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jamais former une théorie complète fur les grandes variations de l'aiguille aimantée, ni par conféquent établir une pratique certaine & précife, fur l'ufage que les Marins peuvent faire de leurs différentes bouffoles. Cependant, en s'occupant à compléter les tables des observations, on pourra faire des cartes magnétiques, plus étendues que celles que nous publions aujourd'hui, & qui indiqueroient aux Navigateurs leur fituation, plus précisément qu'on ne l'a fait jufqu'ici par aucune autre méthode.

Les effets du magnétifme fe manifeftent ou du moins peuvent fe reconnoître dans toutes les parties du globe, & par-tout où l'on veut les exciter ou les produire; la force électrique, toujours préfente, femble n'attendre pour agir & pour produire la vertu magnétique, que d'y être déterminée par la combinaifon des moyens de l'art, ou par les combinaisons plus grandes de la Nature; & malgré fes variations, le magnétisme eft encore assujetti à la loi générale qui porte & dirige la marche du fluide électrique vers les poles de la

terre.

Si les forces magnétiques & électriques étoient fimples, comme celles de la gravitation, elles ne produiroient aucun mouvement compofé; la direction en feroit toujours droite, fans déclinaifon ni inclinaifon, & tous les effets en feroient auffi conftans qu'ils font variables.

est

L'attraction, la répulfion de l'aimant, fon mouvement, tant en déclinaifon qu'en inclinaifon, démontrent donc que l'effet de cette force magnétique eft un mouvement compofé, une impulfion différemment dirigée; & cette force magnétique agiffant, tantôt en plus, tantôt en moins, comme la force électrique, & fe dirigeant de même de l'équateur aux deux poles, pouvons-nous douter que le Magnétifme ne foit une modification, une affection particulière de l'électricité, fans laquelle il n'exifteroit pas ?

Les effets de cette force magnétique, étant moins généraux que ceux de l'électricité, peuvent montrer plus aifément la direction de cette force électrique. Cette direction, vers les poles, nous eft démontrée en effet par celle de l'aiguille aimantée, qui s'incline de plus en plus, & en fens contraire, vers les poles terreftres. Et ce qui prouve encore que le magnétisme n'eft qu'un effet de cette force électrique, qui s'étend de l'équateur aux poles, c'eft que des barres de fer ou d'acier, placées dans la direction de ce grand courant, acquièrent, avec le tems, une vertu magnétique plus ou moins fenfible, qu'elles n'obtiennent qu'avec peine, & qu'elles ne reçoivent même en aucune manière, lorsqu'elles font fituées dans un plan trop éloigné de la direction, tant en déclinaison qu'en inclinaifon, du grand courant électrique. Ce courant général, qui part de l'équateur pour fe rendre aux poles, eft

fouvent

fouvent troublé par des courans particuliers dépendans de caufes locales & accidentelles. Lorfque, par exemple, le fluide électrique a été accumulé par diverfes circonftances, dans certaines portions de l'intérieur du globe, il fe porte avec plus ou moins de violence, de ces parties où il abonde, vers les endroits où il manque. Il produit ainfi des foudres fouterraines, des commotions plus ou moins fortes, des tremblemens de terre plus ou moins étendus. Il fe forme alors, non-feulement dans l'intérieur, mais même à la furface des terrains remués par ces fecouffes, un courant électrique qui fuit la même direction que la commotion fouterraine, & cette force accidentelle fe manifefte par la vertu magnétique que reçoivent des barres de fer ou d'acier, placées dans le même fens que ce courant paffager & local. L'action de cette force particulière, peut être nonfeulement égale, mais même fupérieuré à celle de l'électricité générale qui va de l'équateur aux poles. Si l'on place en effet des barres de fer, les unes dans le fens du courant général de l'équateur aux poles, & les autres dans la direction du courant particulier, dépendant de l'accumulation du fluide électrique dans l'intérieur du globe, & qui produit le tremblement de terre; ce dernier courant, dont l'effet eft cependant inftantané, & ne doit guère durer plus longtems que les foudres fouterraines qui les produifent, donne la vertu magnétique aux barres qui fe trouvent Aimant.

