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motifs les plus puissans le portoient à cet horrible attentat. Égaré dans la débauche criblé de dettes, Catilina n'avoit vu de ressources pour lui que dans le consulat. Quand son coup fut manqué, son caractere violent et impétueux le porta à se venger de ceux qui l'avoient fait échoner; mais, comme ses principaux ennemis étoient à la tête de la république, il résolut de tout immoler à son ressentiment. Ajoutons qu'il avoit devant. les yeux l'exemple des Marius et des Sylla, sous lesquels il avoit appris à se familiariser avec les plus horribles forfaits. On ne devoit attendre que crimes et attentats de la part de ce monstre qui s'étoit baigné dans le sang de son frere, et qui, dans les proscriptions, avoit surpassé les bourreaux en cruauté.

Mais les nouveaux Catilina (1) qui ont

(1) Quel est le corps politique qui ne doive pas veiller à sa conservation? Lorsque nous étions environnés de tous les suppôts de l'ancien despotisme, que l'effet de la révolution étoit encore incertain, le comité des recherches a éclairé les pas des mauvais citoyens, fait avorter le complot des méchans; il a opéré le salut de P'état dans des temps difficiles, en se chargeant de fonctions périlleuses. Ne faut-il pas être insensé, ou avoir la.

menacé Paris étoient des hommes payés et enrichis par la nation, jouissant de ses

logique d'un faiseur de vers, pour avoir osé représenter le comité des recherches comme un tribunal inquisitorial altéré de sang? Quoi! la police ministérielle, sur un simple soupçon, entassoit des victimes qui ne reparoissoient plus! et ici, lorsqu'il s'agissoit de nos vies, on poussera l'ingratitude jusqu'à injurier des citoyens qui se sont identifiés avec leur patrie pour le salut commun! L'astre de la liberté luiroit-il sur nos têtes, si ces sentinelles actives, mues uniquement par leur patriotisme, n'avoient pas épouvanté les vivans d'abus, et tous ces hommes décidés à se vendre?

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Sans le comité des recherches, les ennemis du bien public auroient fait mûrir leurs détestables complots; tous les hommes de sang, indifférens à la liberté, auroient vendu leurs bras ; et l'ancien despotisme resaississant son pouvoir, nous eût traités sans pitié : nous sommes vainquenrs et les vaincus tiennent dans nos murs le plus horrible langage, ne parlent que d'occasions manquées et qui peuvent renaître, ne dissimulent pas que s'ils avoient la force ils exerceroient la plus terrible vengeance!

Quoi! lorsque nous étions sous le couteau, il nous auroit fallu détourner les yeux du danger, oublier toutes les menaces!

N'y a-t-il pas un pacte tacite entre la société et ses membres? et quand la société est en péril, il faudroit fermer les yeux !

hommages, et qui, loin d'en être les plus cruels ennemis, paroissoient devoir en être les premiers défenseurs.

la

L'incroyabilité d'un forfait n'est pas preuve de sa non-existence: assassiner une ville entiere, une ville à part; assassiner Paris, le rendez-vous de toute l'Europe; faire marcher, au nom du roi, des troupes féroces! Si les forfaits politiques n'étoient pas un faux calcul on auroit peine à concevoir que ces nouveaux Catilina eussent pu ajouter foi à la soumission et à la défection de cinq cent mille hommes quoique surpris dans leurs foyers: mais ces nouveaux Catilina étoient des princes et des valets de princes, c'est-à-dire, des hommes incessamment plongés dans le délire de l'orgueil, et qui prennent leurs préjugés pour des principes. L'expérience d'une trop longue impunité leur avoit fait croire que le Parisien étoit un troupeau de moutons; le Parisien, de son côté, ne soupçonnoit pas qu'on pût l'investir par trahison, ni qu'on osât parodier à son égard la parole du bourreau qui étrangloit Dom Carlos, et qui lui disoit Paix, paix, ne criez pas; tout ce

qu'on fait là

c'est pour votre bien (1). Le Parisien se réveilla de son long assoupissement; la réaction fut prompte et vigoureuse; les nouveaux Catilina ne surent point payer de leurs personnes; lâches

(1) Le despotisme comptoit sur ses soldats; il avoit dit en lui-même je leur donnerai le pillage, et ils égorgeront les citoyens; puis je serai légataire universel de la patrie en deuil, je régnerai par la terreur, et tout l'or m'appartiendra. Mais les milices-citoyennes se sont élevées tout-à-coup; l'esprit public formé par la philosophie, l'énergie de la liberté communiquée par les écrivains, ont élevé en un instant un rempart qui a fait reculer la tyrannie et ses complots atroces, qui l'a couverte de confusion; et l'armée nationale a dit à tous les talens: mettez-vous à votre place. Il s'en est trouvé sans nombre de ces hommes qui joignoient une tête à des bras et des bras à une tête vigoureuse: Paris est devenu une pépiniere de citoyens.

C'est bien en assiégeant et en prenant la bastille que le Parisien a cru que le mot impossible, ainsi que le mot inattaquable, n'étoient pas françois; quel coup de dez politique, s'écriera un ami de la servitude! soit : mais il falloit s'en aviser; c'est l'auf de Christophe Colomb.

Comme Paris appartient à l'Europe, l'Europe nous devra une reconnoissance éternelle d'avoir empêché le plus furieux despotisme de s'asseoir insolemment sur ses débris, d'où il auroit insulté au reste de l'empire.

conspirateurs, ils crurent déjà voir leurs têtes au bout d'une pique, ils se sauverent; car ce qui les avoit enhardis à la cruauté, c'étoit la fausse opinion où ils étoient qu'ils pour roient tout rejetter sur les ordres du roi ; et que, sous cet égide, aucun péril ne rejailliroit contre eux.

Nous pûmes parler à notre tour de nos forces; et loin d'en abuser, nous avons respecté le roi et la souveraineté ces Catilina rodomonts, nous les avons abandonnés non au remords de leur abominable conspiration, ils en sont incapables, mais à leur rage impuissante.

Oh! combien il est essentiel aux villes de France (et nous leur en avons donné l'exemple) de conserver dans leur sein des forces suffisantes pour résister tantôt à l'égarement du corps militaire, tantôt aux aventuriers et brigands que les Catilina aristocrates soudoyent pour attaquer la tranquillité publique! car il n'y a point de honteux qu'ils moyens n'emploient pour renverser toutes les bases de la société : ils croient se raffermir en ébranlant tout ce qui les environne. Les insensés! ils ne voient point la masse nationale qui, avec cent mille yeux, pénetre leurs

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