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troisième de terre noire remplie de bois foffiles à demi décompofés & bitumineux, & enfin la quatrième d'un minéral ferrugineux; c'eft fous cette efpèce de mine de fer que se trouve le fuccin par morceaux séparés & quelquefois accumulés en tas.

On voit que les huiles de la couche de bois ont dû être imprégnées de l'acide contenu dans l'argile de la couche fupérieure, & qui en defcendoit par la filtration des eaux; que ce mélange de l'acide avec l'huile du bois, a rendu bitumineufe cette couche végétale; qu'enfuite les parties les plus ténues & les plus pures de ce bitume, font defcendues de même fur la couche du minerai ferrugineux, & qu'en la traversant elles fe font chargées de quelques particules de fer, & qu'enfin c'est du résultat de cette dernière combinaison que s'eft formé le fuccin qui fe trouve au-deffous de la mine de fer.

Le jayet diffère du fuccin, en ce qu'il eft opaque & ordinairement très-noir; mais il eft de même nature, quoique ce dernier ait quelquefois la transparence & le beau jaune de la topaze; car malgré cette différence fi frappante, les propriétés de l'un & de l'autre font les mêmes; tous deux font électriques, ce qui a fait donner au jayet le nom d'ambre noir, comme on a donné au fuccin celui d'ambre jaune. Tous deux brûlent de même, feulement l'odeur que rend alors le jayet, est encore plus forte & fa fumée plus épaiffe que celle du fuccin; quoique soliḍe & assez dur, le jayet eft fort léger, & on a souvent

pris pour du jayet certains bois foffiles noirs, dont la caffure est lisse & luisante, & qui paroiffent en effet ne différer du vrai jayet, que parce qu'ils ne répandent aucune odeur bitumineufe en brûlant.

On trouve quelques minières de jayet en France; on en connoît une dans la province de Rouffillon près de Bugarach (d). M. de Gensanne fait mention d'une autre

(d) « J'allai, dit M. le Monnier, vifiter une mine de jayet.... » Elle reffemble de loin à un tas de charbon de terre appliqué contre >> un rocher fort élevé, au bas duquel eft l'entrée d'une petite caverne » dans laquelle on voit plufieurs veines de jayet qui courent dans » une terre légère, & même dans les fentes du rocher: cette matière » eft dure, sèche, légère, fragile & irrégulière dans fa figure; fi ce » n'eft qu'on voit plufieurs cercles concentriques dans fes fragmens; >> on en trouve auffi quelques morceaux, mais moins beaux fur le »tas qui eft à l'entrée de la mine, parmi une terre noire bitumi» neuse; cette terre pourroit être regardée comme une espèce de » jayet impur; car brûlée fur la pelle, elle répand la même odeur » que le plus beau jayet: l'un & l'autre brûlent difficilement, pétillent >> un peu en s'échauffant, & la fumée qu'ils répandent est noire, épaiffe & d'une odeur de bitume fort défagréable: on travaille » aflez proprement cette matière à Bugarach, on en fait des colliers, » des chapelets, &c.... En donnant quelques coups de pioches fur » ce tas pour découvrir quelques morceaux de jayet, j'ai aperçu des » morceaux de véritable fuccin; la couleur en étoit un peu foncée, » mais ils en avoient parfaitement l'odeur & l'électricité: j'ai trouvé » de même en continuant de fouiller, des bois pétrifiés avec des >> circonftances très-favorables pour appuyer la vérité de cette tranf» mutation.... Le jayet paroît s'infinuer non-feulement dans les bois » pétrifiés, mais encore dans les pierres jufque dans les moindres fentes; » or fi le jayet qui, dans fa plus grande fluidité, n'est jamais qu'un

dans le Gévaudan fur le penchant de la montagne près de Vebron (e), & d'une autre près de Rouffiac, diocèfe de Narbonne, où l'on faifoit dans ces derniers temps de jolis ouvrages de cette matière (ƒ). On a trouvé dans la glaise, en creusant la montagne de Saint-Germain-en-Laye, un morceau de bois foffile, dont M. Fougeroux de Bondaroy a fait une exacte comparaison avec le jayet. « On fait, dit ce favant Académicien, que la couleur du jayet eft noire, mais « que la fuperficie de ses lames n'a point ce luifant qu'offre « l'intérieur du morceau dans fa caffure; c'e auffi ce qu'il eft aifé de reconnoître dans le morceau de bois de Saint- «< Germain. Dans l'intérieur d'une fente ou d'un morceau «< rompu, on voit une couleur d'un noir d'ivoire bien plus brillant fur la furface du morceau. La dureté du jayet que & du morceau de bois est à peu-près la même ; étant polis ils offrent la même nuance de couleur; tous deux brûlent « & donnent de la flamme fur les charbons; le jayet répand une odeur bitumineufe ou de pétrole, certains morceaux « du bois en question donnent une pareille odeur, fur-tout “

