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plus loin; ils ont auffi reconnu que rien ne pouvoit intercepter l'action de cette force, en forte qu'un Aimant renfermé dans une boîte, agit toujours à la même distance. Ces faits fuffifent pour qu'on puiffe concevoir, qu'en plaçant & cachant des Aimans & du fer en différens endroits, même affez éloignés, on peut produire des effets qui paroiffent merveilleux, parce qu'ils s'opèrent à quelque distance, fans action apparente d'aucune matière intermédiaire, ni d'aucun mouvement communiqué.

Les Anciens n'ont connu que cette première propriété de l'Aimant; ils favoient que le fer, de quelque côté qu'on le préfente, eft toujours attiré par l'Aimant; ils n'ignoroient pas que deux Aimans préfentés l'un à l'autre, s'attirent ou fe repouffent. Les Phyficiens modernes, ont démontré que cette attraction & cette répulfion entre deux Aimans, font égales, & que la plus forte attraction se fait lorsqu'on préfente directement les poles de différent nom, c'eft-à-dire, le pole auftral d'un Aimant, au pole boréal d'un autre Aimant; & que, de même, la répulfion eft la plus forte, quand on préfente l'un à l'autre les poles de mème nom. Enfuite ils ont cherché la loi de cette attraction & de cette répulfion, & ils ont reconnu, qu'au lieu d'être comme la loi de l'attraction univerfelle, en raifon inverse du quarré de la diftance, cette attraction & cette répulfion magnétiques ne décroiffent pas même autant

que la distance augmente (a); mais lorsqu'ils ont voulu graduer l'échelle de cette loi, ils y ont trouvé tant d'inconftance, & de fi grandes variations, qu'ils n'ont pu déterminer aucun rapport fixe, aucune proportion suivie, entre les degrés de puiffance de cette force attractive, & les effets qu'elle produit à différentes diftances: tout ce qu'ils ont pu conclure d'un nombre infini d'expériences, c'eft que la force attractive de l'Aimant décroît proportionnellement plus dans les grandes que dans les petites diftances.

Nous venons de dire que les Aimans ne font pas tous d'égale force, à beaucoup près; que plus les pierres d'Aimant font groffes, moins elles ont de force attractive, relativement à leur volume, & qu'elles en ont d'autant plus qu'elles font plus pefantes, à volume égal; mais nous devons ajouter, que les Aimans les plus puiffans ne font pas toujours les plus généreux,

(a) Mufchembroëck, differtatio de magnete, pages 16 & fuiv., pour connoître la loi de cette attraction, ce Phyficien s'eft fervi d'Aimans de forme ronde, &, par une balance très-mobile, il a mefuré l'effet de cette force à toutes diftances, depuis une demi-ligne jufqu'à plufieurs pouces; en comparant les réfultats d'un très-grand nombre d'expériences, il a vu que cette force attractive des Aimans fphériques, non-feulement ne diminuoit pas comme celle de l'attraction universelle, en raison inverse du quarré de la distance, mais que la diminution de cette force magnétique n'eft pas même en raifon inverfe de la fimple distance.

en forte que quelquefois ces Aimans plus puiffans ne communiquent pas au fer autant de leur vertu attractive, que des Aimans plus foibles & moins riches, mais en même-tems moins avares de leur propriété.

La fphère d'activité des Aimans foibles, eft moins étendue que celle des Aimans forts; &, comme nous l'avons dit, la force attractive des uns & des autres, décroît beaucoup plus dans les grandes que dans les petites distances; mais, dans le point de contact, cette force, dont l'action est très-inégale à toutes les diftances dans les différens Aimans, produit alors un effet moins inégal dans l'Aimant foible & dans l'Aimant fort, de forte qu'il faut employer des poids moins inégaux pour féparer les Aimans forts & les Aimans foibles, lorsqu'ils font unis au fer ou à l'Aimant par un contact immédiat.

