en même-tems divisées, fendues, séparées, & qu'elles auront acquis d'elles-mêmes cette puissance magnétique, qui ne diminue ni ne s'épuise , & demeure toujours la même, parce qu'elle dépend d'une cause extérieure , toujours subsistante & toujours agissante. La formation des premiers Aimans me paroît donc bien démontrée, mais la cause première du magnétisme en général, n'en étoit pas mieux connue. Pour deviner ou même soupçonner qu'elles peuvent être la cause, ou les causes d'un effet particulier de la Nature , tel que le magnétisme, il falloit auparavant considérer les phénomènes en exposant tous les faits acquis par l'expérience & l'observation. Il falloit les comparer entre eux, & avec d'autres faits analogues, afin de pouvoir tirer du résultat de ces comparaisons, les lumières qui devoient nous guider dans la recherche des causes inconnues & cachées ; c'est la seule route que l'on doive prendre & suivre, puisque ce n'est que sur des faits , bien avérés , bien entendus , qu'on peut établir des raisonnemens solides; & plus ces faits seront multipliés, plus il deviendra possible d'en tirer des inductions plaufibles , & de les réunir pour en faire la base d'une théorie bien fondée, telle que nous paroît être celle que j'ai présentée dans le premier chapitre de ce traité, Mais comme les faits particuliers qu'il nous reste à exposer , sont aussi nombreux que finguliers, qu'ils paroissent quelquefois opposés ou contraires, nous com mencerons par les phénomènes qui ont rapport à l'at- Au reste, fi nous recherchons le tems où l'Aimant On trouve de même des mines d'Aimant dans presque toutes les parties du monde, & sur-tout dans Aimant. N و ! les pays du Nord , où il y a beaucoup plus de mines primordiales de fer que dans les autres régions de la terre. Nous avons donné ci-devant la description des mines aimantées de Sibérie (c), & l'on sait que l'Aimant eft fi commun en Suède & en Norwège, qu'on en fait un commerce assez considérable (d). Les Voyageurs nous assurent qu'en Asie il y a de bons Aimans au Bengale , à Siam (e), à la (c) Voyez les supplémens à cette Histoire naturelle, tom. V , in-4.°, pages 531 & suivantes. (d) La pierre d'Aimant eft en si grande quantité en Norwège & en Suède , qu'on l'envoie par tonneaux hors du pays. Pontoppidam, Journal étranger, mois de Septembre 2755, page 22.3. (e) Il y a deux mines d’Aimant dans le Royaume de Siam ...... Ces mines sont dans une montagne à laquelle elles paroisent comme attachées ; elles semblent être divisées en deux roches, qui apparemment sont réunies sous terre ; la grande qui s'étend d'Orient en Occident, pout avoir vingt-quatre ou vingt-cinq pas géométriques de longueur , & quatre ou cinq de largeur. Dans sa plus grande hauteur, elle a neuf ou dix pieds. La petite qui est au Nord de la grande , dont elle n'est éloignée que de sept ou huit pieds, a trois toises de long , peu de hauteur & de largeur ; elle est d'un Aimant bien plus vif que l'autre. Elle attiroit avec une force extraordinaire les instrumens de fer dont on se fervoit. On ne pouvoit en détacher aucun morceau, parce que les instrumens de fer qui étoient fort mal trempés, étoient aussi-tôt reboulés. On s'attacha à la grande, dont on eut peine de rompre quelques morceaux qui avoient de la faillie, & qui donnoient de la prise au marteau. On ne lailla pas que d'en tirer quelques bonnes pierres ; les poles de la mine , autant qu'on Chine (f), & aux Illes Philippines (8) ; ils font aussi mention de ceux de l’Afrique (h) & de l'Amérique (i).. en peut juger par les morceaux de fer qu’on y appliqua, regardoient le midi & le septentrion ; car on n'a pu rien reconnoître par la boussole, l'aiguille s'affolant fi-tôt qu'on l'en approchoit. Hift. génér. des voyages , tom. IX, pages 206 & 245. f) Il y a peu de Provinces dans la Chine, où l'on ne trouve des pierres d’Aimant. On en apporte aussi du Japon à la Chine , mais on les emploie particulièrement aux usages de la médecine ; elles se vendent au poids, & les plus chères ne se vendent jamais plus de huit sols l'once, idem, tom. VI, page 85. (g) On trouve beaucoup d’Aimant à Mindanao . . Voyage de M. le Gentil aur Indes. Paris 1781, tom. II, page 36. (h) On trouve dans le Bambouk , en Afrique, d'excellentes pierres d'Aimant, dont on a envoyé plusieurs morceaux en France. Hift. génér, des voyages, tom. II, page 644. (i) On fit voir à Gemelli-Caréri, dans un cabinet de raretés, au Mexique, une pierre d’Aimant, de la grosseur d'une pomme ordinaire, qui enlevoit dix livres de fer, idem, tom. XI, page 536; le corrégiment de Copiapo, au Chili, produit quantité de pierres d'Aimant , idem, com. XIII, page 144. ARTICLE II I. De l'attraction & de la répulsion de l'Aimane. LEM E MOUVEMENT du magnétisme semble être composé de deux forces, l'une attractive & l'autre directive. Un Aimant , de quelque figure qu'il soit, attire le fer de tous côtés & dans tous les points de fa surface ; & plus les pierres d'Aimant font groffes, moins elles ont de force attractive, relativement à leur volume : elles en ont d'autant plus, qu'elles sont plus pesantes , & toutes ont beaucoup moins de puissance d'attraction quand elles sont nues, que quand elles sont armées de fer ou d'acier. La force directive, au contraire, se marque mieux, & avec plus d'énergie , sur les. Aimans nuds, que sur ceux qui sont armés. Quelques savans Physiciens, & entr’autres, Taylor & Muschembroëck, ont essayé de déterminer , par des expériences, l'étendue de la sphère d'attraction de l'Aimant, & l'intensité de cette action à différentes distances ; ils ont observé, qu'avec de bons Aimans, cette force attractive étoit sensible jusqu'à treize ou quatorze pieds de distance, &, sans doute, elle s'étend encore |