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pourroit se passer à la rigueur de ces loix hautes et imposantes auxquelles on attache tant d'importance; c'est toujours l'homme qui fait le gouvernement, et les loix de police composent à elles seules les trois quarts et demi du gouvernement; or, qui n'est pas intéressé à des loix de police?

Le gouvernement n'est que le résultat des lumieres universellement répandues; la société éprouve des divisions intestines qui ne sont au fond que des réactions inhérentes à des individus matériels, mais qui servent au maintien ou au rétablissement des droits de l'humanité.

Un peuple sage et éclairé devroit commencer par se faire un vocabulaire, où les mots principaux de la politique et qui servent de bases à toutes les discussions fussent expliqués d'une maniere claire, exacte et précise; faute d'avoir déterminé le sens des mots, tel parle sans s'entendre ; à la place de ces mots illusoires si chers au périodiste mettez des poids matériels; suivez l'autorité souveraine de la nature qui veut que tout se balance ou se combatte. Pesez en gros, et laissez aux hommes, amis du repos et du bonheur, à faire le reste; car les hommes Tome I.

image et ressemblance, étoit-ce pour le soumettre à des tyrans? Nos tyrans avoient nagueres des soldats pour pomper notre or et notre vie; nous sommes redevenus soldats pour repomper notre vie et notre or; c'étoitlà cependant tout le secret voyez comme ces idées simples sont obscurcies par les publicistes charlatans sous un amas de mots obscurs! Ils évitent à dessein la vue des poids matériels qui constituent la politique des nations que le citoyen sache être soldat, n'importe en quel pays, et toute tyrannie disparoft; car, c'est avec des soldats, avec ces marionnettes meurtrieres , que les tyrans ont osé se moquer des hommes ; mais un citoyen armé vaut dix stipendiaires ; et quand la ligue des arts, de cette multitude innombrable de différens arts travaillera pour la liberté publique, que feront tous les despotismes? Puisqu'il ne faut que savoir manier un fusil pour faire honorer l'homme nions tous un fusil; puisque c'est avec cet instrument que notre intelligence, notre raison, notre génie, toutes les facultés de notre corps et de notre ame enfin ne sont plus captives, prenons tous le tube creux. Ainsi l'homme a sous les yeux l'action et la

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réaction de la société humaine; il n'a pas besoin de logogriphes politiques pour connoître ses vrais intérêts; il sent sa tête, il sent son bras, il sait frapper au but quand il le faut; il sait sur-tout qu'il n'est pas fait pour être assujetti: au contraire, les ouvrages multipliés de l'esprit humain attestent qu'il est né pour la liberté civile et politique quand il n'égarera plus sa force et son intelligence dans des arts trompeurs, et c'est ce que lui recommandoit si fortement Rousseau; il répétoit sans cesse : l'homme est à la fois créateur, inventeur, constructeur, réformateur; mais ce dernier titre est le plus beau de tous, en ce qu'il annonce un plus haut degré d'intelligence.

Quand, d'après cette faculté, l'homme frappé un coup régénérateur, il ne trouvera pas tout de suite la perfection, mais il diminuera incontestablement la somme de ses maux; toute réformation est un acheminement vers un état plus heureux. Méditez bien tous les écrits de Rousseau: il dit sars cesse à l'homme; use de ton plus beau privilege, sois réformateur.

L'esprit de réforme ne marche jamais sans l'esprit de liberté ; mais ce sont les philoso

phes qui ont enseigné à l'homme la liberté, soi en peignant ses charmes et ses avantages, soit en marquant la distance qu'il y a entre unêtre libre et un esclave; les philosophes n'avoient qu'à développer un sentiment caché dans tous les cœurs; l'histoire est pleine des prodiges qu'a enfantés l'amour de la liberté. Mais les méchans rois et les mauvais minis◄ tres ne lisent point.

On n'a jamais subjugué un peuple éclairé; il réagit lorsqu'on croit qu'il sommeille; c'est qu'une nation éclairée est un vaste réservoir de force et de puissance qui s'épanche au besoin et met en œuvre tous les moyens qu'il renferme; ce peuple parcourt avec autant de facilité que de rapidité l'ordre possible; il entraîne dans son cours tout ce qui lui résiste; son intelligence semble se fortifier et s'étendre à mesure qu'elle se met en exercice (1).

(1) Le fameux 14 juillet, il n'y avoit à Paris ni roi, ni parlement, ni échevins, ni pouvoir législatif quelconque, mais il y eut un gouvernement; l'ordre fut partout établi, la prudence enchaîna la fureur; le ministere le plus éclairé n'auroit jamais su sauver Paris du poids d'une armée étrangere, comme Paris a su se sauver lui

Que l'homme est grand quand il se dit à lui-même je mourrai ou je ne serai sou: mis qu'aux loix ! De quoi serviroit-il à l'homme d'avoir obtenu sur la terre le plus beau domaine, d'y exécuter tant d'ouvrages surprenans, d'y manifester sans cesse tant de souplesse de génie, s'il restoit dans l'ab

même du perfide ministere et de la cour; celui-là fut magistrat qui fut citoyen, celui-là commanda qui sut commander; la plus grande sottise des anciens administrateurs, c'étoit d'imaginer l'anarchie dès qu'ils retireroient la main. Tout citoyen est un administrateur dès que le péril commence; quelques bases superstitieusement respectées peuvent être brisées tout-à-coup sans que l'ordre social s'en ressente trop: la société humaine est indestructible, et c'est elle qui compose et recompose le gouvernement, et sous toutes les formes possibles; clle n'obéit point aux termes pédantesques des publicistes; elle n'établit point des cases chimériques; elle fait tout-à-coup des loix de police les plus nécessaires, les plus indispensables de toutes; et quand celles-ci sont faites, les loix politiques s'arrangent toujours d'après les circonstances; celles-ci font les superbes et les hautaines, mais elles ont toujours leur racine dans les loix de police, qui peuvent braver toutes les autres ou même s'en passer; les loix politiques servent tout au plus un peuple une ou deux fois dans un siecle, et rien de plus aisé que leur fabrique.

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