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Nous avons vu ce qu'il a fait pour justifier l'homme, pour réparer la nature dégradée. Mais sa mission n'est pas épuisée par ces immenses bienfaits : il devoit encore fonder son Église contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront point1; et cette société divine devoit à son tour servir de modèle, et communiquer sa force et sa vie aux sociétés purement humaines qui s'établiroient parmi les chrétiens. Jésus-Christ est roi, il l'a dit lui-même, et son royaume est dans ce monde, quoiqu'il ne soit pas du mondes, parce que tout ce qui est du monde est convoitise de la chair, et convoitise des yeux, et orgueil de la vie. A l'empire du monde, qui appartient à l'esprit mauvais, il a opposé un autre empire, qui est l'éternelle cité de Dieu. Moïse avoit annoncé qu'il seroit législateur comme lui; mais la loi mosaïque, particulière au peuple juif, n'étoit que la figure de la loi universelle du Messie, loi parfaite qui règle tout l'homme, ses pensées, ses sentiments, ses actions, et qu'une autorité également parfaite conserve et promulgue perpétuellement. Le pouvoir qu'il avoit reçude son père, il le transmit à ses Apôtres, et principalement au premier d'entre eux, pour enseigner les nations",

1 Porta inferi non prævalebunt adversùs cam. Matth., xxi, 18. 2 Dixit ei Pilatus Ergo rex es tu? Respondit Jesus: Tu dicis, quia rex sum ego. Joann., xviii, 37.

5 Non ait, Regnum meum non est in hoc mundo; sed non est de hoc mundo. Et cùm hoc probaret dicens: Si ex hoc mundo esset regnum meum, ministri mei utique decertarent, ut non traderer Judæis : non ait, Nunc autem regnum meum non est hic; sed non est hinc.' Hic est enim regnum ejus usque in finem sæculi. S. August., in Joann. Evangel. Tract. cxv, n. 2. Oper., part. II, t. III, col. 792. 4 Joann., 1, Ep. 11, 16.

* Mundus totus in maligno positus est. Ibid., v, 19.

Erat docens cos sicut potestatem habens, et non sicut scribæ eorum et pharisæi. Matth., vii, 29. Et stupebant in doctrinâ ejus, quia in potestate erat sermo ipsius. Luc., IV, 32. Hæc loquere, et exhortare, et argue cum omni imperio. Ep. ad Tit., п, 15.

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pour les unir dans la même foi, dans le même amour, et pour conduire en son nom tous ceux qui croiroient en lui, promettant d'être, jusqu'à la fin des siècles', avec les pasteurs qu'il chargeoit de continuer sa mission 2. C'est lui qui parle, qui instruit, qui commande par leur bouche; et, sous l'autorité souveraine du chef qui, dans la plénitude de sa puissance, représente l'immortelle royauté du Christ, sa loi prêchée en tous lieux multiplie les fruits de la Rédemption, en propageant sur la terre le règne de l'ordre et de la vérité.

Unis ainsi dans une société dont la durée sera éternelle, et où l'enseignement de Jésus-Christ se perpétue sans altération, les hommes remontent par l'obéissance à l'état de perfection dont ils étoient déchus. La foi élève leur raison à une hauteur infinie, puisqu'elle leur donne de Dieu la mème idée qu'il a de lui-même : et en l'aimant d'un amour sans bornes 5, leur cœur se purifie et devient digne de le posséder.

Mais Jésus-Christ n'est pas seulement législateur et roi, il est encore pontife; et comme pontife il achève de sanctifier par un culte parfait la société qu'il a établie. Le sacrifice qui a sauvé le monde, se renouvelle sur l'autel d'une manière non sanglante, et manifeste perpétuellement la sainteté de Dieu, sa justice et sa miséricorde. Toujours vivant pour intercéder en notre faveur, le souverain Prêtre selon l'ordre de Melchisedech, s'offre pour nous à son Père, et nous offre avec lui. Sa grâce, en aidant notre vo

1 Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terrâ. Euntes ergo docete omnes gentes..... Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi. Matth., xxvi, 18, 19, 20.

2 Sicut misit me Pater, et ego mitto vos. Joann., xx, 21. 5 Modus amandi Deum, sine modo amare. S. Bernard.

4 Ep. ad Hebr., vii, 25; et vi, 20.

lonté, en l'inclinant au bien comme la nature corrompue l'incline au mal, nous rend véritablement libres d'obéir à ses préceptes, et de concourir ainsi à notre régénération. Il fait descendre en nous l'Esprit sanctificateur, qui nous éclaire intérieurement, nous fortifie, nous console; et de· même que, dans l'ordre général, la vérité nous est donnée, et le Verbe, qui est notre lumière, s'unit à nous par un moyen extérieur et sensible, ou par la parole, la grâce aussi nous est donnée, et l'Esprit saint, qui est notre amour', s'unit à nous par un moyen extérieur et sensible, on par les sacrements. « Il vient au secours de notre foi<«<blesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais « l'Esprit lui-même demande pour nous avec des gémisse<«ments ineffables. Et celui qui scrute les cœurs sait ce «que demande l'Esprit, parce qu'il demande, selon Dieu « pour les saints. » En priant pour nous, il nous apprend ȧ prier, à adorer; et nos adorations, nos prières, ne forment avec celles de l'Église qu'une même prière, une même adoration, qui reçoit de Jésus-Christ tout son prix. « C'est par lui que nous avons accès près du Père, que << nous devenons ses serviteurs et les concitoyens des élus: « c'est par lui et en lui que la société qu'il a fondée, « croît en un temple saint consacré au Seigneur*. » Pré

