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Balteus, et manicæ, et crista, crurisque sinistri
Dimidium tegmen 86; vel si diversa movebit
Prælia, tu felix, ocreas vendente puellâ 87 !
Hæ sunt, quæ tenui sudant in cyclade , quarum
Delicias et panniculus bombycinus urit.

88

Adspice, quo
, quo fremitu monstratos perferat ictus,
Et quanto galeæ curvetur pondere, quanta
Poplitibus sedeat, quàm denso fascia 89 libro;
Et ride, positis scaphium cùm sumitur armis 9o !
Dicite, vos neptes Lepidi, cæcive Metelli,
Gurgitis aut Fabii, quæ ludia sumpserit unquàm
Hos habitus? quandò ad palum gemat uxor Asyli?

Semper habet lites 91, alternaque jurgia lectus In quo nupta jacet ; minimum dormitur in illo.

a La toile d'Arachné ( bomby oinum indusium). Ce tissu, dit-on, était fait avec des toiles d'araignées. Cela paraîtra surprenant; mais voyez Pline le naturaliste (liv. 22 et 23) et Aristote (his toire des animaux). A l'époque de Juvénal, la soie était si rare qu'on la vendait au poids de l'or; on ne connaissait point le ver à soie; les Arabes et les Arméniens qui faisaient alors tout le commerce de l'Inde, transportaient bien en Europe quelques étoffes de soie, mais en si petite quantité, que les empereurs Romains, avant Héliogabale, n'osèrent jamais faire de toges ou de robes de ce précieux tissu. Ainsi, c'est mal à propos que certains commentateurs ont prétendu que le bombyx était une étoffe de soie.

b Grande querelle entre tous les commentateurs sur le mot scaphium. Cette expression signifie un vase de nuit en forme de nacelle, disent les uns, et Achaintre s'est mis de leur côté. Turnèbe prétend que ce mot signifie une espèce de coiffure en forme de bateau, usitée parmi les courtisanes; d'autres, à la tête desquels se trouve Grangée, assurent qu'il s'agit ici d'une espèce de bonnet ou de mitre, qui souvent ornait la tête des femmes il faut maintenant motiver ma traduction. Il y a dans le vers une antithèse, le mot scaphium est opposé à armis ;

:

Heureux époux! ajoute encor le baudrier,
Et pour mille combats une armure complète.
Tel est donc l'attirail de celle qu'inquiète
Le plus léger tissu; la toile d'Arachné a
efféminé?

Ne brûle-t-elle pas ce corps

Mais vois-la dans l'arène; elle est vive, elle est forte;
Quelle dextérité! quels coups elle vous porte!
Sous le poids de son casque elle ne fléchit pas.
Telle qu'un mirmillon, le bouclier au bras,
Elle couvre un genou; son énorme cuirasse
Protège de son corps le buste qu'elle embrasse.
Mais ce héros, comment ne pas rire à le voir
Déposer son armure et prendre son miroir ¿?
Nièces des Fabius, des Cotta, des Lépide,
Avez-vous jamais vu sous l'épaisse end romide
La femme du laniste et du gladiateur,
Prendre leçon d'escrime et montrer sa vigueur?
A peine dans son lit une épouse infidèle
Forge, invente à loisir cent sujets de querelle :
A côté de ce tigre, eh! qui pourrait dormir!

ce ne peut donc pas être un vase de nuit, car malgré la différence établie par Achaintre, ce vase n'offrirait point de contraste; au lieu qu'en opposant aux armes que dépose la dame Romaine qui vient de s'exercer comme un gladiateur, quelque partie d'un vêtement spécialement affecté aux femmes, le contraste est frappant. Est-il en effet rien de plus ridicule que de voir une femme quitter le glaive du mirmillon, pour saisir un meuble de toilette, ou se revêtir d'un ornement à l'usage spécial de son sexe? En français l'on dirait : déposer son armure et prendre l'éventail. On pourrait, absolument parlant, entendre le passage comme Achaintre ; mais je suppose que les dames Romaines, quelque dépravées qu'elles fussent, n'allaient pas publiquement, etc.

c A peine. Le tableau de la jalouse par Boileau est un des morceaux les plus énergiques de sa 10 satire, et mérite de faire le pendant : Et puis, quelque douceur dont brille ton épouse,

Penses-tu, si jamais elle devient jalouse,

Que son âme livrée à ses tristes soupçons
De la raison encore écoute les leçons?

Alors, Alcippe, alors tu verras de ses œuvres.
Résous-toi, pauvre époux, à vivre de couleuvres;

Tunc gravis illa viro, tunc orbâ tigride pejor,
Cùm simulat gemitus occulti conscia facti,

Aut odit
pueros, aut fictâ pellice plorat,
Uberibus semper lacrymis, semperque paratis
In statione suâ 92, ipsis exspectantibus illam,
Quo jubeat manare modo: tu credis amorem,
Tu tibi tunc curruca 93 places, fletumque labellis
Exsorbes. Quæ scripta, et quòt lecture tabellas,
Si tibi zelotype retegantur scrinia moecha!
Sed jacet in servi complexibus, aut equitis: Dic,
Dic aliquem, sodes, hìc 94, Quintiliane, colorem ?
Hæremus... Dic ipsa? Olim convenerat, inquit,
Ut faceres tu quod velles; nec non ego possem
Indulgere mihi : clames licet, et mare cœlo

A la voir tous les jours, dans ses fougueux accès,

A ton geste, à ton rire, intenter un procès.

