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même défendu celle de l'argent, lorfqu'il s'y eft trouvé mêlé en fuffifante quantité.

L'argent, quoiqu'auffi parfait que l'or à plusieurs égards, ne se trouve pas auffi communément en poudre ou en paillettes, dans les fables & les terres: d'où peut provenir cette différence à laquelle il me femble qu'on n'a pas fait affez d'attention! pourquoi les terreins au pied des montagnes à mines font-ils femés de poudre d'or pourquoi les torrens qui s'en écoulent roulent-ils des paillettes & des grains de ce métal, & que l'on trouve fi peu de poudre, de paillettes ou de grains d'argent dans ces mêmes fables, quoique les mines d'où découlent ces eaux contiennent fouvent beaucoup plus d'argent que d'or n'eft-ce pas une preuve que l'argent a été détruit avant de pouvoir fe réduire en paillettes, & que les fels de l'air, de la terre & des eaux l'ont faifi, diffous dès qu'il s'est trouvé réduit en petites parcelles, au lieu que ces mêmes fels ne pouvant attaquer l'or, fa substance est demeurée intacte lors même qu'il s'est réduit en poudre ou en atomes impalpables?

En confidérant les propriétés générales & particulières 'de l'or, on a d'abord vu qu'il étoit le plus pefant, & par conféquent le plus dense des métaux (e) qui font

(e) La denfité de l'or a été bien déterminée par M. Brisson, de l'Académie des Sciences. L'eau diftillée étant fuppofée peser 10000 livres, il a vu que l'or à 24 karats, fondu & non battu, pèse 192581 livres 12 onces 3 gros 62 grains, & que par conféquent Minéraux, Tome II.

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eux-mêmes les fubftances les plus pefantes de toutes les matières terreftres; rien ne peut altérer ou changer dans l'or cette qualité prééminente: on peut dire qu'en général la denfité conftitue l'effence réelle de toute matière brute,

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un pied cube de cet or pur, pèferoit 1348 livres 1 once o gros grains; & que ce même or à 24 karats, fondu & battu, pèse relativement à l'eau 193617 livres 12 onces 4 gros 28 grains, en forte que le pied cube de cet or, pèferoit 1355 livres 5 onces o gros 60 grains. L'or des ducats d'Hollande approche de très-près ce degré de pureté; car la pesanteur spécifique de ces ducats, eft de 193519 livres 12 onces 4 gros 25 grains, ce qui donne 1354 livres 10 onces gros 2 grains pour le poids d'un pied cube de cet or. Voyez la Table des pefanteurs spécifiques, par M. Briffon.- J'observerai que pour avoir au jufte les pefanteurs fpécifiques de toutes les matières, il faut non- feulement fe fervir d'eau diftillée; mais que pour connoître exactement le poids de cette eau, il faudroit en faire diftiller une affez grande quantité, par exemple, affez pour remplir un vaiffeau cubique d'un pied de capacité, pefer enfuite le tout, & déduire la tare du vaiffeau; cela feroit plus jufte que fi l'on n'employoit qu'un vaisseau de quelques pouces cubiques de capacité: il faudroit auffi que le métal fût abfolument pur, ce qui n'eft peutêtre pas poffible, mais au moins le plus pur qu'il fe pourra; je me fuis beaucoup fervi d'un globe d'or, rafiné avec foin, d'un pouce de diamètre, pour mes expériences fur le progrès de la chaleur dans les corps, & en le pefant dans l'eau commune, j'ai vu qu'il ne perdoit pas de fon poids; mais probablement cette eau étoit bien plus pefante que l'eau distillée. Je suis donc très- fatisfait qu'un de nos habiles Phyficiens ait déterminé plus précisément cette densité de l'or à 24 karats, qui, commé l'on voit, augmente de poids par la percuffion: mais étoit-il bien affuré que cet or fût abfolument pur! il eft prefque impoffible d'en féparer en entier l'argent que la Nature y a mêlé; & d'ailleurs la pefanteur de l'eau, même diftillée,

