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puisque l'ordre de la succession au trône est réglé par la loi Salique ; cette loi que les Francs ont empruntée des Germains, cette loi chère à Clovis, et qui n'a jamais souffert d'altération lorsqu'il s'est agi du droit à succéder au trône de France. Aussi nul intervalle entre le règne du Monarque défunt et celui de son successeur : nul besoin d'un acte public qui le proclame; la naissance fait seule le droit : la loi Salique est impérieuse sur ce point.

Quoique nous reconnaissions les droits des Monarques indépendans de toute cérémonie, et attachés à la seule loi de leur naissance, il semble néanmoins, d'après l'usage constant où ils sont de se faire sacrer, qu'il manque quelque chose à leur majesté, si l'on ose parler ainsi, tant qu'ils n'ont pas reçu l'Onction royale, ne fût-ce que pour leur assurer la protection du Seigneur dont l'Onction qu'ils reçoivent est le gage. Et en effet, n'est-elle pas une impression sacrée du doigt de Dieu sur le front du prince?

On

peut

d'ailleurs regarder le Sacre comme

une ratification publique de leurs droits, une confirmation du premier acte qui les a mis en possession du trône, une espèce d'alliance spirituelle entre eux et leurs sujets. Enfin cette Onction sacrée semble les dévouer plus particulièrement aux soins de l'État, puisque c'est au pied des autels que le Souverain promet, sous la foi du serment, de veiller au bonheur de ses sujets, et de gouverner selon les lois essentielles de la justice.

CHAPITRE III.

DE LA SAINTE-AMPoule (1).

Le chapitre précédent nous conduit naturellement à parler de la Sainte-Ampoule, qui renferme l'huile dont on se sert pour sacrer les Rois de France.

C'est une fiole de cristal, dont le col paraît transparent et blanchâtre, parce qu'il est vide; le reste est peu transparent, et d'un rougebrun. Le diamètre du bas de cette fiole est en

(1) Ampoule vient du mot latin Ampulla, qui signifie un vase à col long et étroit. Ces vases étaient en usage chez les Romains, et surtout dans les bains, où ils étaient remplis de l'huile dont on se frottait au sortir de l'eau.

Les Chrétiens se sont aussi servis d'Ampoules : et les vases qui contenaient le Saint-Chrême, le vin des sacrifices et l'huile dont on oignait les catéchumènes et les malades, s'appelaient Ampoules.

viron d'un pouce, ou un peu plus, et la hauteur de la fiole, le col compris, est environ de deux pouces. La matière qu'elle contient n'est plus une liqueur, c'est une espèce de cotignac desséché et condensé sur les parois du vase. Nous avons dit plus haut qu'on en tire, au besoin, quelque parcelle avec une petite aiguille ou spatule d'or, et que cette parcelle communique une couleur rougeâtre au Saint-Chrême, dans lequel on le délaie au Sacre de nos Rois.

Selon une tradition fort ancienne, elle fut apportée du ciel par un Ange, sous la figure d'une Colombe, pour le baptême de Clovis, l'an 496, après la bataille de Tolpiac. Le premier auteur qui fasse mention de ce fait, est Hincmar, Archevêque de Reims, qui vivait près de trois cents ans après Clovis, en 845. Il nous apprend, dans la vie de Saint Remi, qu'un homme de condition, en danger de mort, fit prier Saint Remi, qui faisait alors la visite de son diocèse, de venir lui administrer le baptême. Le prélat s'y rendit avec empressement; et les vaisseaux où l'on mettait l'huile

.

des catéchumènes et le Saint-Chrème s'étant trouvés vides, il se mit en prières, et les vaisseaux se trouvèrent remplis par la bénédiction de Dieu. Cette opinion est partagée par l'abbé Pluche, principal du collége de Laon, qui a écrit sur ce sujet, le 3 février 1719, une lettre fort sage, que nous avons maintenant sous les

yeux.

Un des historiens venus depuis Hincmar, raconte dans la vie de Saint Remi, qu'au Sacre de Clovis, le diacre qui portait le SaintChrême ne put traverser la foule, et qu'une Colombe parut tout-à-coup et apporta une fiole pleine de Chrême au prélat qui en répandit sur l'eau destinée au baptême, et s'en servit ensuite pour sacrer le Roi.

Cependant aucun auteur contemporain ne parle de cette origine miraculeuse. Grégoire de Tours, qui nous a transmis les détails du baptême et du Sacre de Clovis ; Alcime Avite, dans sa lettre où il félicite Clovis sur son baptême; Fortunat, dans sa vie de Saint Remi; Frédégaire, autre écrivain du temps; Saint Remi lui-même, dans

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