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de plomb blanches, on ne pourra guère douter qu'il ne puiffe tirer en partie fon origine de l'acide vitriolique.

Un de nos habiles Chimistes (c) s'est attaché à prouver par plusieurs expériences, contre les affertions d'un autre habile Chimifte, que l'acide phofphorique eft tout formé dans les animaux, & qu'il n'eft point le produit du feu ou de la fermentation (d); cela se peut & je ferois même très-porté à le croire, pourvu que l'on convienne que cet acide phosphorique, tout formé

(c) M. Brongniard, Démonftrateur en Chimie aux Écoles du Jardin du Roi. Il a fait fur ce fujet un grand nombre d'expériences par lesquelles il a reconnu que l'acide phosphorique eft produit par une modification de l'acide aérien, qui s'en dégage en quantité confidérable, dans la décompofition de l'acide phofphorique, & même dans fa concentration: fi on fait brûler du phosphore en vaiffeaux clos, on obtient une très-grande quantité d'air fixe ou acide aérien, & en même temps l'acide phosphorique coule le long des parois des récipiens; ce même acide soumis ensuite à l'action du feu dans une cornue de verre, donne des vapeurs abondantes & prefque incoërcibles; fr au lieu de faire brûler ainfi le phosphore, on l'expofe feulement à l'action de l'air dans une atmosphère tempérée & humide, le phosphore se décompose en brûlant presque infenfiblement, il donne une flamme très-légère, & laiffe échapper une très-grande quantité d'air fixe; on peut s'en convaincre en imbibant un linge d'une folution alkaline cauftique; au bout d'un certain laps de temps, l'alkali est saturé d'acide aérien & criftallifé très-parfaitement: ces expériences prouvent d'une manière convaincante, que l'acide phosphorique est le résultat d'une modification particulière de l'acide aérien, qui ne peut avoir lieu qu'au moyen de la végétation & de l'animalisation.

(d) Journal de Physique, Mars 1781, pages 234 & fuiv.

dans les animaux ou dans les excrémens, n'est pas absolument le même que celui qu'on en tire en employant l'acide vitriolique, dont la combinaison ne peut que l'altérer & l'éloigner d'autant plus de fa forme originelle d'acide aérien, que le travail de l'organisation suffit pour le convertir en acide phosphorique, tel qu'on le retire de l'urine, fans le fecours de l'acide vitriolique ni d'aucun autre acide.

ALKALIS ET LEURS COMBINAISONS.

DE la même manière qu'on doit réduire tous les acides au feul acide aérien, on peut auffi lui ramener les alkalis, en les réduisant tous à l'alkali minéral ou marin; c'est même le feul fel que la Nature nous préfente dans un état libre & non neutralife; on connoît cet alkali sous le nom de natron, il fe forme contre les murs des édifices, ou fur la terre & les eaux dans les climats chauds; on m'en a envoyé de Suez, des morceaux affez gros & affez purs; cependant il eft ordinairement mêlé de terre calcaire (a): ce fel auquel on a donné le nom d'alkali minéral, pourroit, comme le nitre, être placé dans le règne végétal, puisqu'il eft de la même nature que l'alkali qu'on tire de plufieurs plantes qui croiffent dans les terres voisines de la mer; & que d'ailleurs, il paroît fe former

(a) Le natron qui nous vient d'Égypte se tire de deux lacs, l'un voisin du Caire, & l'autre à quelque distance d'Alexandrie; ces lacs font fecs pendant neuf mois de l'année, & se remplissent en hiver d'une eau qui découle des éminences voifines; cette eau faline n'est pas limpide, mais trouble & rougeâtre; les premières chaleurs du printemps la font évaporer, & le natron fe forme fur le fol du lac d'où on le tire en morceaux folides & grifâtres, qui deviennent plus blancs en les expofant à l'air pour les laiffer s'égouter: on a donné le nom de fel mural au natron qui fe forme contre les vieux murs; il est ordinairement mêlé d'une grande quantité de fubstance calcaire, & dans cet état il eft neutralifé.

par le concours de l'acide aérien, & à peu-près comme le falpêtre; mais celui-ci ne se présente nulle part en masses ni même en morceaux folides, au lieu que le natron, foit qu'il fe forme fur la terre ou fur l'eau, devient compact & même affez folide (b).

