Le Métaure roulant ses flots ensanglantés, Et ramena la joie au sein de nos cités. Le barbare Africain parcourait l'Italie : L'autel déshonoré vit relever ses Dieux. Annibal est vaincu: « Fuyons, dit le perfide, << Fuyons, timides cerfs, devant le loup avide; « La fuite est un triomphe : échappons aux vainqueurs, « Qui, transportant leurs Dieux, leurs enfans, et leurs femmes, << Loin d'Ilion en flammes, « Des flots étruriens bravèrent les fureurs. << Rome prend sous nos coups une force nouvelle : << Tel le chêne résiste à la hache cruelle, «< Et, vainqueur du fer même, élève ses rameaux. << Renaissait moins de fois sous les coups du héros. « Rome, Rome vaincue, en est plus dangereuse: << Plongez-la dans l'abyme, elle en sort glorieuse; << Domptez-la, vos lauriers s'échappent de vos mains. « « Pleurez sur vos époux, ô femmes de Carthage, « Car jamais leur courage « Ne vous enverra l'or, dépouille des Romains, << Spes omnis et fortuna nostri << Nominis, Asdrubale interemto. >> Nil Claudia non perficient manus, Quas et benigno numine Jupiter Defendit, et curæ sagaces Expediunt per acuta belli. ODE V. AD AUGUSTUM. DIVIS orte bonis, optime Romula Lucem redde tuæ, Dux bone, patriæ: Affulsit, populo gratior it dies, Ut mater juvenem, quem Notus invido Flatu Carpathii trans maris æquora Cunctantem spatio longiùs annuo Dulci distinet a domo, Votis ominibusque et precibus vocat, Curvo nec faciem littore demovet; « C'en est fait, c'en est fait, notre fortune tombe; << Tout notre espoir s'éteint, puisque Asdrubal succombe.>> Qui pourrait arrêter les rapides succès Des héros dont le ciel protége la vaillance, Au milieu des dangers n'abandonne jamais? ODE V. A AUGUSTE. O CÉSAR, prince adorable, Heureux bienfait des destins, A vos promesses fidèle, D'une absence trop cruelle Faites cesser la rigueur: Venez rendre à la patrie Dès que vous daignez paraître Telle une mère craintive, Les yeux fixés sur la rive, Éloigne de son pays. Sic desideriis icta fidelibus Quærit patria Cæsarem. Tutus bos etenim prata perambulat; Nutrit rura Ceres, almaque Faustitas: Nullis polluitur casta domus stupris: Quis Parthum paveat? quis gelidum Scythen? Condit quisque diem collibus in suis, Te multâ prece, te prosequitur mero Miscet numen, uti Græcia Castoris Et magni memor Herculis. C'est ainsi que la patrie Le nocher sur l'onde amère On ne voit plus l'adultère Les efforts de l'Ibérie, Qui peut de la Germanie C'était ainsi que la Grèce Chantait Alcide et Castor. |