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de l'eau & de la terre, nous préfente les propriétés du feu animé par l'air; la corrosion par les acides minéraux n'est-elle pas une espèce de brûlure! la faveur acide, amère ou âcre de tous les fels, n'eft-elle pas un indice certain de la préfence & de l'action d'un feu qui se développe dès qu'il peut avec l'air, fe dégager de la base aqueuse ou terreuse à laquelle il eft uni? & cette faveur qui n'eft que la mife en liberté de l'air & du feu, ne s'opère-t-elle pas par le contact de l'eau & de toute matière aqueufe, telle que la falive, & même par l'humidité de la peau! les fels ne font donc corrofifs & même fapides, que par le feu & l'air qu'ils contiennent. Cette vérité peut fe démontrer encore par la grande chaleur que produifent tous les acides minéraux dans leur mélange avec l'eau, ainfi que par leur réfiftance à l'action de la forte gelée; la présence du feu & de l'air dans le principe falin, me paroît donc très-évidemment démontrée par les effets, quand même on regarderoit avec Sthal, l'acide vitriolique comme l'acide primitif & le premier principe falin; car l'air s'en dégage en même temps que le feu par l'intermède de l'eau, comme dans la pyrite, & cette action de l'humidité produit nonfeulement de la chaleur, mais une espèce de flamme intérieure & de feu réellement actif, qui brûle en corrodant toutes les fubftances auxquelles l'acide peut s'unir, & ce n'eft que par le moyen de l'air que le feu contracte cette union avec l'eau.

L'acide aérien altère auffi tous les fucs extraits des végétaux, il produit le vinaigre & le tartre, il forme dans les animaux l'acide auquel on a donné le nom d'acide phofphorique; ces acides des végétaux & des animaux, ainfi que tous ceux qu'on pourroit regarder comme intermédiaires, tels que l'acide des citrons, des grenades, de l'ofeille, & ceux des fourmis, de la moutarde, &c. tirent également leur origine de l'acide aérien modifié dans chacune de ces fubftances par la fermentation, ou par le mélange d'une plus ou moins grande quantité d'huile; & même les fubftances dont la faveur eft douce, telle que le fucre, le miel, le lait, &c. ne diffèrent de celles qui font aigres & piquantes, comme les citrons, le vinaigre, &c. que par la quantité & la qualité du mucilage & de l'huile qui enveloppe l'acide; car leur principe falin est le même, & toutes leurs faveurs, quoique fi différentes, doivent fe rapporter à l'acide primitif, & à son union avec l'eau, l'huile & la terre mucilagineuse des fubftances animales & végétales.

On adoucit tous les acides & même l'acide vitriolique, en les mêlant aux substances huileuses, & particulièrement à l'efprit-de-vin, & c'eft dans cet état huileux, mucilagineux & doux, que l'acide aérien fe trouve dans plufieurs fubftances végétales, & dans les fruits dont l'acidité ou la faveur plus douce ne dépend que de la quantité d'eau, d'huile & de terre atténuée & mucilagineuse dans lesquelles cet acide le trouve combiné; l'acide

animal appartient aux végétaux comme aux animaux; car on le tire de la moutarde & de plufieurs autres plantes, auffi-bien que des infectes & autres animaux; on doit donc en inférer que les acides animaux & les acides végétaux font les mêmes, & qu'ils ne diffèrent que par la quantité ou la qualité des matières avec lesquelles ils font mêlés, & en les examinant en particulier, on verra bien que le vinaigre, par exemple, & le tartre étant tous deux des produits du vin, leurs acides ne peuvent différer effentiellement; la fermentation a feulement plus développé celui du vinaigre, & l'a même rendu volatil & prefque fpiritueux: ainfi tous les acides des animaux ou des végétaux, & même les acerbes, qui ne font que des acides mêlés d'une huile amère, tirent leur première origine de l'acide aérien.

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Les acides minéraux font beaucoup plus forts que les acides animaux & végétaux: « Ces derniers acides, » dit M. Macquer, retiennent toujours de l'huile, au lieu les acides minéraux n'en contiennent point du tout (a) que Il me femble que cette dernière affertion doit être interprétée; car il faut reconnoître que fi les acides minéraux dans leur état de pureté ne contiennent aucune huile, ils peuvent en paffant à l'état de fel, par leur union avec diverfes terres, fe charger en même temps de parties huileuses; & en effet, la matière graffe des fels dans les

(a) Dictionnaire de Chimie, par M. Macquer, article Sel.

eaux-mères

eaux-mères, paroît être une substance huileuse, puisqu'elle fe réduit à l'état charbonneux par la combustion (b); les fels minéraux contiennent donc une huile qui paroît leur être effentielle, & celle qui fe trouve de plus dans les acides, tirés des animaux & des végétaux, ne leur eft qu'acceffoire; c'est probablement par l'affinité de cette matière graffe avec les huiles végétales & les graiffes animales, que l'acide minéral peut fe combiner dans les végétaux & dans les animaux.

Les acides & les alkalis font des principes falins, mais ne font pas des fels; on ne les trouve nulle part dans leur état pur & fimple, & ce n'eft que quand ils font unis à quelque matière qui puiffe leur fervir de bafe qu'ils prennent la forme de fel, & qu'ils doivent en porter le nom; cependant les Chimistes les ont appelés fels fimples, & ils ont nommé fels neutres les vrais fels: je n'ai pas cru devoir employer cette dénomination, parce qu'elle n'est ni nécessaire ni précise; car fi l'on appelle fel neutre tout fel dont la bafe eft une & fimple, il faudra donner le nom d'hépar aux fels dont la base n'eft pas fimple, mais compofée de deux matières différentes, & donner un troisième, quatrième, cinquième nom, &c. à ceux dont la base eft composée de deux, trois, quatre, &c. matières différentes: c'eft-là le défaut de toutes les nomenclatures méthodiques; elles font

(b) Lettres de M. Desmeste, tome I, page 51, Minéraux, Tome II.

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forcées de difparoître dès que l'on veut les appliquer aux objets réels de la Nature.

Nous donnerons donc le nom de fel à toutes les matières dans lesquelles le principe falin eft entré, & qui ont une faveur fenfible; & nous ne préfenterons d'abord que les fels qui font formés par la Nature, foit en maffes folides dans le fein de la terre, foit en diffolution dans l'air & dans l'eau: on peut appeler fels foffiles ceux qu'on tire de la terre; les vitriols, l'alun, la félénite, le natron, l'alkali fixe végétal, le fel marin, le nitre, le fel ammoniac, le borax, & même le foufre & l'arsenic, font tous des fels formés par la Nature: nous tâcherons de reconnoître leur origine & d'expliquer leur formation, en nous aidant des lumières que la Chimie a répandues fur cet objet plus que fur aucun autre, & les réunissant aux faits de l'Histoire Naturelle qu'on ne doit jamais en féparer.

La Nature nous offre en ftalactites, les vitriols du fer, du cuivre & du zinc; l'alun en filets criftallifés; la félénite en gypse aussi cristallisé; le natron en masse folide & pure, ou fimplement mêlé de terre; le sel marin en crislaux cubiques & en maffes immenses; le nitre en efflorefcences criftallifées; le fel ammoniac en poudre sublimée par les feux fouterrains; le borax en eau gélatineuse, & l'arsenic en terre métallique; elle a d'abord formé l'acide aérien par la feule & fimple combinaison de l'air & du feu; cet acide primitif s'étant

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