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Elle court chez Ariste; et s'offrant à ses yeux :
Que me sert, lui dit-elle, Ariste, qu'en tous lieux
Tu signales pour moi ton zele et ton courage,
Si la Discorde impie à ta porte m'outrage?
Deux puissants ennemis, par elle envenimés,
Dans ces murs, autrefois si saints, si renommés,
A mes sacrés autels font un profane insulte,
Remplissent tout d'effroi, de trouble et de tumulte.
De leur crime à leurs yeux va-t'en peindre l'horreur:
Sauve moi, sauve-les de leur propre furenr.

Elle sort à ces mots. Le héros en priere
Demeure tout couvert de feux et de lumiere.
De la céleste fille il reconnoit l'éclat,

Et mande au même instant le chantre et le prélat.
Muse, c'est à ce coup que mon esprit timide
Dans sa course élevée a besoin qu'on le guide,
Pour chanter par quels soins, par quels nobles travaux,
Un mortel sut fléchir ces superbes rivaux.

Mais plutôt, toi qui fis ce merveillenx ouvrage,
Ariste, c'est à toi d'en instruire notre âge.
Seul tu peux révéler par quel art tout-puissant
Tu rendis tout-à-coup le chantre obéissant.
Tu sais par quel conseil rassemblant le chapitre
Lui-même, de sa main, reporta le pupitre ;
Et comment le prélat, de ses respects content,
Le fit du banc fatal enlever à l'instant.

Parle donc c'est à toi d'éclaircir ces merveilles.
Il me suffit pour moi d'avoir su, par mes veilles,
Jusqu'au sixieme chant pousser ma fiction,
Et fait d'un vain pupitre un second Ilion.
Finissons. Aussi-bien, quelque ardeur qui m'inspire,
Quand je songe au héros qui me reste à décrire,
Qu'il faut parler de toi, mon esprit éperdu
Demeure sans parole, interdit, confondu.`

Ariste, c'est ainsi qu'en ce sénat illustre

Où Thémis, par tes soins, reprend son premier lustre.

Quand, la premiere fois, un athlete nouveau
Vient combattre en champ clos aux joûtes du barreau,
Souvent sans y penser ton auguste présence
Troublant par trop d'éclat sa timide éloquence,
Le nouveau Cicéron, tremblant, décoloré,
Cherche en vain son discours sur sa langue égaré:
En vain, pour gagner temps, dans ses transes affreuses,
Traine d'un dernier mot les syllabes honteuses;
Il hésite, il bégaie; et le triste orateur

Demeure enfin muet aux yeux du spectateur (1).

(1) L'orateur demeurant muet, il n'y a plus d'auditeurs : il reste seulement des spectateurs..

FIN DU LUTRIN.

ODES,

ÉPIGRAMMES.

ET

POÉSIES DIVERSES.

DISCOURS SUR L'ODE.

L'ODE suivante a été composée à l'occasion de ces étranges dialogues (1) qui ont paru depuis quelque temps, où tous les plus grands écrivains de l'antiquité sont traités d'esprits médiocres, de gens à être mis en parallele avec les Chapelains et avec les Cotins, et où, voulant faire honneur à notre siecle, on l'a en quelque sorte diffamé, en faisant voir qu'il s'y trouve des hommes capables d'écrire des choses si peu sensées. Pindare y est des plus maltraités. Comme les beautés de ce poëte sont extrêmement renfermées dans sa lan= gne, l'auteur de ces dialogues, qui vraisemblablement ne sait point de grec, et qui n'a lu Pindare que dans des traductions latines assez défectueuses, a pris pour galimatias tout ce que la foiblesse de ses lumieres ne lui permettoit pas de comprendre. Il a sur-tout traité de ridicules ces endroits merveilleux où le poëte, pour marquer un esprit entièrement hors de soi, rompt quelquefois de dessein formé la suite de son discours; et afin de mieux entrer dans la raison, sort, s'il faut ainsi parler, de la raison même, évitant avec grand soin cet ordre méthodique et ces exactes liaisons de sens qui ôteroient l'ame à la poésie lyrique. Le cen

(1) Parallele des anciens et des modernes, en forme de dialogues.

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