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vomi, pendant plufieurs fiècles, des monceaux immenfes de matières volcaniques.

Mais une chofe digne de remarque, c'eft que les volcans des environs de Naples & de la terre de Labour, comme les autres volcans dont nous venons de parler, femblent toujours éviter les montagnes primitives, quartreufes & granitiques, & c'est par cette raison qu'ils n'ont point pris leur direction par la Calabre, pour aller gagner la Sicile. Les grands courans de laves fe font frayé une route fous les eaux de la mer, & arrivent, du golfe de Naples, le long de la côte de Sorente, paroiffant à découvert fur le rivage, & formant des écueils de matières volcaniques, qu'on voit de distance en diftance, depuis le promontoire de Minerve, jufques aux Ifles de Lipari. Les Ifles de Baziluzzo, les Cabianca, les Canera, Panaria, &c. font fur cette ligne. Viennent enfuite l'Ile des Salines, celles de Lipari, Volcanello, & Volcano, autre volcan brûlant, où les feux fouterrains fabriquent, en grand, de groffes maffes de véritables pierres ponces. En Sicile, les Monts-Neptuniens, comme les Alpes en Provence, ont forcé les feux fouterrains à fuivre leurs contours, & à prendre leur direction par le Val Demona. Dans cette lile, l'Etna élève fièrement fa tête au-dessus de tous les volcans de l'Europe; les éjections qu'a produit ce foyer immenfe, coupent le Val de Noto & arrivent à l'extrémité de la Sicile, par le Cap Palaro..

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Les matières volcaniques difparoiffent encore ici fous les eaux de la mer, mais les écueils de basalte qu'on voit de diftance en distance, font des fignaux évidens qui tracent la route de l'embrasement; on peut arriver, fans s'en écarter, jufqu'à l'Archipel, où l'on trouve fantorini & les autres volcans qu'un obfervateur célèbre a fait connoître dans fon voyage pittorefque de la Grèce (f).

De l'Archipel on peut fuivre par la Dalmatie, les volcans éteints, décrits par M. Fortis, jufqu'en Hongrie, où l'on trouve ceux qu'a fait connoître M. de Born dans fes lettres fur la minéralogie de ce Royaume. De la Hongrie, la chaîne volcanifée se prolonge toujours fans interruption par l'Allemagne, & va joindre Yes voicans éteints d'Hannovre, décrits par Rafpe; ceuxci fe dirigent fur Caffel, ville bâtie sur un vaste plateau de basalte; les feux fouterrains qui ont élevé toutes les collines volcaniques des environs de Cassel, ont porté leur direction, par le grand cordon des hautes montagnes volcanifées de l'Habichoual, qui vont joindre le Rhin par Andernach, où les Hollandois font leur approvifionnement de tras (g) pour le convertir en pouzzolane; les bords du Rhin, depuis Andernach

(f) M. le Comte de Choifeul-Gouffier.

(g) Le tras est un vrai bafalte compacte ou poreux, facile à broyer, & dont les Hollandois font de la pouzzolane.

jufqu'au vieux Briffac, forment la continuité de la zone volcanisée, qui traverse le Brifgau & fe rapproche par-là de la France, du côté de Strasbourg.

D'après ce grand tableau des ravages du feu dans la partie du monde qui nous eft la mieux connue, pourroit-on fe perfuader, ou même imaginer qu'il ait pu exifter d'affez grands amas de matières combuftibles, pour avoir alimenté pendant des fiècles de fiècles, des volcans multipliés en auffi grand nombre? Cela feul fuffiroit pour nous indiquer que la plupart des volcans actuellement éteints, n'ont été produits que par les foudres de l'électricité fouterraine. Nous venons de voir, en effet, que les Pyrénées, les Alpes, l'Apennin, les Monts-Neptuniens en Sicile, le Mont-Granby en Angleterre, & les autres montagnes primitives, quartreuses & granitiques, ont arrêté le cours des feux fouterrains, comme étant par leur Nature vitreuse, imperméables au fluide électrique, dont ils ne peuvent propager l'action, ni communiquer les foudres; & qu'au contraire tous les volcans produits par les feux ou les tonnerres fouterrains, ne fe trouvent qu'aux environs de ces montagnes primitives, & n'ont exercé leur action que fur les fchiftes, les argiles, les subftances calcaires & métalliques, & les autres matières de feconde formation & conductrices de l'électricité. Et comme l'eau eft un des plus puiffans conducteurs du fluide électrique, ces volcans ont agi avec

d'autant plus de force, qu'ils fe font trouvés plus près de la mer, dont les eaux, en pénétrant dans leurs cavités, ont prodigieufement augmenté la masse des fubftances conductrices, & l'action de l'électricité. Mais, jetons encore un coup-d'œil fur les autres différences remarquables qu'on peut obferver dans la continuité des terrains volcanifés.

L'une des premières chofes qui s'offrent à nos confidérations, c'eft cette immenfe continuité de bafaltes & de laves, lefquels s'étendent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des terrains volcanifés. Ces bafaltes & ces laves contenant une très-grande quantité de matières ferrugineuses, doivent être regardés comme autant de conducteurs de l'électricité; ce font, pour ainfi dire, des barres métalliques, c'eft-à-dire, des conducteurs à plufieurs centaines de lieues du fluide électrique, & qui peuvent le transmettre en un inftant, de l'une à l'autre de leurs extrémités, tant à l'intérieur de la terre qu'à sa surface. L'on doit donc rapporter, à cette cause, les commotions & tremblemens de terre qui se font sentir, presque en même-tems, à des distances trèséloignées.

Une feconde confidération très-importante, c'est que tous les volcans, & fur-tout ceux qui font encore actuellement agiffans portent fur des cavités, dont la capacité est au moins égale au volume de leurs projections ; le Monte-Nuovo, voifin du Véfuve, s'eft élevé presque fubitement,

fubitement, c'est-à-dire, en deux ou trois jours dans l'année 1538, à la hauteur de plus de mille pieds, fur une circonférence de plus d'une lieue à la base; & cette énorme maffe fortie des entrailles de la terre dans un terrain qui n'étoit qu'une plaine, a nécessairement laiffé des cavités au moins égales à fon volume; de même, il y a toute raison de croire que l'Etna dont la hauteur eft de plus de dix-huit cens toifes, & la circonférence à la bafe de près de cinquante lieues, ne s'eft élevé que par la force des foudres fouterraines, & que, par conféquent, cette trèsénorme masse de matière projetée porte fur plufieurs cavités, dont le vide eft au moins égal au volume foulevé. On peut encore citer les Isles de Santoriħ, qui, depuis l'année 237, avant notre Ere, fe font abîmées dans la mer, & élevées au-deffus de la terre à plusieurs reprises, & dont les dernières catastrophes font arrivées en 1707. Tout l'espace, dit « M. le Comte de Choifeul-Gouffier, actuellement rempli « par la mer, & contenu entre Santorin & Thérésia, « aujourd'hui Afpronyzi, faifoit partie de la grande Isle, « ainfi que Théréfia elle-même. Un immenfe volcan « s'eft allumé, & a dévoré toutes les parties intermé– « diaires. Je retrouve dans toute la côte de ce golfe, « compofée de rochers escarpés & calcinés, les bords de « ce même foyer, &, fi j'ose le dire, les parois internes « du creufet, où cette deftruction s'eft opérée; mais ce « Aimant.

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