere animum potuerunt, quod, dùm lacte nutrirentur, à nutricibus matribusque multa de illis joco et seriò dicta decantataque in orationibus audiebant, et in sacrificiis videbant consentanea quæque illis fieri, quæ suavissimè pueri et vident, et audiunt, dùm parentes eorum summo studio pro se liberisque sacrificare, et supplices orare deos, quasi quàm maximè dii sint, viderent; nec non quotidiè in ortu et occasu solis et lunæ Græcos et barharos omnes, tam in rebus adversis, quàm secundis, conspicerent adorare; atque ex hoc non suspicionem quòd dii non sint afferre; sed testimonium quòd sint, absque controversiâ perhibere. I lat. de Legib., lib. X. Oper., t. IX, p. 71, 72.

gnoroit que le culte devoit principalement s'adresser au Dieu suprême. Ce devoir est marqué très-expressément dans un grand nombre de passages que nous avons produits, et plusieurs même rappellent l'obligation de n'adorer que Dieu (1), toujours attentif à conserver, par mille moyens divers, au milieu d'un monde corrompu, le souvenir de son existence et de sa loi.

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Macrobe observe que pour montrer la toute puissance du Dieu suprême, qui étant toujours invisible, ne peut être connu que par l'esprit ; » Platon appelle cet univers le Temple de Dieu. Quelque vénération qu'on ait pour les parties » de ce temple, elle est bien différente du sou» verain culte qui appartient à son auteur; et >> tous ceux qui servent au temple de Dieu » doivent vivre en véritables prêtres (2). »

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(1) Quand nous estimons, dit saint Justin, qu'on ne doit pas adorer les ouvrages de la main des hommes, nous ne faisons qu'approuver le sentiment de Menandre et de plusieurs autres, qui se fondoient sur cette raison que l'ouvrier est toujours plus noble que son ouvrage. Τῷ δὲ καὶ μὴ δεῖν χειρῶν ἀνθρώποις προσκυνεῖν, Μενάνδρῳ τῷ και μικῷ, καὶ τοῖς ταῦτα φήσασι, ταὐτὰ φράζομεν· μείζονα γὰρ τὸν δημιουργὸν τοῦ σκευαζομένου ἀπεφήναντο. S. Justin, Apolog. II, Oper., pag. 66, Lutet., Paris, 1615.

(2) Ideo ut summi omnipotentiam Dei ostenderet posse vix intelligi, nunquàm videri, quidquid humano subji

« Il faut, dit Hiéroclès, reconnoître et servir » les dieux, de sorte que l'on ait grand soin de » les bien distinguer du Dieu suprême, qui est >> leur auteur et leur père; il ne faut pas non plus » trop exalter leur dignité; et enfin le culte qu'on >> leur rend doit se rapporter à leur unique créa» teur, que l'on peut nommer proprement le » Dieu des dieux, parce qu'il est le maître de » tous, et le plus excellent de tous (1). »

On voit par ces passages qu'au sein même du paganisme, il y eut toujours des hommes qui s'élevèrent contre le principe de l'idolâtrie. Elle étoit, de plus, universellement condamnée sous un autre rapport; car, en s'abandonnant à des cultes impies et abominables, le monde entier savoit que le culte de la Divinité devoit être saint comme elle (2). On a vu que le théâtre

citur aspectui templum ejus vocavit, qui solâ mente concipitur. Ut qui hæc veneratur ut templa, cultum tamen maximum debeat conditori, sciatque quisque in usum templi hujus inducitur, ritu sibi vivendum sacerdotis. Macrob. Somn. Scip., lib. I, v. 14. Ces dernières paroles rappellent celles de saint Pierre : « Vos... regale sacerdotium, gens sancta. » Ep. I, cap. II • 9.

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(1) Hierocl. in Carmin. Aur., p. 10.

(2) Dans les oracles chaldaiques, il est ordonné de rendre à Dieu un culte saint, σεβασθήναι Θεὸν ἁγνῶς.

Deos pla

même retentissoit de cette maxime, consacrée par les poètes, les philosophes, les legislateurs.

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La prière (1) et le sacrifice, voilà le culte suivant Platon; et point de véritable culte sans la piété et la sainteté (2). L'homme qui s'abandonne à ses passions, « ne sera jamais cher à >> aucun autre homme ni à Dieu; car il ne peut y avoir de société entre eux, ni par conséquent » d'amitié. Mais les sages disent qu'il existe entre » le ciel et la terrre, entre les hommes et les » Dieux une société fondée sur la tempérance, » la modestie et la justice (5). C'est donc en vain

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catos efficiet, et sanctitas. Cicer., De officiis ; lib. II, cap. III, n. 11.

(1) Point de religion sans prières. Voltaire, Addit. à l'Hist. génér., p. 38. Edit. de 1763.

(2) Τοῦτο τοίνυν ἐμοιγε δοκεῖ, τὸ μέρος τοῦ δικαίου εἶναι εὐσε βές τε καὶ ὅσιον τὸ περὶ τὴν τῶν θεῶν θεραπείαν· τὸ δὲ περὶ την τῶν ἀνθρώπων, τὸ λοιπὸν εἶναι τοῦ δικαίου μέρος... Τίς δὴ θεῶν θεραπεία εἴη ἄν ἡ ὁσιότης... Τί δὴ αὖ λέγεις τὸ ὅσιον εἶναι καὶ τὴν ὁσιότητα; οὐχὶ ἐπιστήμην τινὰ τοῦ θύειν τε καὶ εὔχεσθαι; Plat,, Eutiphro., Oper., tom. I, pag. 28, 29, 31 et 32, Edit. Bipont. Id., De Legib., lib. IV, tom. VIII, pag. 186; et lib X, tom. IX, pag. 65 et seqq.

(5) Οὔτε γὰρ ἂν ἄλλῳ ἀνθρόπῳ προσφιλής ἂν εἴη ὁ τοιοῦτος, οὔτε Θεῷ. Κοινωνεῖν γὰρ ἀδύνατος· ὅτῳ δὲ μὴ ἔστι κοινωνία, φιλία οὐκ ἂν εἴη. Φασὶ δ ̓ οἱ σοφοὶ, καὶ οὐρανὸν καὶ γὴν, καὶ θεοὺς καὶ ἀνθρώπους τὴν κοινωνίαν συνέχειν, καὶ φιλίαν καὶ κοσμιότητα, καὶ σω

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