bitume liquide, & peut-être une espèce de pétrole, s’infinue si « bien entre les fibres du bois & les plus petites fentes des autres « corps folides, n'en doit - on pas conclure que cette matière que « nous voyons aujourd'hui dure & compacte a été autrefois très- ¿ fluide, & que ce n'eft pour ainfi dire qu'une espèce d'huile defféchée « & durcie par la fucceffion du temps ». Obfervations d'Hiftoire Natu turelle; Paris, 1739, page 215.

(e) Hiftoire Naturelle du Languedoc, tome II, page 244.. (f) Idem, ibidem, page 189.

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» lorsqu'ils ne contiennent point de pyrites. Ce morceau » de bois eft donc changé en jayet, & il fert à confirmer » le fentiment de ceux qui croient le jayet produit par des végétaux (g)».

On trouve du très-beau jayet en Angleterre dans le comté d'Yorck & en plufieurs endroits de l'Écoffe; il y en a auffi en Allemagne & fur-tout à Virtemberg. M. Bowles en a trouvé en Efpagne près de Peralegos, « dans » une montagne où il y a, dit-il, des veines de bois bitumineux, qui ont jusqu'à un pied d'épaiffeur. . . . On voit » très-bien que c'eft du bois, parce que l'on en trouve des » morceaux avec leur écorce & leurs fibres ligneuses, mêlés avec le véritable jayet dur (h)»,

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Il me femble que ces faits fuffifent pour qu'on puiffe prononcer que le fuccin & le jayet tirent immédiatement leur origine des végétaux, & qu'ils ne font compofés que d'huiles végétales devenues bitumineufes par le mélange des acides; que ces bitumes ont d'abord été liquides, & qu'ils fe font* durcis par leur fimple deffèchement, lorfqu'ils ont perdu les parties aqueufes de l'huile & des acides dont ils font compofés. Le bitume qu'on appelle afphalte nous en fournit une nouvelle preuve; il eft d'abord fluide, enfuite mou & vifqueux, & enfin il devient dur par la feule deffication,

(g) Sur la montagne de Saint-Germain, par M. Fougeroux de Bondaroy. Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1769. (h) Hiftoire Naturelle d'Espagne, par M. Bowles, pages 206 & 207.

L'afphialte

L'afphalte des Grecs eft le même que le bitume des Latins; on l'a nommé particulièrement bitume de Judée, parce que les eaux de la mer morte & les terreins qui l'environnent en fourniffent une grande quantité; il a beaucoup de propriétés communes avec le fuccin & le jayet; il eft de la même nature, & il paroît, ainsi que la poix de montagne, le pétrole & le naplite ne devoir fa liquidité qu'à une diftillation des charbons de terre & des bois bitumineux, qui fe trouvant voisins de quelque feu fouterrain, laiffent échapper les parties huileufes les plus légères, de la même manière à peu-près que ces substances bitumineufes donnent leurs huiles dans nos vaiffeaux de Chimie. Le naphte, le pétrole & le fuccin paroiffent être les.huiles les plus pures que fourniffe cette espèce de diftillation, & le jayet, la poix de montagne & l'asphalte font les huiles plus groffières. L'Hiftoire fainte nous apprend que la mer morte ou le lac afphaltique de Judée, étoit autrefois le territoire de deux villes criminelles qui furent englouties; on peut donc croire qu'il y a eu des feux fouterrains, qui agiffant avec violence dans ce lieu, ont été les inftrumens de cet effet; & ces feux ne font pas encore entièrement éteints (i); ils opèrent donc la distillation de toutes les matières végétales & bitumineuses

(i) On m'a assuré que le bitume pour lequel ce lac a toujours été fameux, s'élève quelquefois du fond en groffes bulles ou bouteilles qui, dès qu'elles parviennent à la surface de l'eau & touchent l'air extérieur, crèvent en faisant un grand bruit, accompagné de beaucoup de Minéraux, Tome II

B

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