Mais il a fait deux tableaux de ce que Juvénal a su fondre avec art dans un seul. Dans ce dernier, tous les mouvemens, toutes les ressources de la perfidie, de la fausse jalousie et de l'hypocrisie la plus raffinée, sont peints avec une admirable vérité; et quand enfin le personnage placé sur le premier plan voit toutes ses scélératesses et ses turpitudes dévoilées, elle éclate et fournit au poëte une sentence que la vérité n'a malheureusement que trop confirmée. Opposons encore à ce fameux tableau celui de Gilbert, Satire du 18° siècle. L'œil du philosophe apercevra à travers les couleurs un peu sombres et dures de la poésie, que, dans tous les pays, chez toutes les nations, sous tous les gouvernemens et dans tous les temps, lorsque la plus belle partie du genre humain a violé les lois de la pudeur, elle ne tarde pas à briser tous les autres liens qui l'attachent à la société.

Vois-tu parmi ces grands ces compagnes hardies,
Imiter leurs succès par eux-mêmes applaudies,
Dans un cœur délicat porter un cœur d'airain,
Opposer au mépris toujours un front d'airain,
Et du vice endurci témoignant l'impudence,
Sous leur casque de plume étouffer la décence.

Ses larmes. On trouve dans Ovide (Art d'aimer) quelques traits

Trop malheureux éponx! tu l'entendras gémir,
Quand, venant de manquer à la foi conjugale,
L'hypocrite, en pleurant, se donne une rivale.
Tout esclave est pour elle un objet odieux;
De pleurs en abondance elle inonde ses yeux;
Ils sont prêts dans sa tête, ils paraissent attendre
Et son ordre et comment ils doivent se répandre.
Ses larmes sont, dis-tu, les larmes de l'amour.
Pauvre époux ! tu les bois.... Visite donc un jour
Les écrits renfermés dans ses vastes tablettes.

b

Que liras-tu, grands dieux ! que d'intrigues secrètes!
Au noble, au chevalier succède un mysien...

« Ose élever la voix, docte Quintilien. »>
J'hésite! quel tableau !!! Que répond l'adultère ?
«< N'est-ce pas convenu? Librement, sans mystère
« Tu pouvais de ton cœur suivre la volonté,
« Et moi je n'aurais point la même liberté !

« Prends les dieux à témoin, tonne, éclate, menace.

épars que Juvénal a su si bien réunir. Dans une de ses élégies Ovide a dit: A son époux trahi la femme, la première, reproche une infidélité; elle croit compenser, dans sa feinte colère, sa faute par la tienne etc.; et dans son Art d'aimer : L'art pénètre partout; on apprend la science de pleurer quand on veut, sans peine, avec décence, etc.; et dans le même livre: Dans sa feinte douleur la fausse créature, quelquefois pourra bien déchirer sa figure.

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J'ai supprimé dans la traduction le mot curruca sur lequel Achaintre s'amuse, et qui a occasioné une contestation assez vive entre différens commentateurs. L'expression pauvre époux m'a paru suffisante en français, pour caractériser la faiblesse de l'individu et l'espèce d'homme dont il s'agit ici.

N'est-ce pas convenu ? C'est ainsi que s'exprime la satire morale; voici de quelle manière la satire des ridicules attaque l'adultère : « La << bonne compagnie, dit Voltaire, ne se sert jamais de tous ces vilains << termes, et ne prononce même jamais le mot d'adultère; on ne dit « point: Madame la duchesse est en adultère avec M. le chevalier; ma«dame la marquise a un mauvais commerce avec M. l'abbé. On dit : << Monsieur un tel est cette semaine l'amant de madame la marquise, etc. >> Toute cette longue plaisanterie, en rendant l'adultère ridicule, le rend-il odieux? Non, certes.

Confundas; homo sum 95. Nihil est audacius illis
Deprensis : Iram atque animos à crimine sumunt.

Undè hæc monstra tamen, vel quo de fonte requiris? Præstabat castas humilis fortuna Latinas

Quondam, nec vitiis contingi parva sinebant

Tecta labor, somnique breves, et vellere Tusco
Vexatæ duræque manus, ac proximus urbi
Annibal, et stantes Collinâ turre mariti.
Nunc patimur longæ pacis mala: sævior armis
Luxuria incubuit 96, victumque ulciscitur orbem.
Nullum crimen abest, facinusque libidinis, ex quo
Paupertas Romana periit: hinc fluxit ad istos 97
Et Sybaris colles : hinc et Rhodos, et Miletos,
Atque coronatum, et petulans, madidumque Tarentum.
Prima peregrinos obscoena pecunia mores
Intulit, et turpi fregerunt sæcula luxu

a Jadis un court sommeil. Ici j'ai supprimé quelques-uns de ces travaux dont s'occupaient les femmes romaines à l'époque la plus fameuse et la plus brillante de la République, malgré ses désastres et ses défaites multipliées. J'ai cherché à passer rapidement sur des détails que tout le monde connaît, pour arriver à une conclusion frappante, et dont la pensée grande, noble et sublime, aurait été affaiblie par l'exposition de quelques accessoires longs et minutieux.

b La crainte d'Annibal. Ce guerrier, d'après Tite-Live, avec deux mille cavaliers, s'avança de la porte Colline jusqu'au temple d'Hercule; et l'on ne leva point le siége de Capoue, et l'on ne traita pas avec Annibal. Mais d'où provenait une pareille fermeté? des bonnes mœurs. Metus hostilis, dit Salluste, in bonis artibus civitatem retinebat.

© Le luxe. Juvénal a raison : à qui s'en prend-il de tous les excès qui se commettent sous ses yeux? au luxe. Et j'ai vu quelques écrivains en faire l'apologie! Quels maux n'a-t-il pas causés, quels maux ne cause-til pas encore à l'espèce humaine? Est-ce au luxe ou à la force de ses institutions que Rome dut son salut dans la seconde guerre Punique? Qui

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