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« Un soir qu'ils étoient assemblés, les portes fermées, <«< à cause de la crainte qu'ils avoient des Juifs, Jésus vint, << et, se tenant debout au milieu d'eux, il leur dit: La paix << soit avec vous ! Ensuite il leur montra ses mains et son « côté 1. Troublés et effrayés, ils croyaient voir un esprit. « Et Jésus leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pour«< quoi ces pensées montent-elles dans votre cœur? Voyez « mes mains et mes pieds, et reconnoissez que c'est moi« même touchez, et voyez ; un esprit n'a ni chair ni os, «< comme vous voyez que j'en ai ; et en disant cela, il leur « montra ses pieds et ses mains. Mais comme ils ne « croyoient point encore, et qu'ils demeuroient dans l'é« tonnement à cause de leur joie, il leur dit: Avez-vous «ici quelque chose à manger? Ils lui offrirent un mor«< ceau de poisson grillé, et un rayon de miel. Et après «< qu'il eut mangé devant eux, prenant ce qui restoit il le «<leur donna. Et il leur dit: Ceci est ce que je vous avois « dit, lorsque j'étois encore avec vous, qu'il falloit que <<< tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, et dans «<les Prophètes, et dans les Psaumes, s'accomplit. Alors <«< il leur ouvrit l'intelligence, pour qu'ils entendissent les « Écritures. Et il leur dit: Il est ainsi écrit, et c'est ainsi «que le Christ devoit souffrir, et ressusciter d'entre les « morts le troisième jour, et que la pénitence et la rémis«sion des péchés doit être prêchée en son nom à tous les << peuples, en commençant par Jérusalem. Pour vous, « vous êtes les témoins de ces choses et voilà que je << vous envoie celui que mon Père vous a promis; demeu «< rez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de « la vertu d'en haut2. >>

Un autre Évangéliste ajoute qu'il leur reprocha leur in

1 Joann., xx, 19, 20.

2 Luc., XXIV, 37 et seqq.

crédulité et leur dureté de cœur, parce qu'ils n'avoient pas voulu croire ceux qui l'avoient vu ressuscité1. Thomas, « appelé Didyme, étoit absent lorsqu'il leur apparut. Ceux« ci lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il <«<leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des «< clous, et si je ne mets mon doigt dans l'ouverture des «< clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. <«< Huit jours après, les disciples étant dans le même lieu, <«<et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes fermées, et « se tenant debout au milieu d'eux, il dit : La paix soit « avec vous ! Il dit ensuite à Thomas: Portez ici votre « doigt, et voyez mes mains; approchez votre main, et la << mettez dans mon côté, et ne soyez pas incrédule, mais « fidèle. Thomas répondit, et lui dit: Mon Seigneur et « mon Dieu! Jésus lui dit: Parce que vous m'avez vu, << Thomas, vous avez cru: heureux ceux qui n'ont point «vu, et qui ont cru2. >>

Les Écrivains sacrés rapportent plusieurs autres apparitions de Jésus. Saint Paul nous apprend qu'il se montra à plus de cinq cents personnes à la fois. Pendant quarante jours il prépare la naissance de son Église. Il instruit les Apôtres, il leur donne ses ordres, il leur confie son pouvoir, il leur promet l'Esprit-Saint; il leur annonce que, fortifiés par sa vertu, ils lui rendront témoignage dans Jérusalem, et dans toute la Judée, et dans Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. Après quoi il s'élève dans les cieux, et une nuée le dérobe à leurs regards *.

Depuis ce moment les Apôtres paroissent des hommes nouveaux. Plus de doute, plus d'hésitation, mais une foi

1 Marc., xvi, 14.

2 Joann., xx, 25, et seqq.

51 ad Corinth., xv, 6.

Act., 1, 8 et 9.

vive et inébranlable; plus de timidité, mais un courage que rien ne lassera, que rien ne vaincra, ni les outrages, ni les menaces, ni les chaînes, ni les tortures, ni la mort. Ils s'en iront annonçant la résurrection de Jésus à tous les peuples de la terre, et tous les peuples de la terre les croiront, parce que leur témoignage sera confirmé par des miracles et scellé de leur sang.

Qu'on nous montre un témoignage moins suspect, plus imposant que celui que Dieu même ratifie par les prodiges que les témoins opèrent en son nom? Si Jésus-Christ n'est pas réellement ressuscité, si la foi des chrétiens est une erreur, qu'on accuse donc de cette erreur non les hommes mais Dieu, qui a déployé sa puissance pour tromper le monde.

Mais quand les Apôtres n'auroient pas été manifestement les dépositaires d'un pouvoir divin, ils ne laisseroient pas d'être encore des témoins irrécusables.

