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ENTRETIENS

SUR LA

METAPHYSIQUE,

SUR

LA RELIGION,

ET SUR LA MORT.
Nouvelle Edition, revuë, corrigée,
& augmentée.

Par le R. P. MALE BRANCHE,

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Prêtre de l'Oratoire.

TOME I.

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A PARIS,

Chez MICHEL DAVID, fur le Quay des
Auguftins, à la Providence,

M. DCCXI

AVEC PRIVILEGE DU ROI.

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PREFA C E.

N a déja vu plufieurs Editions de cet Ouvrage; mais outre que celle-ci eft la plus exacte, l'on y a ajoûté trois Entretiens fur la mort & l'éternité qui la fuit. Ce fujet eft pour nous de la derniere conféquence, s'il eft vrai que nous ferons éternellement; s'il eft vrai que maintenant nôtre ame eft en épreuve, dans nôtre corps, & que le jour viendra où Dieu rendra à cha cun felon fes oeuvres. Le tems comparé à l'éternité, n'est qu'un inftant. Tous les biens de la vie prefente, richeffes, honneurs, plaifirs; joignez-y une fanté par. faite, & que rien ne manque de ce que met Ariftote dans la définition du fouverain bonheur: cet affemblage est imaginaire, ǎ ij

Tome I.

mais fût-il tres-réel, tout ce qui paffe approche fi fort du neant, quand on le compare avec l'éternité bienheureufe que nous efperons, qu'il n'eft pas poffible que l'homme foit content de fa conduite, lorfqu'il donne toute fon application & tous fes foins pour obtenir fi peu de chofe.

Nous voulons tous invinciblement être heureux; je dis folidement heureux, éternellement heureux. Mais la mort eft inévitable. Elle rompt tous nos def feins. Elle doit donc changer auffi toutes nos vûës. Elle doit nous forcer de chercher des biens qu'elle ne puiffe nous enlever.

Il est bien jufte que la mort nous traverse dans nos deffeins: car ils font bizarres & mal reglez quand nous ne fuivons pas fes avis. Bien loin qu'elle s'oppose à nôtre veritable bonheur,

c'eft elle qui nous y conduit. La pensée de la mort ne nous fait méprifer que ce qui eft méprifa ble. Elle leve le voile & les apparences trompeufes des biens fenfibles: mais elle laiffe aux vrais biens toute leur realité, & tout leur prix; & elle nous les approche de fi prés, ces vrais biens, elle nous les fait confiderer fi attentivement, que tout le refte difparoît. C'est même cet effet ordinaire de la pensée de la mort qui la rend defagreable; de forte que bien des gens voudroient n'y penfer jamais.

Le fage en tout tems veut être détrompé. Mais l'homme charnel & infenfé fe plaît dans l'illufion. S'il dort d'un fommeil doux & agreable; s'il n'a que de plaifans fonges, la mort qui le délivre de fon affoupiffement, eft une importune. Il faut que la douceur de fon fommeil foit

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