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pas laiffé de prévaloir dans l'efprit de quelques Phyficiens, & cependant, fi l'on confidère fans préjugé la Nature & fes effets, & fi l'on réfléchit fur les forces d'attraction & d'impulfion qui l'animent, on reconnoîtra que leurs caufes ne peuvent ni s'expliquer, ni même se concevoir par cette mécanique matérielle, qui n'admet que ce qui tombe fous nos fens, & rejette, en quelque forte, ce qui n'eft apperçu que par l'efprit; & de fait, l'action de la pefanteur ou de l'attraction, peut-elle se rapporter à des effets mécaniques, & s'expliquer par des caufes fecondaires, puifque cette attraction est une force générale, une propriété primitive, & un attribut effentiel de toute matière ? Ne fuffit-il pas de favoir que toute matière s'attire, & que. cette force s'exerce, non-feulement dans toutes les parties de la maffe du globe terreftre, mais s'étend même depuis le foleil jufqu'aux corps les plus éloignés dans notre univers, pour être convaincu que la cause de cette attraction ne peut nous être connue, puisque son effet étant univerfel, & s'exerçant généralement dans toute matière, cette cause ne nous offre aucune différence, aucun point de comparaison, ni par conféquent aucun indice de connoiffance, aucun moyen d'explication? En fe fouvenant donc que nous ne pouvons rien juger que par comparaifon, nous verrons clairement qu'il eft non-feulement vain, mais abfurde de vouloir rechercher & expliquer la cause d'un effet

général & commun à toute matière, tel que l'attraction univerfelle, & qu'on doit fe borner à regarder cet effet général comme une vraie cause à laquelle on doit rapporter les autres forces, en comparant leurs différens 'effets; & fi nous comparons l'attraction magnétique à l'attraction univerfelle, nous verrons qu'elles diffèrent très-essentiellement. L'Aimant eft, comme toute autre matière, fujet aux loix de l'attraction générale, & en même-tems il semble pofféder une force attractive particulière, & qui ne s'exerce que fur le fer ou fur un autre Aimant; or nous avons démontré que cette force, qui nous paroît attractive, n'eft dans le réel qu'une force impulfive, dont la caufe & les effets font tous différens de ceux de l'attraction univerfelle.

Dans le système adopté par la plupart des Phyficiens, on fuppofe un grand tourbillon de matière magnétique, circulant autour du globe terreftre, & de petits tourbillons de cette même matière, qui non-feulement circule d'un pole à l'autre de chaque Aimant, mais entre dans leurs fubftances, & en fort pour y rentrer. Dans la physique de Descartes, tout étoit tourbillon, tout s'expliquoit par des mouvemens circulaires & des impulfions tourbillonnantes; mais ces tourbillons, qui rempliffoient l'univers, ont difparu; il ne refte que ceux de la matière magnétique dans la tête de ces Phyficiens. Cependant l'exiftence de ces tourbillons magnétiques eft auffi peu fondée que celle des tour

billons planétaires; & on peut démontrer, par plufieurs faits (b), que la force magnétique ne fe meut pas en tourbillon autour du globe terreftre non plus qu'autour de l'Aimant.

La vertu magnétique, que l'Aimant poffède éminemment, peut de même appartenir au fer, puifque l'Aimant la lui communique par le fimple contact, & que même le fer l'acquiert fans ce fecours, lorfqu'il est exposé aux impreffions de l'atmosphère; le fer

(b) L'un de nos favans Académiciens, M. le Monnier, qui s'eft occupé des phénomènes de l'Aimant, a fait plufieurs expériences pour démontrer le peu de fondement de cette hypothèse des tourbillons autour de l'Aimant. Il a mis fur un carton deux Aimans, dont les poles de différens noms étoient voifins; en ce cas, felon le fyftème commun, les deux tourbillons magnétiques doivent s'être réunis en un feul, & par conféquent il ne devroit se former fur la limaille du carton que deux vides répondant aux deux poles; mais le fait eft qu'il fe forme toujours quatre vides, ce qui démontre que les deux tourbillons ne font pas confondus, & que la matière magnétique ne paffe pas d'un Aimant à l'autre... ... & certainement s'il y a un tourbillon, il s'étend bien à deux ou trois lignes de la pierre. Cependant que l'on aimante une aiguille de bouffole, en la faifant couler à l'ordinaire fur la pierre, &, en même-tems, en lui faisant toucher les deux boutons de l'armure, ou en la tenant éloignée de ces boutons de deux ou trois lignes feulement, elle prendra dans les deux cas, deux directions diamétralement oppofées, tout le refte ayant été parfaitement égal: la même extrémité de l'aiguille qui fe tourneroit au nord, fe tournera au fud, &c. Hiftoire de l'Aca démie des Sciences, année 1733, pages 15 & 16..

devient alors un véritable Aimant, s'il refte long-tems dans la même fituation; de plus il s'aimante affez fortement par la percuffion, par le frottement de la lime, ou feulement en le pliant & repliant plufieurs fois; mais ces derniers moyens ne donnent au fer qu'un magnétisme paffager, & ce métal ne conferve la vertu magnétique, que quand il l'a empruntée de l'Aimant, ou bien acquife par une expofition à l'action de l'électricité générale pendant un tems affez long pour prendre des poles fixes dans une direction déterminée.

Lorsque le fer, tenu long-tems dans la même situation, acquiert de lui-même la vertu magnétique, qu'il la conferve, & qu'il peut même la communiquer à d'autres fers, comme le fait l'Aimant, doit-on se réfufer à croire que, dans les mines primitives, les parties qui fe font trouvées expofées à ces mêmes impreffions de l'atmosphère, ne foient pas celles qui ont acquis la vertu magnétique ? & que par conféquent toutes les pierres d'Aimans qui ne forment que de petits blocs en comparaifon des montagnes & des autres maffes des mines primordiales de fer, étoient aufli les feules parties expofées à cette action extérieure, qui leur a donné les propriétés magnétiques. Rien ne s'oppofe à cette vue ou plutôt à ce fait; car la pierre d'Aimant eft certainement une matière ferrugineuse, moins fufible à la vérité que la plupart des autres mines de fer; & cette dernière propriété indique feulement qu'il a fallu peut

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ètre le concours de deux circonftances, pour la production de ces Aímans primitifs, dont la première a été la fituation & l'expofition conftante à l'impreffion du magnétisme général; & la feconde, une qualité différente dans la matière ferrugineufe, qui compofe la substance de l'Aimant. Car la mine d'Aimant n'eft plus difficile à fondre que les autres mines de fer en roche, que par cette différence de qualité; l'Aimant primordial approche, comme nous l'avons dit, de la nature du régule de fer, qui eft bien moins fufible que fa mine. Ainfi, cet Aimant primitif est une mine de fer, qui, ayant fubi une plus forte action du feu que les autres mines, eft devenue moins fufible; & en effet les mines d'Aimant ne fe trouvent pas comme les autres mines de fer, par grandes masses continues, mais par petits blocs placés à la furface de ces mêmes mines, où le feu primitif, animé par l'air, étoit plus actif que dans leur intérieur.

Ces blocs d'Aimant font plus ou moins gros, & communément féparés les uns des autres; chacun a fa fphère particulière d'attraction & fes poles, & puifque le fer peut acquérir de lui-même toutes ces propriétés dans les mêmes circonfiances, ne doit-on pas en conclure que, dans les mines primordiales de fer, les parties qui étoient expofées au feu plus vif que l'air excitoit à la furface du globe en incandefcence, auront fubi une plus violente action de ce feu, & fe feront

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