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qui les avoisinent & produisent cet asphalte liquide que

l'on voit s'élever continuellement à la furface du lac maudit, dont néanmoins les Arabes & les Égyptiens ont fu tirer beaucoup d'utilité, tant pour goudronner leurs bateaux que pour embaumer leurs parens & leurs oiseaux facrés; ils recueillent fur la furface de l'eau cette huile liquide, qui par fa légèreté la furmonte comme nos huiles végétales.

L'afphalte fe trouve non-feulement en Judée & en plufieurs autres provinces du Levant, mais encore en Europe & même en France; j'ai eu occafion d'examiner & même d'employer l'asphalte de Neufchâtel, il eft de la même nature que celui de Judée; en le mêlant avec une petite quantité de poix, on en compose un mastic fumée, comme la poudre fulminante des Chimiftes, & fe difperfent en divers éclats; mais cela ne fe voit que fur les bords, car vers le milieu l'eruption fe manifefte par des colonnes de fumée qui s'élèvent de temps en temps fur le lac: c'est peut-être à ces fortes d'éruptions qu'on doit attribuer un grand nombre de trous ou de creux qu'on trouve autour de ce lac, & qui ne reffemblent pas mal, comme dit fort bien M. Manudrelle, à certains endroits qu'on voit en Angleterre, & qui ont fervi autrefois de fourneaux à faire de la chaux; le bitume en montant ainsi, est vraisemblablement accompagné de foufre, auffi trouve-t-on, l'un & l'autre pêle-mêle répandu fur les bords. Ce foufre ne diffère en rien du soufre ordinaire; mais le bitume est friable, plus pefant que l'eau, & il rend une mauvaife odeur lorfqu'on le frotte ou qu'on le met fur le feu ; il n'eft point violet, comme l'afphalatus de Diofcoride, mais noir & luifant comme du jayet. Voyage de M. Shaw, traduit de l'Anglois; La Haye, 1743, tome II, pages 73 74.

avec lequel j'ai fait enduire il y a trente-fix ans un affez grand baffin au jardin du Roi, qui depuis a toujours tenu l'eau. On a aussi trouvé de l'asphalte en Alface, en Languedoc fur le territoire d'Alais & dans quelques autres endroits. La defcription que nous a donnée M. l'Abbé' de Sauvages de cet asphalte d'Alais, ajoute encore une preuve à ce que j'ai dit de fa formation par une distillation, per afcenfum. « On voit, dit-il, régner auprès de Servas, à quelque diftance d'Alais, fur une colline d'une grande «< étendue, un banc de rocher de marbre qui pofe fur la «< terre & qui en eft couvert; il eft naturellement blanc, mais cette couleur eft fi fort altérée par l'afphalte qui le « pénètre, qu'il eft vers sa surface supérieure d'un brun clair « & ensuite `très-foncé à mesure que le bitume approche du « bas du rocher le terrein du deffous n'eft point pénétré de bitume, à la réserve des endroits où la tranche du «< banc eft exposée au foleil; il en découle en été du bitume «< qui a la couleur & la confiftance de la poix noire végétale; il en furnage fur une fontaine voisine, dont les eaux ont « en conféquence un goût défagréable ..

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Dans le fond de quelques ravines & au-deffous du « rocher d'asphalte, je vis un terrein mêlé alternativement « de lits de fable & de lits de charbon de pierre, tous parallèles à l'horizon (k)». On voit par cet expofé que l'afphalte ne fe trouve pas au-deffous, mais au-deffus des couches

(k) Voyez les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1746, pages 720

721.

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ou veines bitumineufes de bois & de charbons foffiles, & que par conféquent il n'a pu s'élever au-deffus que par une distillation produite par la chaleur d'un feu fouterrein.

