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en même-tems divifées, fendues, féparées, & qu'elles auront acquis d'elles-mêmes cette puissance magnétique, qui ne diminue ni ne s'épuife, & demeure toujours la même, parce qu'elle dépend d'une cause extérieure, toujours fubfiftante & toujours agiffante.

La formation des premiers Aimans me paroît donc bien démontrée, mais la cause première du magnétisme en général, n'en étoit pas mieux connue. Pour deviner ou même foupçonner qu'elles peuvent être la cause, ou les caufes d'un effet particulier de la Nature, tel que le magnétifme, il falloit auparavant confidérer les phénomènes en expofant tous les faits acquis par l'expérience & l'observation. Il falloit les comparer entre eux, & avec d'autres faits analogues, afin de pouvoir tirer du résultat de ces comparaifons, les lumières qui devoient nous guider dans la recherche des causes inconnues & cachées; c'est la feule route que l'on doive prendre & fuivre, puifque ce n'eft que fur des faits, bien avérés, bien entendus, qu'on peut établir des raifonnemens folides; & plus ces faits feront multipliés, plus il deviendra poffible d'en tirer des inductions plaufibles, & de les réunir pour en faire la bafe d'une théorie bien fondée, telle que nous paroît être celle que j'ai préfentée dans le premier chapitre de ce traité.

Mais comme les faits particuliers qu'il nous reste à exposer, font auffi nombreux que finguliers, qu'ils paroiffent quelquefois oppofés ou contraires, nous com

mencerons

mencerons par les phénomènes qui ont rapport à l'attraction ou à la répulsion de l'Aimant, & ensuite nous expoferons ceux qui nous indiquent fa direction avec fes variations, tant en déclinaifon qu'en inclinaison ; chacune de ces grandes propriétés de l'Aimant doit être conïdérée en particulier, & d'autant plus attentivement, qu'elles paroiffent moins dépendantes les unes des autres, & qu'en ne les jugeant que par les apparences, leurs effets fembleroient provenir de causes différentes.

Au reste, si nous recherchons le tems où l'Aimant & fes propriétés ont commencé d'être connus, ainsi que les lieux où ce minéral se trouvoit anciennement, nous verrons, par le témoignage de Théophrafte, que l'Aímant étoit rare chez les Grecs, qui ne lui connoifsoient d'autre propriété que celle d'attirer le fer; mais du tems de Pline, c'est-à-dire trois fiècles après, l'Aimant étoit devenu plus commun, & aujourd'hui il s'en trouve plusieurs mines dans les terres voisines de la Grèce, ainsi qu'en Italie, & particulièrement à l'Isle d'Elbe. On doit donc préfumer que la plupart des mines de ces contrées ont acquis, depuis le tems de Théophraste, leur vertu magnétique à mesure qu'elles ont été découvertes, foit par des effets de Nature, foit par le travail des hommes ou par le feu des volcans. On trouve de même des mines d'Aimant dans prefque toutes les parties du monde, & fur-tout dans

Aimant.

N

les pays du Nord, où il y a beaucoup plus de mines primordiales de fer que dans les autres régions de la terre. Nous avons donné ci-devant la defcription des mines aimantées de Sibérie (c), & l'on fait que l'Aimant eft fi commun en Suède & en Norwège, qu'on en fait un commerce affez confidérable (d).

y a

Les Voyageurs nous affurent qu'en Afie il de bons Aimans au Bengale, à Siam (e), à la

(c) Voyez les fupplémens à cette Hiftoire naturelle, tom. V, in-4.o, pages 531 & fuivantes.

(d) La pierre d'Aimant eft en fi grande quantité en Norwège & en Suède, qu'on l'envoie par tonneaux hors du pays. Pontoppidam, Journal étranger, mois de Septembre 1755, page 213.

(e) Il y a deux mines d'Aimant dans le Royaume de Siam...... Ces mines font dans une montagne à laquelle elles paroiffent comme attachées; elles femblent être divifées en deux roches, qui apparemment font réunies fous terre ; la grande qui s'étend d'Orient en Occident, peut avoir vingt-quatre ou vingt-cinq pas géométriques de longueur, & quatre ou cinq de largeur. Dans fa plus grande hauteur, elle a neuf ou dix pieds. La petite qui eft au Nord de la grande, dont elle n'eft éloignée que de fept ou huit pieds, a trois toises de long, peu de hauteur & de largeur; elle eft d'un Aimant bien plus vif que l'autre. Elle attiroit avec une force extraordinaire les inftrumens de fer dont on fe fervoit. On ne pouvoit en détacher aucun morceau, parce que les inftrumens de fer qui étoient fort mal trempés, étoient auffi-tôt reboulés. On s'attacha à la grande, dont on eut peine de rompre quelques morceaux qui avoient de la faillie, & qui donnoient de la prise au marteau. On ne laissa pas que d'en tirer quelques bonnes pierres ; les poles de la mine, autant qu'on

Chine (f), & aux Ifles Philippines (g); ils font auffi mention de ceux de l'Afrique (h) & de l'Amérique (i)..

en peut juger par les morceaux de fer qu'on y appliqua, regardoient le midi & le feptentrion; car on n'a pu rien reconnoître par la bouffole, l'aiguille s'affolant fi-tôt qu'on l'en approchoit. Hift. génér. des voyages, tom. IX, pages 206 & 245.

(f) Il y a peu de Provinces dans la Chine, où l'on ne trouve des pierres d'Aimant. On en apporte auffi du Japon à la Chine, mais on les emploie particulièrement aux ufages de la médecine; elles fe vendent au poids, & les plus chères ne fe vendent jamais plus de huit fols l'once, idem, tom. VI, page 85.

(g) On trouve beaucoup d'Aimant à Mindanao... Voyage de M. le Gentil aux Indes. Paris 1781, tom. II, page 36.

(h) On trouve dans le Bambouk, en Afrique, d'excellentes pierres d'Aimant, dont on a envoyé plusieurs morceaux en France. Hist. génér. des voyages, tom. II, page 644.

(i) On fit voir à Gemelli-Caréri, dans un cabinet de raretés, au Mexique, une pierre d'Aimant, de la groffeur d'une pomme ordinaire, qui enlevoit dix livres de fer, idem, tom. XI, page 536; le corrégiment de Copiapo, au Chili, produit quantité de pierres d'Aimant, idem, tom. XIII, page 144.

ARTICLE III.

De l'attraction & de la répulfion de l'Aimant.

LE E MOUVEMENT du magnétifme femble être compofé de deux forces, l'une attractive & l'autre directive. Un Aimant, de quelque figure qu'il foit, attire le fer de tous côtés & dans tous les points de sa surface; & plus les pierres d'Aimant font groffes, moins elles ont de force attractive, relativement à leur vo-lume: elles en ont d'autant plus, qu'elles font plus pefantes, & toutes ont beaucoup moins de puiffance d'attraction quand elles font nues, que quand elles font armées de fer ou d'acier. La force directive, au contraire, fe marque mieux, & avec plus d'énergie, fur les Aimans nuds, que fur ceux qui font armés.

Quelques favans Phyficiens, & entr'autres, Taylor & Mufchembroëck, ont effayé de déterminer, par des expériences, l'étendue de la fphère d'attraction de l'Aimant, & l'intenfité de cette action à différentes diftances; ils ont obfervé, qu'avec de bons Aimans, cette force attractive étoit fenfible jufqu'à treize ou quatorze pieds de distance, &, fans doute, elle s'étend encore

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