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universel forme la plus puissante preuve (1). Dans un autre endroit, il ajoute : «Nous affirmons » qu'une chose est ainsi, quand tous les hommes » croient qu'elle est ainsi : celui qui ôteroit cette foi, ne diroit rien de plus croyable (2).

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Epicure enseignoit aussi, dans son livre de la régle et du jugement, que ce sur quoi les hommes s'accordent, est nécessairement vrai (3) : maxime que Cicéron adopte et cite avec admiration (4). « La nature, dit-il ailleurs, nous apprend à regarder comme certains les rapports des sens, lorsqu'ils sont uniformes dans tous les hommes; » et quand, au lieu d'offrir cette constante uniformité, ils diffèrent et varient dans chaque

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(1) Κράτιστον πάντας ἀνθρώπους φαίνεσθαι συνομολογοῦντας Tois inOncoμévous potentissima probatio est, si in id quod dicimus omnes consentiant. Arist. ap. Grot. eod. loc.

(2) Ο γὰρ πᾶσι δοκεῖ, τοῦτο εἶναι φαμὲν· ὁ δ ̓ ἀναιρῶν ταύτην τὴν πίστιν, οὐ πάνυ πιστότερα ἔρει. Quod omnibus ita videtur, id ità esse dicimus; qui verò hanc fidem velit tollere, nihilo ipse credibiliora dicet. Arist. Ethic. ad Nicomach., lib. X, cap. X, tom. II. Oper., p. 97. Aurel. Allobrog., 1605.

(3) De quo autem omnium natura censentit, id verum esse necesse est. De nat. Deor., lib. I, cap. XVII.

(4) Cujus rationis vim, atque utilitatem ex illo cœlesti Epicuri, de regulâ et judicio, volumine accepimus. Ibid., cap. XVI.

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homme, alors nous les jugeons faux (1). Le consentement commun est également, aux yeux de Sénèque, la marque de la vérité (2). Salluste, le philosophe, se sert du même principe pour prouver que Dieu est bon, impassible, immuable (3). Il vaut mieux croire à tous qu'à un seul, dit Pline-le-Jeune; car un homme peut tromper et être trompé; mais nul ne trompa jamais tous les hommes, ni ne fut jamais trompé par eux (4). Et Quintilien, avec cette droiture de sens qui le distingue : Nous tenons pour certain ce qu'on s'accorde à regarder comme vrai (5).

Partout on a senti l'importance de cette règle toujours connue, toujours enseignée. Il est né

(1) Perturbat nos opinionum varietas, hominumque dissentio; et quia non idem contingit in sensibus, hos naturâ certos putamus; illa, quæ aliis sic, aliis secùs, nec iisdem semper uno modo videntur, ficta esse ducimus. De legib., lib. I, cap. XVII, n. 47.

(2) Apud nos veritatis argumentum est aliquid omnibus videri. Senec., Ep. 117.

(5) Κοιναὶ δὲ εἰσιν ἔννοιαι ὅσας πάντες ἄνθρωποι ἐρωτηθέντες ὁμολογήσουσιν, οἷον ὅτι πᾶς θεὸς ἀγαθὸς, ὅτι ἀπαθής, ὅτι ἀμετά 6ntos. Sallust., De Diis, pag. 33.

(4) Meliùs omnibus quàm singulis creditur, singuli enim decipere et decipi possunt; nemo omnes, neminem omnes fefellerunt. Plin. in Pan. Trajan., cap. LXII.

(5) Pro certis habemus ea in qua communi opinione consensum est. Quintil. Instit. Orat.

cessaire, disent les docteurs Juifs, que le témoignage général soit vrai, et tout ce qu'on y oppose ne mérite pas de réponse (1).

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C'est uniquement sur cette base que reposent les croyances du genre humain, et jamais on n'eut d'autre moyen de reconnoître avec certitude les vérités dont se compose la religion révélée originairement. Aussi Socrate, Platon, Cicéron, Sénèque et les autres philosophes anciens, recourent-ils sans cesse au consentement unanime des peuples, lorsqu'ils veulent établir l'existence de Dieu (2), l'immortalité de

(1) Scito inter sapientes fuisse controversiam an scientia quæ per crebram famam habetur sit necessaria, vel probabilis. Circa quod, dictis pro et contra quain plurimis, conclusio omnium est ipsam esse necessariam................ Nihil igitur quod contra crebram famam dictum est meretur responsum. Pugio fidei, II part., cap. VIII, p. 367. Lips., 1687.

