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Rassemblant donc tous les rapports entre les phénomènes, toutes les convenances entre les principaux effets du magnétifme & de l'électricité, il me femble qu'on ne peut pas fe refufer à croire qu'ils font produits par une feule & même caufe, & je fuis perfuadé que fi on réfléchit fur la théorie que je viens d'exposer, on en reconnoîtra en reconnoîtra clairement l'identité. Simplifier les caufes, & généralifer les effets, doit être le but du Phyficien, & c'eft auffi tout ce que peut

"vent étoit nord, & l'air prefque calme; le baromètre à vingt - fept "pouces quatre lignes & demie ; le thermomètre à dix degrés au-deffus "du terme de la congellation, le ciel ferein, lorsque j'entendis un bruit fourd, affez semblable à celui d'une voiture fortement chargée, roulant fur le pavé; au même inftant le plancher fupérieur de mon cabinet, & celui de ma chambre craquèrent avec violence, & je me fentis balancer deux ou trois fois fur ma chaife affez rudement. Je puis cer,, tifier par la manière dont j'étois placé, & d'après le mouvement d'ofcillation que j'ai éprouvé, que les fecouffes de ce tremblement de >> terre ont duré environ trois à quatre fecondes, & qu'elles fuivoient la "direction de l'eft à l'oueft; ce qui d'ailleurs m'a été confirmé par deux autres faits qui fe font paffés fous mes yeux. Il eft bon d'obferver que les derniers jours qui ont précédé celui du tremblement de terre, ont été beaux, le vent étant au nord; que le lendemain dudit jour, il "y eut un brouillard très - confidérable, qui fut le dernier de l'au"tomne; il dura plufieurs heures de la matinée, après quoi le tems redevint ferein & continua ainfi pendant plufieurs jours. » Extrait d'une lettre de M. de Rozière à M. le Comte de Buffon, du 14 Dé cembre 1786.

le Génie aidé de l'expérience, & guidé par les obfer

vations.

Or nous fommes aujourd'hui bien affurés que le globe terreftre a une chaleur qui lui eft propre, & qui s'exhale inceffamment par des émanations perpendiculaires à fa furface; nous favons que ces émanations font conftantes, très-abondantes dans les régions voifines de l'équateur, & presque nulles dans les climats froids. Ne doivent-elles pas dès-lors fe porter de l'équateur aux deux poles par des courans oppofés ? & comme l'hémisphère auftral eft plus refroidi que le boréal, qu'il présente à sa surface une plus grande étendue de plages glacées, & qu'il est exposé pendant quelques jours de moins à l'action du foleil (ƒ), les émanations de la chaleur, qui forment les courans électriques & magnétiques, doivent s'y porter en plus grande quantité que dans l'hémisphère boréal. Les poles magnétiques boréaux du globe, font dès-lors moins puiffans que les poles magnétiques auftraux. C'est l'oppofé de ce qu'on obferve dans les aimans, tant naturels qu'artificiels, dont le pole boréal est plus fort que le pole austral, ainfi que nous le prouverons dans les articles fuivans, & comme c'eft un effet constant du magnétisme, que` les poles femblables fe repouffent, &

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que les poles différens s'attirent, il n'eft point furprenant que, dans quelque hémisphère qu'on tranfporte l'aiguille aimantée, fon pole nord fe dirige vers le pole boréal du globe, dont il difière par la quantité de fa force, quoiqu'il porte le même nom, & qu'également fon pole fud fe tourne toujours vers le pole auftral de la terre, dont la force difière auffi, par fa quantité, de celle du pole auftral de l'aiguille aimantée. L'on verra donc aifément comment, par une fuite de l'inégalité des deux courans électriques, l'aiguille aimantée, qui marque les déclinaisons, se tourne toujours vers le pole nord du globe, dans quelque hémifphère qu'elle foit placée, tandis qu'au contraire, l'aiguille qui marque l'inclinaifon de l'Aimant, s'incline vers le nord dans l'hémisphère boréal, & vers le pole fud dans l'hémisphère austral, pour obéir à la force générale, qui va de l'équateur aux deux poles terreftres, en fuivant la courbure du globe, de même que les particules de limaille de fer, répandues fur un Aimant, s'inclinent vers l'un ou l'autre des deux poles de cet Aimant, fuivant qu'elles en font plus voifines, ou que l'un des poles a plus de fupériorité fur l'autre. Ces phénomènes, dont l'explication a toujours paru difficile, font de nouvelles preuves de notre théorie, & montrent fa liaison avec les grands faits de l'hiftoire du globe. Voilà donc les deux phénomènes de la direction aux poles, & de l'inclinaifon à l'horizon ramenés à une

cause fimple, dont les effets feroient toujours les mêmes fi tous les êtres organifés, & toutes les matières brutes, recevoient également les influences de cette force. Mais, dans les êtres vivans, la quantité de l'électricité qu'ils poffèdent, ou qu'ils peuvent recevoir, est relative à leur organisation; & il s'en trouve qui, comme la torpille, non-feulement la reçoivent, mais semblent l'attirer, au point de former une fphère particulière d'électricité, combinée avec la vertu magnétique ; comme auffi, dans les matières brutes, le fer fe fait une fphère particulière d'électricité, à laquelle on a donné le nom de magnétifme; & s'il exiftoit des corps auffi électriques que la torpille, & en affez grande quantité, pour former de grandes maffes, auffi confidérables que celles des mines de fer en différens endroits du globe, n'eft-il pas plus que probable, que ˆ le cours de l'électricité générale fe fléchiroit vers ces maffes électriques, comme elle fe fléchit vers les grandes maffes ferrugineufes qui font à la furface du globe, & qu'elles produiroient les inflexions de cette force électrique ou magnétique, en la déterminant à se porter vers ces fphères particulières d'attraction, comme vers autant de poles électriques plus ou moins éloignés des poles terreftres, felon le giffement des Continens & la fituation de ces maffes électriques.

Et comme la fituation des poles magnétiques peut changer, & change réellement, tant par les travaux

de l'homme, lefquels peuvent enfouir ou découvrir les matières ferrugineufes, que par les grands mouvemens de la Nature dans les tremblemens de terre, & dans la production des bafaltes & des laves, qui tous font magnétiques, on ne doit pas être fi fort émerveillé du mouvement de l'aiguille aimantée vers l'oueft, ou vers l'eft; car fa direction doit varier & changer, felon qu'il fe forme de nouvelles chaînes de bafaltes & de laves, & qu'il fe découvre de nouvelles mines, dont l'action favorife ou contrarie celle des mines plus anciennes.

Par exemple, la déclinaifon de l'aiguille, à Paris, étoit, en 1580, de onze degrés à l'eft. Le pole magnétique, c'est-à-dire les maffes ferrugineuses & magné◄ tiques qui le formoient, étoient donc fituées dans le nord de l'Europe, & peut-être en Sibérie; mais comme depuis cette année 1580 l'on a commencé à défricher quelques terrains dans l'Amérique feptentrionale, & qu'on a découvert & travaillé des mines de fer en Canada, & dans plusieurs autres parties de cette région de l'Amérique, l'aiguille s'eft peu-à-peu portée vers l'oueft, par l'attraction de ces mines nouvelles plus puiffantes que celle des anciennes; & ce mouvement progreffif de l'aiguille pourroit devenir rétrograde, s'il fe découvroit dans le nord de l'Europe & de l'Afie d'autres grandes maffes ferrugineufes, qui par leur expofition à l'air, & leur aimantation, deviendroient

bientôt

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