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aller en diminuant, lorfqu'elle devroit s'accroître, & peuvent même tout-à-coup la faire changer de l'eft à l'oueft, ou de l'oueft à l'eft. Par exemple, dans l'année 1618, la déclinaison étoit orientale de quinze degrés dans l'Ifle de Candie, tandis qu'elle étoit nulle à Malthe; & dans le détroit de Gibraltar, & qu'elle étoit de fix degrés vers l'oueft à Palerme & à Alexandrie; ce que l'on ne peut attribuer qu'à des caufes particulières & à ces effets paffagers que nous venons d'indiquer.

La bande fans déclinaison, qui fe trouve actuellement dans la mer Atlantique, giffoit auparavant dans notre Continent; en 1594, elle paffoit à Narva, en Finlande, elle étoit en même-tems bien plus avancée du côté de l'est dans les régions plus voifines de l'équateur, &, par conféquent, il y a près de 200 ans qu'elle étoit inclinée du côté de l'oueft, relativement à l'équateur terreftre, puisqu'elle n'a passé qu'en 1600 à Conftantinople, qui eft à-peu-près fous le même méridien que Narva. Cette bande fans déclinaison est parvenue, en s'avançant vers l'oueft, jufqu'au deux cens quatre-vingt-deuxième degré de longitude, & à la latitude de trente-cinq degrés, où elle fe trouve actuellement.

En 1616, la déclinaison fut trouvée de cinquantefept degrés à foixante-dix-huit degrés de latitude boréale, & deux cens quatre-vingt de longitude. C'eft la plus grande déclinaifon qu'on ait observée; elle

étoit vers l'oueft, ainsi que les deux fortes déclinaisons dont nous devons la connoiffance à M. le Chevalier de l'Angle, & au Capitaine Cook; elle a eu également lieu fous une très-haute latitude, & elle a été reconnue dans un endroit peu éloigné de celui où M. de l'Angle a trouvé la déclinaifon de quarante-cinq degrés, la plus grande de toutes celles qui ont été obfervées dans les derniers tems. Néanmoins, dans la même année 1616, la bande fans déclinaifon, qui traversoit l'Europe, & qui s'avançoit toujours vers l'Occident, n'étoit pas encore parvenue au vingt-unième degré de longi¬ tude, & dans des points fitués à l'oueft de cette bande, comme par exemple à Paris, à Rome, &c. l'aiguille déclinoit vers l'eft. Et cela provient de ce que les régions septentrionales de l'Amérique n'avoient pas encore éprouvé toutes les révolutions qui y ont établi le pole magnétique que l'on doit y fuppofer à préfent.

Quoi qu'il en foit, nous ne pouvons pas douter qu'il n'y ait actuellement un pole magnétique dans cette région du nord de l'Amérique, puifque la déclinaison vers l'oueft eft plus grande en Angleterre qu'en France, plus grande en France qu'en Allemagne & toujours moindre à mesure qu'on s'éloigne de l'Amérique, en s'avançant vers l'Orient,

Dans l'hémisphère auftral, l'aiguille d'inclinaison, au rapport du voyageur Noël, fe tenoit perpendicu

laire au trente-cinquième ou trente-fixième degré de latitude, & cette perpendicularité de l'aiguille fe foutenoit dans une longue étendue, fous différentes longitudes, depuis la mer de la nouvelle Hollande jufqu'à fept ou huit cens milles du Cap de Bonne-efpérance (f). Cette obfervation s'accorde avec le fait rapporté par Abel Tafman, dans fon voyage, en 1642; ce Voyageur dit avoir obfervé, que l'aiguille de fes bouffoles horizontales, ne fe dirigeoit plus vers aucun point fixe, dans la partie de la mer voifine, à l'occident, de la terre de Diémen; & cela doit arriver en effet lorfqu'on fe trouve fur un pole magnétique. En comptant donc fur cette observation du voyageur Noël, on eft en droit d'en conclure qu'un des poles magnétiques de l'hémifphère auftral étoit fitué, dans ce tems, fous la latitude de trente-cinq ou trente-fix degrés, & que quoiqu'il y eût une affez grande étendue en longitude, où l'aiguille n'avoit point de direction conf