(2) Facile est veritatem hanc ostendere, quod dii sínt. Quo pacto? Primùm quidem terra, sol, sidera, ipsumque universum. . . id ostendunt: Græcorum prætereà barbarorumque omnium consensus, Deos esse fatentium. Plat. de Legib., lib. X, Oper., tom. IX, p. 67 et 68. Ed. Bipont. Cicer. de Legib., lib. I, cap. VIII. De nat. Deor., lib. I, Orat. de Harusp. respons., cap. IX. Après avoir cité plusieurs passages de ce philosophe, Bayle ajoute : « Je vous avoue que c'est » prendre pour la principale preuve de l'existence de

l'âme (1), les lois de la justice (2). Sortant de la voie de l'autorité, essaient-ils de soumettre à leur jugement ces importantes questions; ils hésitent (3), leur foi chancelle, ils ne savent que dire ni que penser (4), une nuit profonde les environne, jusqu'à ce que la lumière de la tradition vienne de nouveau les éclairer.

Y a-t-il des Dieux? Je voudrois être persuadé

» Dieu le consentement du peuple et la tradition. » Continuation des Pensées diverses, tom. III, p. 40. - Multùm dare solemus præsumptioni omnium hominum. Apud nos veritatis argumentum est aliquid omnibus videri. Tanquàm deos esse sic colligimus, quòd omnibus de diis opinio insita sit; nec ulla gens usquàm est adeò extra mores legesque projecta, ut non aliquos deos credat. Senec., Ep. CXVII. Elian. var. Histor., lib. II, cap. XXXI.

(1) Cicer. Tuscul., lib. I, cap. XVI. Cùm de animarum immortalitate loquimur, non leve momentum apud nos habet consensus hominum, aut timentium inferos aut colentium. Senec., Ep. 117.

(2) Quæ autem natio non comitatem, non benignitatem, non gratum animum et beneficii memorem diligit ? Quæ superbos, quæ maleficos, quæ crudeles, quæ ingratos non aspernatur, non odit? Cicer., de Legib., l. I, c. XI.

(3) Il n'y a, dit Porphyre, aucune opinion chez les philosophes qui soit absolument certaine, à cause des raisons que l'on peut apporter pour et contre. Lib. de Hist. anim. Euseb., Præp. Evang., lib. XIV, cap. III. (4) Cicer., Tusculan. quæst., lib. I, cap. XXXI.

» de leur existence, non seulement par l'autorité, mais encore par le raisonnement; car il » se présente à mon esprit des réflexions qui le » troublent, et quelquefois il me semble que les » Dieux n'existent pas (1)? »

Voilà l'homme abandonné à lui-même ; voici le sage:

« Mais je ne dirai rien contre ce qui vous est > commun avec les autres philosophes : presque » tous croient qu'il existe des dieux ; je le crois » donc aussi, et je ne dispute point (2).

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Demandez à Cicéron si l'âme est immortelle, il vous répondra « que, par sa raison seule, il » ne peut former que des conjectures. Quelle » est la plus vraisemblable? C'est une grande question (3). » Mais bientôt, levant la tête et

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Senec., Ep. 88. Plutarch., De Placitis philosoph., lib. IV, cap. II et III. — Galen. De usu partium, cap. I, II, III, V et IX. Plin., Hist. nat., lib. VII, c. LV. (1) Quæritur primùm.... sint ne dii, nec ne sint. . . . Esse deos persuaderi mihi non opinione solùm, sed etiam ad veritatem planè velim : multa enim occurrunt, quæ conturbent, ut interdùm nulli esse videantur. De natur. Deor., lib. I, cap. XXII.

(2) Sed... quæ communia sunt vobis (epicureis) cum ceteris philosophis, non attingam, ut hoc ipsum : placet enim omnibus ferè, mihique ipsi in primis, deos esse: itaque non pugno. Id., ibid.

(3) Ut homunculus unus à multis probabilia conjecturâ

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