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Je suis tout enroué, les loups m'ont vu les premiers.» Les oiseaux se taisent à la vue d'un faucon. Cette expression de Théocrite: Vous ne pourrez parler, vous avez vu Lycus, a beaucoup contribué à répandre ce préjugé. Ce Lycus était le rival d'un autre berger, et ce berger, à la vue de Lycus, était resté muet. Or, le mot grec Lycus signifiant aussi un loup, au lieu de s'en tenir au nom propre d'un berger, ce qui était plus naturel, par Lycus on a entendu un loup, équivoque trompeuse, et qui a fait croire aux Romains, amateurs du merveilleux, que leurs fondateurs avaient été allaités par une louve, parce que leur nourrice s'appelait Lupa. La fable d'Europe enlevée par un taureau n'a d'autre fondement qu'une équivoque semblable; elle traversa la mer dans un vaisseau qui portait le nom de Taurus, ou dont le pilote s'appelait ainsi. Le proverbe grec correspond à ce proverbe français, si usité dans la conversation, quand on parle du loup on en voit la queue; c'est-àdire, la personne dont on s'entretenait, arrive.

52. Omnia sub unam Myconon congero. J'entasse tout dans Mycone, en parlant d'un homme qui brouille et entasse tout dans un même sujet. La fable a fait de l'île de Mycone le tombeau des centaures qui furent tués par Hercule. Quelques mythologues, confondant les géans de la fable avec les centaures, ont donné lieu à cette expression toute proverbiale.

53. Isthmum perfodere. L'expression de percer un isthme était passée en proverbe chez les anciens, pour marquer une entreprise vaine et une

peine perdue. Il s'agissait particulièrement de l'isthme de Corinthe, qui sépare le Péloponèse de la Grèce, comme un col étroit de la largeur d'environ un mille et un quart, ce qui a donné lieu au proverbe. Périandre fut le premier qui entreprit de le couper, au rapport de Laerce. Ensuite, le roi Démétrius Polyorcète, Jules César, les empereurs Caligula et Néron formèrent le même dessein; mais toutes ces tentatives furent vaines, comme l'attestent Pline et d'autres auteurs anciens cités par le savant Ménage dans ses notes sur Laerce, et le père Hardouin, dans ses notes sur Pline. Lucien tourne également en ridicule l'entreprise que Néron avait formée pour couper cet isthme.

54. Ab ovo usque ad mala. Depuis les œufs jusqu'aux fruits. A Rome, on commençait les repas par les œufs et on les finissait par les fruits. Horace s'est servi de cette expression proverbiale, et Cicéron en fait usage dans une épître à Pœtus, integram famem ad ovum affero. J'apporte un grand appétit au commencement du repas, ce qui prouve que cette expression, fondée sur un usage commun, était très-familière aux Romains.

55. Ciceris jus capere. Prendre du jus de pois chiche. C'était à Rome un quolibet d'ivrogne, comme chaque pays en a de particuliers pour exprimer qu'on veut boire ou qu'on a bu. Il y a même un ancien proverbe français qui appelle cela prendre de la purée d'octobre ou de raisin. Pétrone s'est servi de cette expression dans le même sens dans le festin de Trimalcion. Un des convives dit: Sum naturâ caldus, ciceris jus cum cepi matrem

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meam dupondii non facio. J'ai naturellement la tête chaude, et quand j'ai pris de ma purée, je ne fais pas plus de cas de ma mère que de quatre deniers. 56. Incuboni pileum rapere. Enlever le chapeau à un lutin. Le peuple de Rome croyait que les trésors cachés dans la terre étaient gardés par des lutins. Dans le prologue de l'Aulularia, de Plaute, un de ces lutins dit, qu'il garde depuis long-temps dans la maison un trésor caché, qui lui avait été confié par l'aïeul du maître. On ajoutait que, si l'on pouvait prendre le chapeau d'un de ces lutins, on le forçait de découvrir ce trésor. Virgile, dans le second livre de ses Géorgiques, fait allusion à cette croyance superstitieuse

Condit opes alius, defossoque incubat auro.