K

dans fa direction, quelqu'angle qu'elles faffent avec le méridien magnétique, tandis que des barres entièrement semblables, & fituées depuis un très-long tems dans le fens de ce méridien, ne préfentent aucun figne de la plus foible aimantation (e). Ce dernier fait, qui

(e) Ces faits ont été mis hors de doute par des expériences qui ont été faites par M. de Roz ère, Capitaine au Corps Royal du Génie. « J'ai placé, dit cet habile Phyficien, le 4 Juillet 1784, dans mon cabinet » deux barres d'acier brut, telles que les reçoivent les marchands cou"teliers pour leur travail, chacune de deux pieds de longueur, de dix lignes de largeur & de trois lignes d'épaiffeur, fur des cordons de foie, fufpendus de manière qu'elles fuffent horizontales & éloignées » de fix pieds de tous les corps environnans, l'une dans la direction de »l'est à l'ouest, & l'autre dans le méridien magnétique; m'étant assuré

avant d'isoler ces barres, comme à l'ordinaire, qu'elles n'avoient ➜ aucune vertu magnétique, & defirant favoir s'il feroit poffible, avec le »tems & les procédés fimples que je viens de défigner, de la leur » faire acquérir, j'ai, pour cet effet, répété, chaque jour, les expériences "néceffaires pour m'en affurer fans en avoir rien découvert de nou»veau, que le 15 Octobre 1784, jour remarquable, dans lequel je fus fingulièrement étonné en réitérant les expériences que j'avois faites "précédemment, & même ledit jour, entre huit & neuf heures du "matin, de voir la barre placée dans la direction de l'est à l'oueft,

attirer très-fenfiblement par fes deux bouts, la même limaille de fer "que j'avois depuis long tems employée fans fuccès; voulant alors m'af"furer plus particulièrement de ce phénomène, j'effayai de lui préfenter de fines aigui les d'acier, que j'avois vérifiées n'avoir aucune des "propriétés de l'Aimant; elles furent, ainfi que la lim ille, attirées ❞ visiblement; je répétai la chofe plufieurs fois de fuite, en changeant

eft important, démontre le rapport immédiat du magnétifme & de l'électricité, & prouve en même-tems que le fluide électrique eft non-feulement la caufe de la plupart des tremblemens de terre, mais qu'il produit auffi l'aimantation de toutes les matières ferrugineufes fur lesquelles il exerce fon action.

les aiguilles; malgré cela, j'obtins conftamment le même résultat, & je parvins enfin à en faire porter de très-légères par le bout de la barre, tourné du côté de l'oueft; le bout oppofé me parut un peu«. moins fort; mais la différence étoit fi petite, qu'il falloit apporter lace plus grande attention pour s'en appercevoir. Depuis cette époque, cette « barre a conftamment confervé la vertu magnétique qu'elle possède encore aujourd'hui, 6 Octobre 1786, au même degré d'intensité; ce« dont je juge par le poids qu'elle foutient, &c. &c.

Il eft néceffaire de faire obferver que le bout de la barre tourné vers ❝ l'oueft, formoit & forme encore aujourd'hui le pole boréal, & celui « oppofe le pole auftral, ce qui est parfaitement démontré par les pointes ❝ qu'ils attirent des aiguilles de mes bouffoles. Mais ce qu'il eft fur-« tout effentiel de faire remarquer, c'est que la barre placée dans la « direction du méridien magnétique, eft abfolument dans le même état que le premier jour où elle a été mife en expérience, c'est-à-dire,« qu'elle n'a pas donné jufqu'à préfent le plus léger ligne qu'elle fût « devenue magnétique ; ces deux barres n'ont point été déplacées depuis « le premier jour qu'elles ont été mifes en expérience.

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Le 15 Octobre 1784, à midi & quelques minutes, j'étois occupé « à écrire dans mon cabinet, fitué au deuxième étage, ayant deux« fenêtres du côté de l'oueft, qui étoient ouvertes, ainsi qu'une porte « placée à l'eft; ce qui formoit dans mon cabinet un courant d'air. Le

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