(f) Le capitaine Cook dit que l'inclinaifon de l'aiguille fut de 64 deg. 36 min. les trois différentes fois qu'il relâcha à la nouvelle Zélande, dans une baie fituée par 41 deg. 5 min. 56 fec. de latitude, & 172 deg. O min. 7 fec. de longitude. Il me paroît que l'on peut compter fur cette obfervation de Cook, avec d'autant plus de raison qu'elle a été répétée, comme l'on voit par fon récit, jufqu'à trois fois différentes dans le même lieu, en différentes années. Voyez le fecond voyage de Cook, tome 3, page 374.

tante, on doit fuppofer, fur cette ligne, un espace qui fervoit de centre à ce pole, & dans lequel, comme fur les parties polaires de la pierre d'Aimant, la force magnétique étoit la plus concentrée ; & ce centre étoit probablement l'endroit où Tasman a vu que l'aiguille de fes bouffoles horizontales ne pouvoit fe fixer.

Le pole magnétique, qui fe trouve dans le nord de l'Amérique, n'eft pas le feul qui foit dans notre hémis~ phère; le favant & ingénieux Halley en comptoit quatre fur le globe entier, & en plaçoit deux dans l'hémifphère boréal, & deux dans l'hémisphère auftral. Nous croyons devoir en compter également deux dans chaque hémifphère, ainfi que nous l'avons déjà dit, puifqu'on y a reconnu trois lignes ou bandes, fur lefquelles l'aiguille. fe dirige droit au pole terreftre, fans aucune déviation.

De la même manière que les poles d'un Aimant ne font pas des points mathématiques, & qu'ils occupent quelques lignes d'étendue fuperficielle, les poles magnétiques du globe terreftre occupent un affez grand espace; & en comptant fur le globe quatre poles magnétiques, il doit fe trouver un certain nombre de régions, dans. lefquelles l'inclinaifon de l'aiguille fera très-grande, & de plus de quatre-vingt degrés.

Quoique le globe terreftre ait en grand les mêmes propriétés que l'Aimant nous offre en petit, ces propriétés ne fe préfentent pas auffi évidemment, ni par des effets auffi conftans & auffi réguliers fur le globe

que fur la pierre d'Aimant; cette différence entre les effets du magnétifme général du globe, & du magnétifme particulier de l'Aimant, peut provenir de plus d'une cause. Premièrement, de la figure fphéroïde de la terre; on a éprouvé, en aimantant de petits globes de fer, qu'il eft difficile de leur donner des poles bien déterminés ; & c'eft probablement en raifon de fa fphéricité, que les poles magnétiques ne font pas aussi distincts fur le globe terreftre, qu'ils le font fur des Aimans non sphériques. Secondement, la position de ces poles magnétiques, qui font plus ou moins voifins des vrais poles de la terre, & plus ou moins éloignés de l'équateur, doit influer puiffamment fur la déclinai– fon dans chaque lieu particulier, fuivant fa fituation plus ou moins diftante de ces mêmes poles magnétiques, dont la position n'eft point encore affez déterminée.

Le magnétifme du globe, dont les effets viennent de nous paroître fi variés, & même si finguliers, n'eft donc pas le produit d'une force particulière, mais une modification d'une force plus générale, qui eft celle de l'électricité, dont la caufe doit être attribuée aux émanations de la chaleur propre du globe, lefquelles partant de l'équateur & des régions adjacentes, fe portent, en fe courbant & fe plongeant fur les régions polaires où elles tombent, dans des directions d'autant plus approchantes de la perpendiculaire, que la chaleur est

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