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Les caufes, qui font varier la déclinaison & la tranfportent, pour ainfi dire, avec le tems, de l'eft à l'oueft, ou de l'oueft à l'eft du méridien terreftre, ne dépendent donc que de circonftances accidentelles & locales, fur lesquelles néanmoins nous pouvons affeoir un jugement en rapprochant les différens faits ci-devant indiqués.

Nous avons dit qu'en l'année 1580, l'aiguille dé-clinoit à Paris de onze degrés trente minutes vers l'eft; or nous remarquerons que c'est depuis cette année 1580, que la déclinaifon paroît avoir commencé de quitter cette direction vers l'eft, pour se porter fucceffivement vers le nord & enfuite vers l'oucft; car, en l'année 1610, l'aiguille, ainfi que nous l'avons déjà remarqué, ne déclinoit plus que de huit degrés vers l'eft; en 1640, elle ne déclinoit plus que de trois degrés, &, en 1663, elle fe dirigeoit droit au pole. Enfin, depuis cette époque, elle n'a pas ceffé de fe porter vers l'oueft. J'observerai donc que la période de ce progrès dans l'oueft, auquel il faut joindre encore la période du retour ou du rappel de la déclinaifon de l'est au nord, puifque ce mouvement s'eft opéré dans le même fens; j'obferverai, dis-je, que ces périodes de tems semblent correspondre à l'époque du défrichement & de la dénudation de la terre dans l'Amérique Septentrionale, & aux progrès de l'éta

bliffement des Colonies dans cette partie du nouveau monde; en effet, l'ouverture du fein de cette nouvelle terre par la culture, les incendies des forêts dans de vaftes étendues, & l'exploitation des mines de fer par les Européens dans ce continent, dont les habitans fauvages n'avoient jamais connu, ni recherché ce métal, n'ont elles pas dû produire un nouveau pole magnétique, & déterminer vers cette partie occidentale du globe, la direction de l'Aimant, qui précédemment n'éprouvoit pas cette attraction, & au lieu. d'obéir à deux forces, étoit uniquement déterminée par le courant électrique qui va de l'équateur aux poles de la terre.

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J'ai remarqué, ci-devant, que la déclinaifon s'eft trouvée conftante à Quebec, durant une période de 37 ans; ce qui femble prouver l'action conftante d'un nouveau pole magnétique dans les régions feptentricnales de l'Amérique. Enfin le ralentiffement actuel du progrès de la déclinaison dans l'ouest, offre encore un rapport fuivi avec l'état de cette terre du nouveau monde, ou le principal progrès de la dénudation du fol, & de l'exploitation des mines de fer, paroît actuellement être à-peu-près auffi complet que dans les régions feptentrionales de l'ancien Continent.

On peut donc affurer que cette déclinaison de l'Ai mant, dans les divers lieux, & felon les différens tems,

ne dépend que du giffement des grandes maffes ferrugineufes dans chaque région, & de l'aimantation plus ou moins prompte de ces mêmes maffes, par des causes accidentelles ou des circonftances locales, telles que le travail de l'homme, l'incendie des forêts, l'éruption des volcans, & même les coups que frappe l'électricité fouterraine fur de grands efpaces, causes qui peuvent toutes donner également le magnétifme aux matières ferrugineufes; & ce qui en complète les preuves, c'eft qu'après les tremblemens de terre, on a vu fouvent l'aiguille aimantée, foumise à de grandes irrégularités dans fes variations

Au refte, quelque irrégulière que foit la variation de l'aiguille aimantée dans fa direction, il me paroît néanmoins que l'on peut en fixer les limites, & même placer entre elles un grand nombre de points intermédiaires, qui, comme ces limites mêmes, feront conftans & presque fixes pour un certain nombre d'années, parce que le progrès de ce mouvement de déclinaifon ne fe faifant actuellement que très-lentement, on peut le regarder comme conftant pour le prochain avenir d'un petit nombre d'années; & c'est pour arriver à cette détermination, ou du moins pour en approcher, autant qu'il est possi

(z) Voyez l'ouvrage déjà cité de M. Epinus, N.° 364.

ble, que j'ai réuni toutes les observations que j'ai pu recueillir dans les voyages & navigations faits depuis vingt ans, & dont je placerai d'avance les principaux résultats dans l'article fuivant.

ARTICLE

De l'inclinaifon de l'Aimant.

V I.

LA DIRECTION DE L'AIMANT, ou de l'aiguille aimantée, n'eft pas l'effet d'un mouvement fimple, mais d'un mouvement compofé qui fuit la courbure du globe de l'équateur aux poles. Si l'on pofe un Aimant fur du mercure, dans une fituation horizontale, & fous le méridien magnétique du lieu, il s'inclinera de manière que le pole auftral de cet Aimant s'élèvera au-deffus, & que le pole boréal s'abaiffera au-deffous de la ligne horizontale dans notre hémisphère boréal, & le contraire arrive dans l'hémifphère austral; cet effet eft encore plus aifé à mesurer, au moyen d'une aiguille aimantée, placée dans un plan vertical: la bouffole horizontale indique la direction avec fes déclinaifons, & la bouffole verticale démontre l'inclinaifon de l'aiguille; cette inclinaison change fouvent plus que la déclinaifon, fuivant les lieux, mais elle eft plus conftante pour les tems; & l'on a même obfervé que la différence de hauteur,› comme du fommet d'une montagne à fa vallée, ne

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