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· qui est le plus estimé & qu'on assure être le plus pur: tous les aluns font, comme l'on voit, des productions de notre art, & le feul fel de cette espèce que la Nature nous offre tout formé, est l'alun de plume qui ne fe trouve que dans des cavités (n), où fuintent & s'évaporent les

portion de l'alun, & qu'il fuffit de laiffer effleurir à l'air où elles s'échauffent d'elles-mêmes.

(n) Dans l'une des mines du territoire de Latera, on trouve contre les parois de la voûte, le plus bel alun de plume cristallifé en petites aiguilles, blanc - argenté, tantôt très-pur, tantôt combiné avec du foufre; on y trouve auffi une pierre argileuse bleuâtre, crevassée, au milieu de laquelle l'alun s'est fait jour pour se cristalliser en efflorefcence: cette mine eft fituée dans un tuf volcanique où l'on trouve du foufre en maffes errantes & difféminées.... Il fe trouve au fond de ces mines une eau vitriolique qui découle de la voûte; cette eau en filtrant à travers les couches qui furmontent la voûte, y forme une croûte & dépofe cet alun natif que l'on trouve auffi criftallisé de même dans plufieurs pierres .... Il y a auffi de l'alun cristallisé & en efflorescence fur les parois des voûtes à Puzzola, comme à Mulino près de Latera.... Il y a deux fources auprès des mines del Mulino, dont l'eau eft chargée d'une terre alumineufe, blanchâtre, qui lui donne un goût très-fliptique.... Le limon que l'eau abandonne, ainsi que les petites branches & herbes qui y furnagent ou qui restent à fec, se revêtissent d'une croûte alumineufe qui s'en détache aisément, & qui eft fans mélange de terre: les grenouilles que l'on met dans cette eau ne peuvent y vivre, & cependant on y voit une très-grande quantité de petits vermiffeaux qui y multiplient; mais il n'y croît point de végétaux, & ces deux fources exhalent une odeur de foie de foufre très défagréable. M. Caffini fils; Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1777, pages 580 &

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eaux chargées de ce fel en diffolution. Cet alun est très-pur, mais nulle part il n'est en affez grande quantité pour faire un objet de commerce, & encore moins pour fournir à la confommation que l'on fait de l'alun dans plufieurs arts & métiers.

Ce fel a en effet des propriétés utiles, tant pour la Médecine que pour les Arts, & fur-tout pour la teinture & la peinture, la plupart des pastels ne font que des terres d'alun teintes de différentes couleurs; il fert à la teinture en ce qu'il a la propriété d'ouvrir les pores & d'entamer la furface des laines & des foies qu'on veut teindre, & de fixer les couleurs jufque dans leur fubstance: il fert auffi à la préparation des cuirs, à liffer le papier, à argenter le cuivre, à blanchir l'argent, &c. mis en fuffifante quantité fur la poudre à canon, il la préferve de l'humidité & même de l'inflammation; il s'oppofe auffi à l'action du feu fur le bois & fur les autres matières combustibles, & les empêche de brûler fi elles en font fortement imprégnées; on le mêle avec le fuif pour rendre les chandelles plus fermes: on frotte d'alun calciné les formes qui fervent à imprimer les toiles & papiers pour y faire adhérer les couleurs, on en frotte de même les balles d'Imprimerie pour leur faire prendre l'encre, &c.

Les Afiatiques ont avant les Européens, fait ufage de l'alun, les plus anciennes fabriques de ce fel étoient en Syrie & aux environs de Conftantinople & de Smyrne,

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dans le temps des Califes, & ce n'eft que vers le milieu du xv. fiècle que les Italiens ̧transportèrent l'art de fabriquer l'alun dans leur pays, & que l'on découvrit les mines alumineufes d'Ifchia, de Viterbe, &c. les Efpagnols établirent enfuite dans le xvI. fiècle, une manufacture d'alun près de Carthagène à Almazaran, & cet établissement fubfifte encore; depuis ce temps on a fabriqué de l'alun en Angleterre, en Bohème & dans d'autres provinces de l'Allemagne, & aujourd'hui on en connoît fept manufactures en Suède, dont la plus considérable eft celle de Garphyttau dans la Noricie (o).