Le fer attire l'Aimant, autant qu'il en eft attiré; tout deux, lorsqu'ils font en liberté, font la moitié du chemin, pour s'approcher ou fe joindre. L'action & la réaction font ici parfaitement égales; mais un Aimant attire le fer de quelque côté qu'on le préfente, au lieu qu'il n'attire un autre Aimant que dans un fens, & qu'il le repouffe dans le fens oppofé.

La limaille de fer eft attirée plus puissamment par l'Aimant, que la poudre même de la pierre d'Aimant, parce qu'il y a plus de parties ferrugineufes dans le fer forgé, que dans cette pierre, qui néanmoins agit

que

de plus loin fur le fer aimanté, qu'elle ne peut agir sur du fer non-aimanté, car le fer n'a par lui-même aucune force attractive; deux blocs de ce métal, mis l'un auprès de l'autre, ne s'attirent pas plus que deux maffes de toute autre matière; mais, dès l'un ou l'autre, ou tous deux, ont reçu la vertu magnétique, ils produisent les mêmes effets, & préfentent les mêmes phénomènes que la pierre d'Aimant, qui n'eft en effet qu'une masse ferrugineuse aimantée par la cause générale du magnétifme. Le fer ne prend aucune augmentation de poids par l'imprégnation de la vertu magnétique; la plus groffe maffe de fer ne pèse pas un grain de plus, quelque fortement qu'elle foit aimantée; le fer ne reçoit donc aucune matière réelle par cette communication, puifque toute matière eft pesante, fans même en excepter celle du feu (b). Cependant le feu violent agit fur l'Aimant & fur le fer aimanté; il diminue beaucoup, ou plutôt il fufpend leur force magnétique lorsqu'ils font échauffés jusqu'à l'incandefcence, & ils ne reprennent cette vertu, qu'à mesure qu'ils fe refroidiffent. Une chaleur égale à celle du plomb fondu (c), ne fuffit pas pour produire cet effet;

(b) Voyez le deuxième vol. in-4.° des fupplémens à cette Histoire naturelle, article de la pefanteur du feu.

(c) Pour faire des Aimans d'un volume confidérable, les ouvriers joignent enfemble plufieurs petits morceaux d'Aimant qu'ils réuniffent,

&

& d'ailleurs le feu, quelque violent qu'il foit, laiffe toujours à l'Aimant & au fer aimanté quelque portion de leurs forces; car, dans l'état de la plus grande incandefcence, ils donnent encore des fignes fenfibles, quoique foibles, de leur magnétifme; M. Epinus a même éprouvé que des Aimans naturels portés à l'état d'incandefcence, refroidis enfuite, & placés entre deux grandes barres d'acier fortement aimantées, acquéroient un magnétifme plus fort (d); &, par la comparaifon de fes expériences, il paroît que plus un Aimant est

en les appliquant d'abord les uns contre les autres, & les plongeant enfuite dans du plomb ou de l'étain fondus. La chaleur communiquée par ces métaux fondus à cette maffe d'Aimant, n'en diminue pas la force, & il faut un bien plus grand degré de chaleur, & même un feu trèsviolent, pour opérer cette diminution ou fufpenfion de force de l'Aimant & du fer aimanté. Mufchembroëck, page 73.

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(d) Le premier Aimant que j'ai foumis à l'expérience, dit M. Epinus, c étoit un parallélipipède régulier, il étoit noirâtre, fans éclat métallique,« très-homogène, très-compact, & tel que font communément les Aimans << de mauvaise qualité. Il n'avoit prefque pas de force, car il pesoit nud deux onces avec fon armure trois onces & n'élevoit que" quatre onces. Je l'ai dépouillé de fon armure, je l'ai placé entre deux «< grandes barres d'acier fortement aimantées, fuivant la manière que j'ai c décrite, &, après une demi-heure, j'ai trouvé que fa vertu étoit aug-« mentée, & que rejoint à son armure, il pouvoit élever 12 onces; jeu l'ai expofé au feu libre des charbons, je l'ai laissé dans une forte incan-❝ defcence pendant une demi-heure ; j'ai trouvé, après fon refroidiffe-" Aimant.

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