On a cru pouvoir inférer des vers 3 et 4 de cette Ode, ou il est question de combattre les Parthes, qu'elle fut écrite avant l'an 733 où l'on fit la paix avec eux : je crois la conséquence gratuite. Fussions-nous en paix avec l'Angleterre, nous parlerions encore d'élever des marins pour combattre les Anglois; et rien par conséquent ne peut fixer la date de cette pièce. La marche qu'y suit le poète a produit beaucoup de contestations; on a été jusqu'à la diviser en trois Odes, faute d'avoir aperçu la liaison qui existe entre ses parties. Je crois l'avoir rendue sensible dans ma traduction. Horace veut rappeler ses contemporains aux vertus guerrières de leurs ancêtres ; il les exhorte à revenir à l'ancienne éducation toute belliqueuse, et en représente les effets. Mais, dit-il ensuite , cette même vertu qui sait mourir pour la patrie, dédaigne les brigues et les honneurs dont le peuple dispose; elle donne à ses favoris le seul prix qui soit digne d'elle, l'immortalité. Cependant, comme tout le monde ne peut y parvenir, elle a d'autres prix pour les qualités plus modestes, la piété, le silence religieux. Ne dút-on enfin compter sur aucune réconpense, il faut craindre les châtimens qui tombent toujours sur l'impiété. Il me semble que l'on trouvera dans l'Ode ainsi analysée toute la liaison que demande la poésie lyrique; il seroit superflu d'en développer les beautés. Cette Ode annonce, comme la précédente, un poète nourri de la lecture des auteurs grecs; mais elle n'offre aucune imitation qui mérite d'être remarquée. Le mètre est l'alcaïque dont nous avons rappelé la composition dans l'argument de l'Ode première. ODE II. Aux injures de l'air , aux périls de la guerre ; A souffrir l'indigence austère, Qu'au jour où sous les murs de la ville ennemie La fille ou l'épouse chérie Hélas ! novice encor dans cet art homicide ; « Que mon royal époux se garde d'assaillir « Ce lion de meurtres avide , « Qui de sang et de morts ne sauroit s'assouvir ! » La mort pour la patrie est douce et glorieuse ; Elle atteint sa fuite honteuse; Mais de son pur éclat la vertu rayonnante L'orgueil d'une foule inconstante, Au ciel, par des chemins interdits au vulgaire , Et loin des fanges de la terre , Il en est qu'elle garde au fidèle silence : Mon toit repousse sa présence : Dans mon esquif léger qu'il ne vogue jamais ! Jupiter oublié, souvent près du coupable Et lente, mais inévitable, |