Il y a en France affez de mines pyriteuses, & même affez de terres alumineufes pour qu'on pût y faire tout l'alun dont on a befoin fans l'acheter de l'Étranger, & néanmoins je n'en connois qu'une feule petite manufacture en Rouffillon près des Pyrénées; cependant on en pourroit fabriquer de même en Franche-Comté, où il y a une grande quantité de terres alumineuses à quelque distance de Norteau (p). M. de Genfanne qui a reconnu ces terres, en a aussi trouvé en Vivarais près de la Gorce:

Plufieurs veines de cette terre alumineufe, font, dit-il, » parfemées de charbon jayet, & l'on y trouve par intervalles de l'alun natif (4) ». Il y a auffi près de Soyon, des

(0) Opufcules chimiques de M. Bergman, tome I, pages 304 &fuiv.

(p) M. de Gensanne, Mémoires des Savans Étrangers, tome IV. (9) Hiftoire Naturelle du Languedoc, tome III, page 177

mines de couperofe & d'alun (r); on voit encore beaucoup de terres alumineuses aux environs de Roquefort & de Cafcaftel (f); d'autres près de Cornillon (1), dans le diocèse d'Uzès, dans lesquelles l'alun fe forme naturellement; mais combien n'avons nous pas d'autres richeffes que nous foulons aux pieds, non par dédain ni par défaut d'industrie, mais par les obftacles qu'on met, ou le peu d'encouragement que l'on donne à toute entreprise nouvelle!

(r) Hiftoire Naturelle du Languedoc, tome III, page 201. (S) Idem, ibidem, page 177.

(t) Les couches de terres alumineufes y font féparées par d'autres couches d'une terre à foulon très précieufe: cette terre eft de la plus grande finesse & d'une blancheur éclatante; elle eft de la nature des kaolins, & très-propre à la fabrique des porcelaines, parce que le feu n'altère point fa blancheur & qu'elle eft très - liante: on en fait des pipes à tabac d'une beauté furprenante. Au-deffous de toutes ces couches, on trouve un autre banc d'une terre également fine, & qui ne diffère de la précédente que par la couleur qui est d'un jaune de citron, assez semblable à la terre que nous appelons jaune de Naples, mais plus fine: fa couleur eft permanente & résiste à l'action du feu; elle eft par conféquent propre à colorer la faïence, en la mêlant avec le feld-spath. Idem, tome I, pages 158 & 159.

AUTRES COMBINAISONS

DE L'ACIDE VITRIOLIQUE.

Nous venons de voir que cet acide le plus fort & le plus puiffant de tous, a faifi les terres argileufes & calcaires, dans lesquelles il fe manifefte fous la forme d'alun & de félénite; que l'argile & le plâtre, quoiqu'imprégnés de cet acide, n'ont néanmoins aucune faveur faline, parce qu'il y a excès de terre fur la quantité d'acide, & qu'il y eft pleinement faturé; que l'alun au contraire, dont la base n'eft que de la terre argileuse mêlée d'une petite portion de terre alkaline, a une faveur ftiptique & des effets aftringens, parce que l'acide n'y eft pas faturé; qu'il en eft de même de tous les vitriols métalliques dont la bafe étant d'une matière plus denfe que la terre vitreufe ou calcaire, a donné à ces fels plus de maffe & de puiffance: nous avons vu que les terres alumineuses ne font que des argiles mélangées, & plus fortement imprégnées que les autres d'acide vitriolique; que l'alun qu'on peut regarder comme un vitriol à base terreuse, retient dans fes cristaux une quantité d'eau plus qu'égale à la moitié de fon poids, & que cette eau n'eft pas effentielle à sa substance faline, puisqu'il la perd aisément au feu fans fe décompofer; qu'il s'y bourfouffle comme la terre

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