& que cette première propriété fixe en même temps nos idées fur la proportion de la quantité de l'espace à celle de la matière fous un volume donné. L'or eft le terme extrême de cette proportion, toute autre fubftance occu

varie avec la température de l'atmosphère, & cela laisse encore quelqu'incertitude fur la mesure exacte de la denfité de ce métal précieux. Ayant fur cela communiqué mes doutes à M. de Morveau, il a pris la peine de s'affurer qu'un pied cube d'eau distillée, pèse 71 livres 7 onces gros 8 grains & de grains, l'air étant à la température de 12 degrés. L'eau, comme l'on fait, pèse plus ou moins, fuivant qu'il fait plus froid ou plus chaud, & les différences qu'on a trouvées dans la densité des différentes matières foumifes à l'épreuve de la balance hydrostatique, viennent non- feulement du poids abfolu de l'eau à laquelle on les compare, mais encore du degré de la chaleur actuelle de ce liquide, & c'est par cette raifon qu'il faut un degré fixe, tel que la température de 12 degrés, pour que le réfultat de la comparaison foit jufte. Un pied cube d'eau distillée, pefant donc toujours, à la température de 12 degrés, 71 livres 7 onces gros 844 grains; il est certain que fi l'or perd dans l'eau, de fon poids, le pied cube de ce métal, pèfe 1358 livres 1 once I gros 819 grains, & je crois cette estimation ttop forte; car comme je viens de le dire, le globe d'or très-fin, d'un pouce de diamètre, dont je me fuis fervi, ne perdoit pas de fon poids dans de l'eau qui n'étoit pas diftillée, & par conféquent, il fe pourroit que dans l'eau distillée il n'eût perdu que, & dans ce cas () le pied cube d'or ne pèferoit réellement que 1340 livres 9 onces 2 gros 25 grains; il me paroît donc qu'on a exagéré la densité de l'or, en assurant qu'il perd dans l'eau plus de de fon poids, & que c'est tout au plus s'il perd, auquel cas le pied cube pèferoit 1358 livres; ceux qui assurent qu'il n'en pèse que 1348, & qui difent en même temps qu'il perd dans l'eau entre & de fon poids, ne se font pas aperçus que ces deux résultats font démentis l'un par l'autre.

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pant plus d'efpace; il eft donc la matière par excellence, c'est-à-dire, la substance qui de toutes eft la plus matière, & néanmoins ce corps fi dense & fi compacte, cette matière dont les parties font fi rapprochées, fi ferrées, contient peut-être encore plus de vide que de plein, & par conféquent nous démontre qu'il n'y a point de matière fans pores, que le contact des atomes matériels n’est jamais absolu ni complet, qu'enfin il n'existe aucune substance qui soit pleinement matérielle, & dans laquelle le vide ou l'espace ne foit interpofé, & n'occupe autant & plus de place que la matière même.

Mais dans toute matière folide, ces atomes matériels font affez voisins pour fe trouver dans la fphère de leur attraction mutuelle, & c'est en quoi consiste la ténacité de toute matière folide; les atomes de même nature font ceux qui fe réuniffent de plus près; ainfi la ténacité dépend en partie de l'homogénéité. Cette vérité peut se démontrer par l'expérience; car tout alliage diminue ou détruit la ténacité des métaux; celle de l'or eft fi forte qu'un fil de ce métal, d'un dixième de ligne de diamètre, peut porter avant de fe rompre, cinq cents livres de poids: aucune autre matière métallique ou terreuse ne peut en fupporter autant.

La divifibilité & la ductilité ne font que des qualités. fecondaires, qui dépendent en partie de la denfité & en partie de la ténacité, ou de la liaifon des parties conftituantes; l'or qui, fous un même volume, volume, contient

plus du double de matière que le cuivre, fera par cela feul une fois plus divifible, & comme les parties intégrantes de l'or font plus voisines les unes des autres. que dans toute autre fubftance, fa ductilité eft auffi la plus grande, & furpaffe celle des autres métaux (f) dans une proportion bien plus grande que celle de la densité ou de la ténacité, parce que la ductilité qui est, le produit de ces deux causes, n'est pas en rapport simple. à l'une ou à l'autre de ces qualités, mais en raison compofée des deux; la ductilité fera donc relative à la denfité multipliée par la ténacité, & c'eft ce qui dans. l'or rend cette ductilité encore plus grande à proportion que dans tout autre métal.

Cependant la forte ténacité de l'or & fa ductilité encore plus grande, ne font pas des propriétés auffi effentielles que fa denfité; elles en dérivent & ont leur plein effet, tant que rien n'intercepte la liaison des parties. conftituantes, tant que l'homogénéité fubfifte, & qu'aucune.

(f) «La ductilité de l'or eft telle qu'une once de ce métal, qui ne fait qu'un très-petit volume, peut couvrir & dorer très-exacte- « ment, un fil d'argent long de quatre cents quarante-quatre lieues. >> Dictionnaire de Chimie, article Or..... « Une once d'or paflée à la filière, peut s'étendre en un fil de foixante - treize lieues de « longueur ». Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1713.. Les Batteurs d'or réduisent une once de ce métal, en feize cents feuilles, chacune de trente-fept lignes de longueur & autant de largeur, ce qui fait à peu près cent fix pieds quarrés d'étendue pour les feize cents feuilles.

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