Tous les bitumes liquides, c'est-à-dire, l'afphalte, la poix de montagne, le pétrole & le naphte, coulent fouvent avec l'eau des fources qui fe trouvent voifines des couches de bois & de charbon foffiles. A Begrede près d'Anfon en Languedoc, il y a une fontaine qui jette du bitume que l'on recueille à fleur d'eau; on en recueille de même à Gabian, diocèse de Béziers (1), & cette fontaine de Gabian eft fameufe par la quantité de pétrole qu'elle produit; néanmoins il paroît par un Mémoire de M. Rivière, publié en 1717, & par un autre Mémoire, fans nom d'Auteur, imprimé à Béziers en 1752, que cette fource bitumineufe a été autrefois beaucoup plus abondante qu'elle ne l'eft aujourd'hui ; car il eft dit qu'elle a donné avant 1717, pendant plus de quatre-vingts ans, trente-fix quintaux de pétrole par an, tandis qu'en 1752 elle n'en donnoit plus que trois ou quatre quintaux. Ce pétrole eft d'un rouge-brun foncé, fon odeur eft forte & défagréable; il s'enflamme très-aifément, & même la vapeur qui s'en élève, lorsqu'on le chauffe, prend feu fi l'on approche une chandelle ou toute autre lumière, à trois pieds de hauteur au-deffus; l'eau n'éteint pas ce pétrole

(1) Hiftoire Naturelle du Languedoc, par M. de Genfanne, tome I, pages 201 & 274.

allumé, & lors même que l'on plonge dans l'eau des mêches bien imbibées de cette huile inflammable, elles continuent de brûler quoiqu'au-deffous de l'eau. Elle ne s'épaiffit ni ne se fige par la gelée, comme le font la plupart des huiles végétales, & c'est par cette épreuve qu'on reconnoît fi le pétrole eft pur ou s'il eft mélangé avec quelqu'une de ces huiles. A Gabian, le pétrole ne fort de la fource qu'avec beaucoup d'eau qu'il furnage toujours, car il est beaucoup plus léger, & l'eft même plus que l'huile d'olives; «une feule goutte de ce bitume, dit M. Rivière, verfée fur une eau dormante, a occupé dans « peu de temps un espace d'une toife de diamètre tout « émaillé des plus vives couleurs, & en s'étendant davantage, il blanchit & enfin difparoît; au refte, ajoute-t-il, cette huile de pétrole naturelle eft la même que celle « qui vient du fuccin dans la cornue vers le milieu de la « diftillation » (m).

Cependant ce pétrole de Gabian n'eft pas, comme le prétend l'Auteur du Mémoire imprimé à Béziers en 1752, le vrai naphte de Babylone; à la vérité, beaucoup de gens prennent le naphte & le pétrole pour une feule & même chose; mais le naphte des Grecs, qui ne portece nom que parce que c'est la matière inflammable par excellence, eft plus pur que l'huile de Gabian ou que toute autre huile terreftre que les Latins ont appelé

(m) Mémoire de M. Rivière, page 6..

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petroleum, comme huile fortant des rochers avec l'eau qu'elle furnage. Le vrai naphte eft beaucoup plus limpide & plus coulant ; il a moins de couleur, & prend feu plus fubitement à une distance affez grande de la flamme; fi l'on en frotte du bois ou d'autres corps combuftibles, ils continueront de brûler quoique plongés dans l'eau (n); au refte le terrein dans lequel fe trouve le pétrole de Gabian est environné, & peut-être rempli de mats bitumineuses & de charbon de terre (o).

A une demi-lieue de diftance de Clermont en Auvergne, il y a une fource bitumineufe affez abondante & qui tarit par intervalle : L'eau de cette fource, dit » M. le Monnier, a une amertume infupportable; la surface » de l'eau eft couverte d'une couche mince de bitume

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qu'on prendroit pour de l'huile, & qui venant à s'épaiffir

par la chaleur de. l'air, reffemble en quelque façon à de » la poix. . . . En examinant la nature des terres qui envi» ronnent cette fontaine, & en parcourant une petite butte qui n'en eft pas fort éloignée, j'ai aperçu du bitume noir qui découloit d'entre les fentes des rochers, il se sèche à mesure qu'il reste à l'air, & j'en ai ramassé environ une » demi-livre: il eft fec, dur & caffant, & s'enflamme aifé» ment, il exhale une fumée noire fort épaiffe, & l'odeur

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qu'il répand ressemble à celle de l'asphalte; je fuis

(n) Boërhaave, Elementa Chimie, tome I, page 191.
(0) Mémoire fur le pétrole; Béziers, 1752.

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