quante-cinq minutes trente-cinq fecondes (1); en 1773, de vingt degrés une minute quinze fecondes (m); en 1772, de dix-neuf degrés cinquante-cinq minutes vingt-cinq fecondes, & cette augmentation, de la déclinaison vers l'oueft, a été encore plus petite dans les années précédentes, puisqu'en 1771 cette déclinaison a été de dix-neuf degrés cinquante-cinq minutes, comme en 1772 (n); qu'en 1770 elle a été de dix-neuf degrés cinquante-cinq minutes (o) ; & en 1769 de vingt degrés (p).

Le mouvement, en déclinaison vers l'oueft, paroît donc s'être très-ralenti depuis près de vingt ans. Cela semble indiquer que ce mouvement pourra dans quelque-tems devenir rétrograde, ou du moins que fa progreffion ne s'étendra qu'à quelques degrés de plus; car je ne pense pas qu'on puiffe fuppofer ici une révolution entière, c'eft-à-dire, de trois cens foixante degrés dans le même fens; il n'y a aucun fondement à cette fuppofition, quoique plufieurs Phyficiens l'aient admise,

(1) Connoiffance des tems, année 1776, page 314.

(m) Idem, page 313.

(n) Idem, année 1774, page 256.

(0) Idem, année 1772.

(p) Idem, année 1771, page 232.

Aimant,

X

& que même ils en aient calculé la durée d'après les obfervations qu'ils avoient pu recueillir; & fi nous voulions fuppofer & calculer de même, d'après les obfervations rapportées ci-deffus, nous trouverions que la durée de cette révolution feroit de 1996 ans & quelques mois, puifqu'en 122 années, c'eft-à-dire, depuis 1663 à 1785, la progreffion a été de vingtdeux degrés; mais ne feroit-il pas néceffaire de fuppofer encore que le mouvement de cette progreffion fût affez uniforme, pour faire dans l'avenir à-peu-près. autant de chemin que dans le paffé, ce qui eft plusqu'incertain, & même peu vraisemblable par plufieurs raifons, toutes mieux fondées que ces fauffes fuppo-fitions.

&

Car fi nous remontons au-delà de l'année 1663;

que nous prenions pour premier terme de la progreffion de ce mouvement l'année 1580, dans laquelle la déclinaifon étoit de onze degrés trente minutes vers l'eft, le progrès de ce mouvement en 205 ans (c'est-à-dire depuis 1580, jufqu'à l'année 1785. comprise), a été en totalité de trente-trois degrés trente minutes, ce qui donneroit environ 2201 ans pour la révolution totale de trois cens-foixante degrés. Mais ce mouvement n'eft pas, à beaucoup près, uni✈ forme, puifque depuis 1580 jufqu'en 1663, c'est-àdire en 83 ans, l'aiguille a parcouru onze degrés trente minutes par fon mouvement de l'est au nord, tandis que

dans les 52 années fuivantes, c'est-à-dire depuis 1663 jusqu'en 1715, elle a parcouru du nord à l'oueft un espace égal de onze degrés trente minutes, & que dans les 50 années fuivantes, c'est-à-dire depuis 1715 jusqu'en 1765, le progrès de cette déclinaison n'a été que d'environ fept degrés & demi; car, dans cette année 1765, l'aiguille aimantée déclinoit à Paris de dix-huit degrés cinquante-cinq minutes vingt secondes, & nous voyons que depuis cette année 1765 jusqu'en 1785, c'est-à-dire en vingt ans, la déclinaison n'a augmenté que de deux degrés; différence fi petite, en comparaifon des précédentes, qu'on peut préfumer avec fondement que le mouvement total de cette déclinaifon à l'oueft eft borné, quant à préfent, à un arc de vingt-deux ou vingt-trois degrés (q).

La fuppofition que le mouvement fuit la même marche de l'est au nord, que du nord à l'oueft, n'eft nullement appuyée par les faits; car fi l'on consulte les observations faites à Paris, depuis l'année 1610

(q) Dans le fupplément aux voyages de Thévenot, publié en 1681, page 30, il eft dit que la déclinaifon de l'aiguille aimantée avoit été obfervée de cinq degrés vers l'eft en 1269. Si l'on connoiffoit le lieu où cette observation a été faite, elle pourroit démontrer que la déclinaison eft quelquefois rétrograde, & par conféquent que fon mouvement ne produit pas une révolution entière.

jufqu'en 1663, c'est-à-dire, dans les 53 ans qui ont précédé l'année où la déclinaison étoit nulle, l'aiguille n'a parcouru que huit degrés de l'eft au nord, tandis que dans un efpace de tems prefque égal, c'eft-à-dire dans les 59 années fuivantes, depuis 1663 jufqu'en 1712, elle a parcouru treize degrés vers l'oueft (r). On ne peut donc pas fuppofer que le mouvement de la déclinaifon fuive la même marche en s'approchant qu'en s'éloignant du nord, puifque ces obfervations démontrent le contraire.

Tout cela prouve feulement que ce mouvement ne fuit aucune règle, & qu'il n'eft pas l'effet d'une cause conftante; il paroît donc certain que cette variation ne dépend que de caufes accidentelles ou locales, & fpécialement de la découverte ou de l'enfouiffement des mines & grandes maffes ferrugineufes, & de leur aimantation plus ou moins prompte & plus ou moins étendue, felon qu'elles font plus ou moins décou-. vertes & expofées à l'action du magnétisme général. Ces changemens, comme nous l'avons dit, peuvent être produits par les tremblemens de terre, l'éruption des volcans, ou les coups des foudres fouterraines, l'incendie des forêts, & même par le travail des hommes fur les mines de fer. Il doit dès-lors fe former de nouveaux poles magnétiques, plus foibles ou

(r) Mufchembroëck, page 154.

plus puiffans que les anciens, dont on peut auffi fuppofer l'anéantiffement par les mêmes causes. Ce mouvement ne peut donc pas être confidéré comme un grand balancement qui fe feroit par des ofcillations régulières; mais comme un mouvement qui s'opère par fecouffes plus ou moins fenfibles, felon le changement plus ou moins prompt des poles magnétiques, changement qui ne peut provenir que de la découverte & de l'aimantation des mines ferrugineufes, lefquelles feules peuvent former des poles.

Si nous confidérons les mouvemens particuliers de l'aiguille aimantée, nous verrons qu'elle eft prefque continuellement agitée par de petites vibrations, dont l'étendue eft au moins auffi variable que la durée. M. Graham, en Angleterre (s), & M. Cotte, à Paris (t), ont donné dans leurs tables d'obfervations toutes les alternatives, toutes les viciffitudes de ce mouvement de trépidation chaque mois, chaque jour & chaque heure. Mais nous devons remarquer que les résultats de ces obfervations doivent être modifiés. Ces Phyficiens ne fe font fervis que de bouffoles, dans lefquelles l'aiguille portoit fur un pivot, dont le frotte

(s) Transactions philofophiques, N.° 383, année 1724, page 96. () Voyez la connoiffance des tems, publiée par ordre de l'Académie des Sciences, depuis l'année 1770.