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elle extermina lá burlesque hiérarchie de l'honneur; des enfans de douze siecles, secouant toutes les illusions, ont arboré soudain le chapeau de la liberté; la chaleur

si vous souffrez un ordre de patriciens ou nobles hérédi taires, tous ses efforts tendront à la monarchie absolue ou despotique; les places, les honneurs et les pensions seront le prix de son dévouement servile au prince ; et le prince, secondé par cette caste privilégiée, parviendra à son but, qui est le despotisme, si ces nobles sont mécontens du prince, ou s'ils veulent profiter de sa foiblesse pour envahir son autorité légitime, alors ils feront retentir l'air des cris de liberté; ils intrigueront parmi le peuple, ils l'entraîneront après eux contre le prince, jusqu'à ce qu'ils aient obtenu de celui-ci l'objet de leurs desirs. Cela fait, ils rejetteront le peuple dans le néant, et recommenceront à se liguer avec le prince contre le peuple.

Si, au contraire, ils poussent les choses jusqu'aux dernieres extrémités contre le prince, et si, par leurs manœuvres, l'état de monarchique devient républicain, alors ils s'emparent de la république comme ils avoient fait du trône; ils concentrent en eux-mêmes la souve raineté nationale, et le peuple est condamné à gémir sous leur tyrannie. Nos orgueilleux paladins, et jusqu'aux petits secrétaires du roi s'écrioient, au commencement de la révolution : François, souvenez-vous que la noblesse est le rempart de l'état, qu'elle a toujours sontedu

active et concentrée du patriotisme a réveillé les intelligences ensevelies dans les ombres des superstitions fanatiques et des politiques impostures.

C'est donc avec la vertu publique (1) de Rousseau que l'assemblée nationale (après plusieurs siecles de barbarie et de délire, durant lesquels la politique des philosophes avoit été méconnue, oubliée) recréa la po litique naturelle qui va faire le tour du monde; j'entends la morale réciproque et générale, cette morale publique et commune, soit au-dedans, soit au-dehors, entre les sociétés que les hommes civilisés forment les unes auprès des autres sur la terre : mais cette politique étoit trop simple; elle imitoit

le peuple: oui, répondoit l'opinion publique, comme la corde soutient le pendu.

L'assemblée nationale a coupé cette fatale corde, et le peuple françois est retombé sur ses pieds. Maudit soit celui qui voudroit nous remettre au col la corde de la noblesse, pour nous suspendre de nouveau au gibet du despotisme!

(1) Jouir des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs de sujet est une injustice dont le progrès causeroit la ruine du corps politique.

Contrat Social, liv. 1, chap. VII.

trop l'indulgence bienfaisante du créateur pour qu'elle ne parût point étrangere aux yeux de certains publicistes, puisqu'elle ne flattoit plus les vices, les préjugés, les pré tentions de l'orgueil et de l'avarice; elle tiroit tout-à-coup du néant des choses des loix admirables, et rendoit au genre humain les biens inestimables de la justice et de la liberté. Comment les coupables auroient-ils pureconnoître la hauteur de ces conceptions et de ces idées, eux qui ne voyoient que deux rôles dans le monde, tyrans ou esclaves et point de milieu entre ces deux servi tudes (1) ?

(1) Quand le maréchal de Villeroi, gouverneur de Louis XV, menoit le jeune roi d'une fenêtre à l'autre au château des Tuileries, et lui montrant les cours et les jardins qui ne désemplissoient pas de monde, luì disoit : Voyez, regardez bien, mon maître, tout ce peuple est à vous; il n'y a rien là, mon maître, qui ne vous appartienne ; vous 'êtes le maître de tout ce que vous voyez, il ne faisoit que réduire en une leçon sommaire les principes des courtì'sans, parce qu'en menant la marionnette, ils étoient sûrs de mener tout le reste.

Quand Louis XIV eut des scrupules sur l'impôt du dixieme, qu'il étoit rêveur et triste, et que, pour le soula gement de sa conscience, il confulta des casuistes de la

Le génie libre et fier de l'assemblée nationale adoptant, malgré le satrapisme et le despotisme, la vertu publique, se plaça audessus des intelligences vulgaires. Certain de ses forces et de la vérité, il abjura les prestiges qui l'environnoient de toutes parts, et fit luire une clarté inaltérable et pure, comme sa source et sa cause productrice. Une lumiere croissante et progressive se répandit sur ses travaux; toutes les loix difformes ne purent dissimuler leurs vieilles iniquités; elles apparurent et firent horreur. Un rayon pur enfin décomposa tous les systêmes de Ferreur.

On n'avoit point encore vu en France ce

compagnie de Jésus; quand le Tellier, son intrépide. confesseur, lui assura qu'il n'y avoit pas matiere à scrupule, parce que le roi étoit le vrai propriétaire, le maître de tous les biens du royaume ; ce n'étoit que la conséquence de la copulation criminelle du despotisme et du sacerdoce.

Le cardinal de Richelieu se vantoit que, dans quatre mots d'écriture, même indifférens, il trouveroit de quoi faire mettre leur auteur à la bastille. Un de ses courtisans écrivit sur le champ au crayon, sur une carte, un et deux font trois. Trois ne font qu'un, s'écrie le cardinal c'est un blasphême contre la très-sainte trinité: à la bas tilla! Il étoit de bonne foi du moins le cardinalk

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grand ensemble de magistrats citoyens, de législateurs philosophes ; et d'où vint sa force? c'est qu'il s'appuya sur la vertu publigne de Rousseau, et non sur la chimere de l'honneur; le génie de l'assemblée ne fut point aveuglé au point de courir les chances de ces vertus fortuites, de ces lumieres insuffisantes et accidentelles que prescrivoit l'auteur de l'esprit des loix; ce n'étoit point là le systême solide du citoyen de Geneve, qui, dans ses propres principes, avoit déterminé tout-à-la-fois la base et le fruit des saines institutions démocratiques.

Ce fut donc avec le marteau du grand et vertueux publiciste, et qui brisa tous les pouvoirs oppresseurs, que l'assemblée nationale, développant la monarchie démocratique (1), donna un essor plein et vigoureux à la vertu publique, à la culture approfondie et profitable des connoissances graves et utiles dont le caractere étoit de familiariser l'homme. social avec sa propre raison, et de lui restituer son énergie.

(1) Un gouvernement parvenu au point où il ne peut plus se réformer lui-même, que perdroit-il à être refondu?

(Montesquieu, Esprit des Loix,】

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