Les Anciens ont parlé du natron fous le nom de nitre;

(b) Granger, dans fon Voyage en Égypte, parle des plaines fablonneufes & d'un lac où fe forme le natron: « Le fel du lac,

dit-il, étoit congelé fur la furface des eaux, & affez épais pour » y paffer avec nos chameaux ..... Le lac s'emplit des eaux des » pluies qui commencent en Décembre & finiffent en Février; ces »eaux y dépofent les fels dont elles fe font chargées fur les » montagnes & dans les plaines fablonneuses, après quoi elles se » filtrent à travers une terre graffe & argileufe, & vont par des canaux » fouterrains aboutir à plusieurs puits dont l'eau est bonne à boire: on » voit aux environs de ce lac des bœufs fauvages, des gazelles, &c.

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Outre le natron qu'on tire du fond de ce lac, en morceaux de » douze & quinze livres, avec une barre de fer, on y trouve de cinq >> autres espèces de fel; tous ces fels font bientôt remplacés par de » nouveaux fels que les pluies y apportent: on jette dans les creux » d'où on le tire, des plantes sèches, des os, des guenilles, ce qui » a donné lieu de croire à plufieurs perfonnes que ces fortes de chofes étoient changées en fel par la vertu des eaux du̟ laç, mais » cela n'eft pas vrai.

Le natron appartient au Grand-Seigneur; le Pacha du Caire le » donne à ferme, & c'est ordinairement le plus puissant des Beys qui le prend, & qui en donne quinze mille quintaux au GrandSeigneur; il n'y a que les habitans de la dépendance de Terranée, ➡qui foient employés à pêcher & à transporter le natron qui est gardé par dix foldats & vingt Arabes affidés », Voyages en Égypte ; Paris, 1745, pages 167 & fuiv,

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fur quoi le P. Hardouin fe trompe, lorsqu'il dit (c), que le nitrum- de Pline eft exactement la même chose que notre Salpêtre car il eft clair que Pline, fous le nom de nitre, parle du natron, qui fe forme, dit-il, dans l'eau de cer tains lacs d'Égypte, vers Memphis & Naucratis, & qui a la propriété qu'il lui attribue de conserver les corps; à sa causticité, augmentée par la falfification qu'en faifoient dès-lors les Egyptiens en y mêlant de la chaux (d), on le reconnoît évidemment pour l'alkali minéral ou natron, bien différent du vrai nitre ou falpêtre.

On emploie le natron dans le Levant aux mêmes ufages que nous employons la foude, & ces deux alkalis font en effet de même nature; nous tirions autrefois du natron d'Alexandrie, où s'en fait le commerce (e); &

(c) Quarante-fixième fection, chap. x du trente-unième livre. (d) Voyez Pline à l'endroit cité.

(e) A deux journées du Caire est le lac de natron; les Vaisseaux du Havre & des Sables-d'Olonne, en viennent charger à Alexandrie pour Rouen, parce qu'on s'en fert en Normandie pour blanchir les toiles, ce qui les brûle: les Égyptiens s'en fervent au lieu de levain, c'est pourquoi ils ont tous les bourses groffes fans être incommodés; l'âcreté, ou plutôt la qualité mordante de cette pierre eft fi grande, que fi l'on en met dans un pot où il y ait de la viande elle la fait cuire & la rend tendre; fi l'on jette dans ce lac un animal mort, & même un arbre, il devient natron & se pétrifie; ce qui a été fort bien décrit par Ovide, & peu entendu de ceux qui n'ont point vu ces merveilles de la Nature, lorsqu'il a dit que quelques corps ont été changés en pierres par les Dieux qui en ont eu compassion. Voyages de la Boullaye le Gouz; Paris, 16 57, page 3 8 3 ..........

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