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CHAPITRE IX.

FÊTES DONNÉES AU ROI LOUIS XV A VILLERS

COTTERETS ET A CHANTILLY.

Nos Princes, dans les circonstances du bonheur de la nation, signalent souvent, par leur magnificence, leur amour pour la Maison auguste dont ils ont la gloire de descendre, et se plaisent à faire éclater leur zèle aux yeux du peuple heureux qu'elle gouverne.

C'est cet esprit, dont tous les Bourbons sont animés, qui produisit, lors du Sacre du Roi Louis XV, ces fêtes éclatantes données à Villers-Cotterets par le duc d'Orléans, Régent du royaume, et à Chantilly par le duc de Bourbon, dont l'idée, l'exécution et le succès furent le chef-d'œuvre du zèle et du génie. On lira sans doute avec plaisir l'analyse que nous en avons faite d'après les mémoires du temps.

Le Roi, après son Sacre, partit de Soissons le 2 novembre 1722, à dix heures du matin, et arriva à Villers - Cotterets sur les trois heures et demie, par la grande avenue de Soissons. On l'avait ornée, dans tous les intervalles des arbres, de torchères de feuillée, portant des pots à feu. L'avenue de Paris, qui se joint à celle-ci dans le même alignement, faisant ensemble une étendue de près d'une lieue, était décorée de la même manière.

Après que Sa Majesté se fut reposée un peu de

temps, Elle parut sur le balcon qui donne

sur l'avant-cour du château. Cette avant-cour très-vaste, était occupée par des danseurs de corde, des sauteurs, des courses de bagues, des groupes de musiciens.

Quand le Roi fut sur son balcon, ayant auprès de sa personne une partie de sa Cour, l'arrivée de Sa Majesté fut célébrée par l'harmonie bruyante de toute la symphonie, placée sur les amphithéâtres, et composée des instrumens les plus champêtres et les plus éclatans. On comptait plus de quarante cors-de-chasse.

Les tourniquets à courir la bague, occupés

par des dames supposées des

campagnes et des châteaux voisins, et par des cavaliers du même ordre, divertirent d'abord le Roi.

Les danseurs de corde commencèrent ensuite leurs exercices, au son des violons et des hautbois. La joie règnait dans toute l'assemblée, et les sauteurs l'excitaient encore par leur souplesse et par les mouvemens variés de la plus surprenante agilité.

Après ce divertissement, le Roi voulut voir courir la bague de plus près : alors les tourniquets furent remplis de jeunes Princes et Seigneurs, qui briguèrent l'emploi d'amuser Sa Majesté. Après avoir été témoin de leur adresse, le Roi remonta et se mit au jeu. Dès que la partie du Roi fut finie, les comédiens Italiens donnèrent un impromptu comique, composé des plus plaisantes scènes de leur théâtre, et qui réjouirent fort Sa Majesté.

Tous les gens de goût sont d'accord sur la beauté de l'ordonnance du parc et des jardins de Villers-Cotterets le parterre, la grande

allée du parc, et les deux autres allées qui sont à droite et à gauche du château, furent illu

minés par une quantité prodigieuse de à pots feu. Tous les compartimens, dessinés par les lumières, ne laissaient rien échapper de leurs agrémens particuliers.

Sa Majesté descendit pour voir de plus près l'effet de cette magnifique illumination. Toutd'un-coup l'attention générale fut interrompue par le son des haut-bois et des musettes : les yeux se portèrent aussitôt où les oreilles avertissaient qu'il se présentait un plaisir nouveau. On aperçut au fond du parterre, à la clarté de cent flambeaux, portés par des faunes et satyres, une noce de village, qui s'avançait en dansant vers la terrasse, sur laquelle se trouvait le Roi. La noce rustique était composée de danseurs et des danseuses de l'Opéra. Ce petit ballet fut suivi du souper du Roi et de son coucher.

Le lendemain, une triple salve de l'artillerie et des boîtes annonça le lever de Sa Majesté. Après la messe, Elle descendit pour se rendre

à l'amphithéâtre qui avait été dressé dans le parc, où Sa Majesté prit le plaisir d'une chasse de sanglier dans les toiles. Après son dîner, le Roi monta en calèche; les Princes, toute la Cour, le suivirent à cheval, et le cerf fut chassé pendant plus de deux heures.

Sur les cinq heures, le Roi revint dans son appartement, et changea d'habit pour aller à la foire, qui était établie dans la cour intérieure du château. On y voyait des joueurs de gobelets, des spectacles ambulans, plusieurs rangs de boutiques, garnies d'une infinité d'objets rares et précieux. Sa Majesté fit plusieurs tours dans la foire, pour jouir des divers tours et propos dont les marchands et les marchandes se servent à Paris pour attirer les chalans dans leurs boutiques. Lorsque le Roi se fut amusé à considérer tous ces jeux, le Duc lui présenta un livret, contenant six cents feuillets, sur chacun desquels on avait inscrit le numéro d'une boutique et un lot. Le Roi distribua au hasard les six cents feuillets aux Seigneurs de sa cour, et chacun d'eux allait toucher le lot

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