On ne peut pas douter qu'ils n'aient eu unc extrême difficulté à croire à la résurrection de Jésus-Christ. Il fallut, pour les en convaincre, qu'ils la vérifiassent par leurs sens, qu'ils vissent, qu'ils entendissent, qu'ils touchassent le Sauveur. Donc ce n'étoient pas des enthousiastes.

On ne peut pas douter de la fermeté ni de la sincérité de leur croyance, après qu'ils eurent vu, entendu, touché Jésus-Christ vainqueur du tombeau, puisqu'ils moururent tous pour rendre témoignage à la vérité de sa résurrection. Donc ce n'étoient pas des imposteurs.

Or qu'on demande à tout le genre humain, si douze témoins, parlons avec saint Paul, si plus de cinq cents témoins qu'on ne sauroit soupçonner ni d'enthousiasme, ni d'imposture, sont croyables lorsqu'ils attestent qu'ils ont vu, entendu, touché, en un mot, reconnu par tous leurs sens, après un examen attentif et répété pendant quarante jours, un homme avec lequel ils avoient vécu

plusieurs années familièrement? Qu'on demande s'il est possible que ces témoins se soient trompés en prenant soit un fantôme pour un être réel, soit un autre homme pour celui avec lequel ils s'imaginoient converser, et qui dans ses pieds et ses mains percés, dans son côté ouvert, offroit encore une marque impossible à imiter, impossible à méconnoître, de l'identité que ces témoins affirment? Certes le genre humain répondra qu'il faut nécessairement ou croire ces témoins, ou rejeter toute espèce de témoignage.

Donc, si l'on ne veut pas, en renversant le témoignage, renverser la base de toute certitude, on est obligé de reconnoître que Jésus-Christ est ressuscité, et qu'il n'existe point de fait plus certain.

Mais si Jésus-Christ est ressuscité, comme l'avoient prédit les prophètes et comme il l'avoit prédit lui-même; donc il est le vrai Messie, le Libérateur attendu par tous les peuples; donc le christianisme est divin.

Et si Jésus-Christ est le vrai Messie, le Désiré des nations, il est donc tout ce que les nations avoient appris qu'il devoit être, tout ce que les Prophètes avoient dit qu'il seroit, le véritable Fils de Dieu, engendré avant l'aurore, sa Parole, sa Sagesse, son Verbe; il est donc Dieu, Jehovah, ainsi que l'appellent les Prophètes, en même temps qu'ils le représentent comme un de nos frères, comme un homme semblable à nous; et le mystère de l'Homme Dieu, qui est le fondement de notre foi, comme il fut toujours le fondement de la foi des justes dans le monde entier, s'est manifestement accompli en lui.

Qui nieroit soit ces conséquences, soit les faits dont elles se déduisent, nieroit la raison humaine. Donc, autant il est certain qu'il existe une raison humaine, raison ùne, perpétuelle, universelle, autant il est certain que le christianisme est vrai. Et après cela qu'on dispute, qu'on sub

tilise, qu'on doute, qu'on nie, qu'importe à la Religion, qui n'en demeure pas moins immuablement ce qu'elle est? Qu'importe à Dieu qui atteint inévitablement par sa justice, les créatures insensées qui fuient sa miséricorde? Il n'a voulu forcer ni leur foi ni leurs hommages. En inondant l'univers de splendeur, il ne contraint pas l'homme à jouir de ses bienfaits. Quelque brillante que soit la lumière, elle ne peut l'éclairer malgré lui. Au milieu de son éclat le plus vif, il est libre de s'y dérober. Pour trouver les ténèbres, il suffit qu'il abaisse sa paupière.

Čependant il est peu d'incrédules qui parviennent à se séparer totalement de la vérité. Il y a des moments où elle les subjugue, et on les voit alors, par un mouvement involontaire, se prosterner devant elle. Dans le temps même où ils lui résistent, mille aveux leur échappent, qui sont tout ensemble et l'apologie des doctrines qu'ils attaquent, et la condamnation de celles qu'ils défendent; car l'esprit, ne vivant que de la vérité, ne sauroit la combattre à la fois tout entière, et c'est toujours à l'aide du vrai qu'on s'efforce de soutenir le faux. De là les innombrables contradictions qui remplissent les livres des incrédules, de là les concessions forcées qu'ils font au christianisme; de sorte qu'on n'a besoin que de leurs propres paroles pour établir clairement sa divinité, comme nous l'allons montrer par l'exemple de Rousseau.

« Lorsque Dieu, dit-il, donne aux hommes une révélation « que tous sont obligés de croire, il faut qu'il l'établisse sur « des preuves bonnes pour tous, et qui par conséquent << soient aussi diverses que les manières de voir de ceux << qui doivent les adopter 1. »

De ce que les preuves de la révélation doivent être bon

1 Lettres écrites de la Montagne, p. 85, 86.

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