« Cet autre amasse de grands trésors qu'il cache en terre. » Cet avare se couche sur son or comme les incubes sur la belle moitié du genre humain.

57. Cæsaris anticatones. On appelait ainsi deux dialogues satyriques de César contre Caton. Ces mots, devenus proverbe à Rome, couvraient une image obscène, et avaient rapport à l'action sacrilége de Clodius qui, ayant pénétré, déguisé en femine, dans la maison de César, porta atteinte à l'honneur de Pompéia, et profana les my stères de la bonne déesse qu'on y célébrait, et auxquels il n'était permis à aucun homme d'assister. Clodius était de ceux qu'on appelait à Rome bene mentulati. On faisait allusion aux organes de la génération dont Clodius était amplement pourvu; on les

comparait au volume des deux anticatons de César qui, suivant l'usage du temps, formaient un cylindre d'une assez forte dimension. Il faut savoir, pour l'intelligence de ce fait historique, qu'on écrivait alors la plupart des livres sur des feuilles d'une espèce de papier fait avec les pellicules tirées de la tige d'une plante appelée papyrus, ou sur du parchemin appelé charta Pergamena, parce que c'était à Pergame qu'on avait inventé l'art de préparer des peaux d'animaux pour écrire dessus. On assemblait ces feuilles en les collant bout à bout; on en faisait ensuite un rouleau couvert de peau ou d'une étoffe de soie pour le conserver. Ce rouleau se fermait avec des courroies ou des attaches de soie qui tenaient à la couverture au dos de laquelle ou à un des bouts était écrit le titre du livre, ou le commencement de l'ouvrage, qui servait de titre. Cette façon de rouler les livres leur fit donner le nom de volume, qui est resté à nos livres, quoique la forme soit bien différente.

58. Equum Mars amat. Mars aime les chevaux. Ce proverbe signifie que chacun a ses inclinations. Les uns aiment les chevaux, les autres les femmes ; celui-ci aime le jeu, celui-là la bouteille. Il présente le même sens que cette pensée de Virgile : Trahit sua quemque voluptas.

Tout suit de son penchant l'impérieux attrait.

59. Vervex in patria. C'était chez les Latins une espèce de quolibet d'ironie que d'appeler quelqu'un vervex, verveceus, mouton, pour désigner un homme stupide fort aisé à tromper, comme nous

disons en français un homme à tondre, un mouton. Les Grecs disaient dans le même sens que lorsque nous traitons quelqu'un de morveux ou de pécore, χριομνίων, Xploμ, morveux comme un mouton. Juvénal emploie cette expression dans sa dixième satire :

Vervecum in patriâ, crassoque sub aere nasci.

Hermippe, dans une de ses comédies, se sert à peu près de la même pensée :

Loquelam habere pecudis et faciem mihi

Videris.

• Vous me paraissez avoir la mine et le langage d'un mouton. » Sénèque dit que quelqu'un s'était fâché de ce qu'on l'avait appelé grosse pécore, quod illum aliquis vervecem maximum dixerat.

60. Homo homini lupus. C'est ce qu'on peut dire en général de tous les hommes, loups envers leurs pareils. Au lieu de s'entr'aider, ils ne cherchent qu'à se supplanter, qu'à se détruire les uns les autres. Cette pensée proverbiale regarde spécialement les savans, gens très-irrascibles, qui pour l'ordinaire ne sont pas fort officieux les uns envers les autres. Cependant, les bêtes de même espèce ne se battent pas entre elles.

Voit-on les loups brigands, comme nous inhumains,
Pour détrousser les loups, courir les grands chemins?

(BOILEAU.)

Parcit cognatis maculis similis fera, a dit Juvénal, sat. XV, dont Boileau a imité tout le passage.

61. Usque ab unguiculo ad capillum summum. Depuis le petit bout des ongles jusqu'au bout des

T. I.

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