1 Charitas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum sanctum qui datus est nobis. Ep. ad Rom., v, 5.

* Similiter autem et Spiritus adjuvat infirmitatem nostram, nam quid oremus, sicut oportet, nescimus: sed ipse Spiritus postulat pro nobis gemitibus inenarrabilibus. Qui autem scrutatur corda, sit quid desideret Spiritus; quia secundum Deum postulat pro sanctis. Ibid., vIII 26, 27.

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Accepistis Spiritum adoptionis filiorum, in quo clamamus: Abba (Pater). Ibid., 15.

Per ipsum habemus accessum ambo in uno spiritu ad Patrem. Ergo jam non estis hospites, et advenæ ; sed estis cives sanctorum, et

sent au milieu de nous, présent en chacun de nous, par le sacrement de son corps et de son sang, il divinise notre culte, il donne à notre obéissance, à nos hommages, quelque chose d'infini; il est en nous, et nous sommes en lui, son sacrifice est notre sacrifice, ses mérites sont nos mėrites, et sa gloire aussi sera notre gloire, si nous persévé1ons jusqu'à la fin dans cette union qui fait de nous les héritiers de Dieu et les cohéritiers de son Fils2.

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Voilà ce que nous devons à Jésus-Christ, voilà comment il a, par sa mort, expié nos crimes, comment il répare notre nature par sa grâce, et nous rétablit dans l'héritage que nous avions perdu en Adam. A moins de renverser la base de la raison, il faut nécessairement le reconnoître pour notre Sauveur, et rien ne sera prouvé si sa mission ne l'est pas.

La chute originelle de l'homme dégradé fut toujours une croyance du genre humain donc la dégradation de l'homme est certaine.

Sa Redemption future par un Homme-Dieu a été pendant quatre mille ans un dogme du genre humain; donc il, est certain que cette Rédemption a dû s'effectuer.

Le christianisme est la seule religion qui nous apprenne que cette Rédemption s'est effectuée; donc le christia nisme est la seule vraie religion.

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Le christianisme nous enseigne que Jésus-Christ est le Rédempteur qu'attendoient toutes les nations donc il est certain que Jésus-Christ est réellement ce Rédempteur. Le christianisme d'accord avec les prophéties et la tra

Domestici Dei..... In quo tmnis ædificatio constructa crescit in templum sanctum in Domino. Ep. ad Ephes., 1, 18, 19, 21.

Qui perseveraverit usque in finem, hic salvus erit. Matth., x, 22. Hæredes quidem Dei, cohæredes autem Christi. Ep. ad Rom., VII, 17.

dition universelle, atteste que le Rédempteur est Dieu et homme tout ensemble; donc Jésus-Christ étoit véritablement homme et véritablement Dieu.

Et quand je viens à considérer sa vie, ses œuvres, sa doctrine, ce mélange si merveilleux de grandeur et de sim plicité, de douceur et de force, cette incompréhensible perfection qui ne se dément pas un moment, ni dans l'intime familiarité de la confiance, ni dans la solennité des instructions qu'il adressoit au peuple entier : ni dans l'allégresse du festin de Cana, ni dans les angoisses de Gethsemani; ni dans la gloire de son triomphe, ni dans l'ignominie de son supplice; ni sur le Thabor, au sein de la splendeur qui l'environne, ni sur le Calvaire où il expire abandonné des siens, délaissé de son Père, dans d'inexprimables souffrances, au milieu des cris de fureur et des railleries de ses ennemis quand je contemple ce grand. prodige que le monde n'a vu qu'une fois et qui a renouvelé le monde, je ne me demande pas si le Christ étoit Dieu, je serois tenté plutôt de me demander s'il étoit homme.

Que l'impie, au fond de ses ténèbres, renie, s'il veut, celui qui l'a racheté ; qu'il renonce à la vie, et qu'il s'adore lui-même ; pour nous, prosternés au pied de la croix, nous adorerons notre Libérateur, notre Roi, notre Pontife, notre Dieu; et, dans les transports de notre amour, nous répéterons sur la terre ce cri dont les anges remplissent le ciel : « L'agneau qui a été immolé est digne de rece« voir la vertu, la divinité, la force, la sagesse, et l'hon<«< neur, et la gloire, et la bénédiction. Saint, saint, saint, <«< est le Seigneur tout-puissant, qui étoit, et qui est, et qui << doit venir 1. >>

1 Et vidi, et audivi vocem angelorum multorum in circuitu throni... dicentium voce magnâ : Dignus est agnus, qui occisus est, accipere

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